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L’espacement entre dents requis pour un ameublissement complet du profil est donné dans le Tableau 2 (Godwin and Spoor, 2015). La forme de la dent n’a pas beaucoup d’importance. À titre d’exemple, les profondeurs requises pour une sous-soleuse standard avec soc étroit d’environ 7,5 cm (3 po) sont données dans le Tableau 3.
L’espacement entre dents requis pour un ameublissement complet du profil est donné dans le Tableau 2 (Godwin and Spoor, 2015). La forme de la dent n’a pas beaucoup d’importance. À titre d’exemple, les profondeurs requises pour une sous-soleuse standard avec soc étroit d’environ 7,5 cm (3 po) sont données dans le Tableau 3.


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'''Tableau 2.''' Espacements entre dents recommandés selon la profondeur de travail (Godwin and Spoor, 2015)
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! Configuration des dents
! Espacement entre dents requis pour un ameublissement complet du profil
|-
|'''Soc étroit (7,5 cm, 3 po)'''
|1,0 – 1,5 fois la profondeur de travail
|-
|'''Soc avec ailette (30 cm, 12 po)'''
|1,5 – 2,0 fois la profondeur de travail
|-
|'''Soc avec ailette et rangée de dents superficielles en avant'''
|2,0 – 2,5 fois la profondeur de travail
|}


<div class="shadow px-2 mb-2 pb-2">
'''Tableau 3.''' Espacements entre dents recommandés selon la profondeur de travail pour une sous-soleuse standard avec soc étroit d’environ 7,5 cm (3 po)
{| class="table table-bordered table-responsive table-sm"
! Profondeur de travail (P)
! Espacement entre dents recommandé
(1,0 à 1,5 fois la profondeur de travail)
|-
|'''30 cm (12 po)'''
|30-45 cm (12-18 po)
|-
|'''40 cm (16 po)'''
|40-60 cm (16-24 po)
|-
|'''50 cm (18 po)'''
|60-75 cm (24-30 po)
|}
== Les règles du succès ==
Lors du sous-solage, en plus des facteurs liés à la géométrie des dents et à leur espacement, l’ameublissement du sol est aussi influencé par la vitesse d’avancement et par la capacité des dents à travailler à la bonne profondeur. Ces facteurs dépendent de la puissance du tracteur et de la force du mécanisme de sécurité pour les dents. Plusieurs stratégies peuvent être utilisées pour optimiser le sous-solage en fonction de la puissance du tracteur, de la sous-soleuse disponible et du résultat souhaité.
=== Vitesse et puissance ===
En général, la vitesse d’avancement lors du sous-solage doit être de 5 à 6 km/h afin d’avoir un effet de fissuration suffisant.
La puissance requise pour travailler un sol compact avec une sous-soleuse peut être 10 fois plus grande que celle requise pour travailler le même sol non compact (Godwin and Spoor, 1977). La profondeur de travail est probablement le facteur le plus important pour la puissance requise (Tableau 4).  Bien que les chiffres de ce tableau puissent varier d’un sol à l’autre, en sol compact, il est normal d’utiliser une puissance par dent d’au moins 80 hp.


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Version du 2022-08-09 à 07:08:11

Portail - Opérations

Sommaire du guide


[Ajouter crédits]

La compaction[1] des sols agricoles est un problème important qui diminue, souvent de façon insidieuse, le rendement des cultures, ralentit l’égouttement des sols et augmente les risques de maladies. Avec tous les passages de machinerie (pas toujours réalisés dans des conditions idéales) au cours de la saison, un passage de sous-soleuse peut être approprié pour décompacter en profondeur et ainsi corriger le problème.

Pour bien réussir une opération de sous-solage, il faut commencer par faire un diagnostic de la situation, afin de bien connaître les caractéristiques du champ concerné et de de déterminer le but recherché avec le sous-solage. Par la suite, une bonne compréhension des conditions de réussite reliées au sous-solage est nécessaire.

Selon la profondeur de la compaction, on effectue le sous-solage à une profondeur variant de 30 cm à 45 cm. Il faut en général faire appel à un voisin qui possède un tracteur puissant, car le sous-solage demande beaucoup de traction. Il est essentiel que le sol soit suffisamment sec, sinon le travail sera inutile et pourra même empirer la situation. Le semis d’un engrais vert aidera par ailleurs à prolonger l’effet du sous-solage (voir le chapitre Engrais verts).

Plusieurs maraîcher·ères fabriquent leur propre sous-soleuse en modifiant une charrue ordinaire (Figure 1). Les versoirs sont alors remplacés par des dents. Un tel outil peut être tiré par un tracteur relativement petit.



Le texte qui suit, tirée de l'ouvrage Comprendre et réussir le sous-solage (Weill, 2015), permet de comprendre comment le sol réagit au sous-solage en fonction de ses caractéristiques et comment adapter les sous-soleuses et les méthodes de travail pour bien réussir cette opération.

Diagnostic préalable

Le sous-solage est une opération coûteuse qui doit être bien planifiée. Une stratégie inadéquate peut amener plus de méfaits que de bienfaits. Dans certains cas, le but recherché peut être un ameublissement complet du profil de sol alors que dans d’autres, il peut être souhaitable de faire seulement un ameublissement partiel. Il est nécessaire de connaitre les caractéristiques du champ afin de bien cibler le but du sous-solage, de décider du moment du sous-solage, de sa profondeur ainsi que de sa direction par rapport à la pente du champ ou aux drains souterrains.

But recherché

Dans de nombreux cas, un ameublissement complet de la couche compacte est souhaitable car cela permet aux racines de se développer, à l’eau de percoler en profondeur et à la structure du sol de s’améliorer.

Dans d’autres cas, il peut être désirable de faire un sous-solage qui vise seulement à accélérer l’assèchement du champ au printemps sans nécessairement ameublir l’ensemble de la couche compacte. En effet, même lorsque le sol n’est pas très compact, il y a souvent une petite semelle de labour qui ralentit la percolation de l’eau.

Finalement, lorsque la perméabilité naturelle du sol est faible sur une grande profondeur, le sous-solage doit être adapté afin de ne pas créer une couche gorgée d’eau qui risque de s’assécher très lentement au printemps (voir section suivante sur la profondeur de la compaction).

Selon Spoor et al. (2003), la présence d’une zone compacte comme une semelle de labour peut protéger le sous-sol de la compaction en offrant une surface ferme qui absorbe et distribue la pression causée par la machinerie. Ces chercheurs recommandent de ne pas trop ameublir la couche compacte et de chercher plutôt à la fissurer ou la casser en blocs assez gros, de façon à laisser passer l’eau et les racines tout en maintenant une certaine protection du sous-sol.

Caractéristiques du champ

Afin de connaître les caractéristiques du champ, plusieurs examens de profil de sol doivent être faits, en particulier pour connaître la profondeur de la compaction (Weill, 2009; Ball, 2007). Des mesures au pénétromètre peuvent compléter ces examens afin d’évaluer la constance de la présence et de la profondeur de la zone compacte dans l’ensemble du champ; elles ne peuvent toutefois pas remplacer les examens du profil. Le plan de drainage devrait aussi être examiné ainsi que la topographie du terrain. Les caractéristiques du champ les plus importantes à considérer sont la texture, la rapidité du drainage, la profondeur de la compaction et la topographie.

Texture du sol et humidité

La texture du sol a une grande influence sur la vulnérabilité du sol à la compaction. De plus, l’importance du taux d’humidité sur le succès de l’opération de décompactage varie avec la texture.

Sols légers
Les sols légers peuvent être très massifs et compacts, en particulier lorsque le pourcentage de sable fin ou de limon est important. Les grains de sable fin ou de limon s’encastrent les uns dans les autres, ce qui réduit la porosité de façon drastique et peut complètement bloquer le passage des racines et de l’eau. Les sols légers sont très facilement compactés lorsqu’ils sont humides et, dans une moindre mesure, lorsqu’ils sont secs. À cause de leur faible taux d’argile, ils sont peu structurés et, de plus, leur structure n’est ni stable ni résistante aux forces de compression. Pour cette raison, il est parfois préférable d’ameublir le sol avec un sous-solage juste avant le semis ou peu après. Une telle technique peut être envisagée en sols sableux uniquement, car ils sont moins à risque que les argiles d’être compactés en profondeur par les dents de sous-soleuses lorsqu’humides. Certains producteurs équipés d’un GPS s’assurent que les dents de la sous-soleuse passent exactement sur le rang à semer ou parfois juste un peu à côté. Une telle technique doit être essayée au préalable sur une petite superficie car, dans certains types de sol, elle peut affecter la régularité de la profondeur de semis et de la levée.

Sols lourds
Les sols lourds sont sensibles à la compaction lorsqu’humides mais très résistants à la compaction lorsque secs. De façon générale, ils résistent mieux à la compaction que les sols légers, grâce à leur structure en agrégats solides. Le sous-solage de ces sols doit toujours être fait lorsqu’ils sont secs, soit le plus souvent en été ou au début de l’automne. Le printemps n’est jamais une bonne période pour sous-soler un sol argileux au Québec puisqu’il est toujours humide en profondeur. De plus, si le sous-solage entraîne la formation de gros blocs en surface, il est important que les cycles de gel et de dégel de l’hiver puissent ameublir ces derniers afin de faciliter la préparation du lit de semence au printemps. Compte tenu de la difficulté de réussir un sous-solage en profondeur dans un sol souvent insuffisamment sec, ainsi que du coût élevé de cette opération, il faut bien évaluer la situation avant de passer à l’action. En effet, les sols lourds, même compactés, sont souvent fissurés, ce qui permet à une petite proportion de racines de descendre en profondeur. Lorsque des fissures sont présentes dans l’ensemble du profil, il est probable que l’eau circule et que le sous-solage ne soit pas vraiment nécessaire.

Sols d’origine glaciaire (tills)
Au Québec, de nombreux sols sont d’origine glaciaire, aussi appelés tills. Ce sont des sols que l’on retrouve surtout dans les zones montagneuses (Appalaches, Laurentides et contreforts de ces chaînes de montagnes). Ces sols, en général loameux, sont souvent rocheux et massifs sur une grande profondeur. Comme pour les sols légers compacts, les racines et parfois l’eau peuvent être bloquées à la base de la zone de sol travaillée. Dans ces sols, un des buts importants du sous-solage est d’augmenter la profondeur d’enracinement.

Rapidité du drainage

Vu l’important rôle que l’humidité d’un sol joue sur sa vulnérabilité à la compaction, en particulier pour les sols lourds, il est primordial de s’assurer d’un égouttement rapide, ce qui implique de vérifier la qualité du drainage de surface et sous-terrain. Lorsque le drainage est lent, les opérations culturales sont souvent faites en conditions humides, ce qui non seulement entraîne des risques importants de compaction mais compromet le succès d’une opération de sous-solage. Lorsque le sol est mal drainé, le sous-sol reste souvent trop humide pour faire du sous-solage. Même s’il est sous-solé en bonnes conditions, il est en général compacté à nouveau dans les mois qui suivent, car les travaux de champ sont souvent faits en conditions humides. L’amélioration du drainage doit donc être faite avant tout sous-solage.

Profondeur de la compaction

La gestion du sous-solage doit se faire en fonction de la profondeur de la couche compacte et de la profondeur possible de sous-solage.

Couche compacte peu profonde (base de la couche en général moins de 40 cm)
Lorsque la couche compacte est inférieure à 40 cm environ, il est possible de décompacter l’ensemble de la couche. Il est alors très important de décompacter toute l’épaisseur de cette couche imperméable sinon le problème relié à la compaction est aggravé. En effet, grâce à l’ameublissement créé par le sous-solage, l’eau entre en plus grande quantité dans le sol au lieu de ruisseler à la surface ou de s’écouler à la base du labour. Elle s’accumule dans la partie ameublie (effet « éponge »), car elle est bloquée par la base de la couche compacte non sous-solée qui est peu perméable. Le sol est alors gorgé d’eau pendant une plus longue période au printemps et après une pluie, ce qui peut retarder la rentrée au champ et asphyxier les cultures. De plus, lorsque l’eau stagne, elle augmente l’effet d’anaérobiose et empêche le sol de se restructurer.

Couche compacte profonde (base de la couche en général plus de 40 cm)
Dans cette situation, la profondeur de travail possible par la sous-soleuse ne permet pas de décompacter toute la zone compacte. Si le sous-sol n’est pas trop imperméable, il peut quand même être intéressant de faire un sous-solage afin d’augmenter la profondeur d’enracinement. Il faut toutefois être prudent car le sous-solage peut causer plusieurs problèmes :

  • Compactage du sol en profondeur : comme le sol est souvent plus humide en profondeur, le risque de lissage et de compaction en profondeur lors du passage des dents de sous-soleuse dans le sol humide est élevé;
  • Accumulation d’un volume d’eau important dans la zone sous-solée : comme dans le cas précédent, lorsque la profondeur du sous-solage est plus faible que la profondeur de la couche compacte et que le sous-sol est très peu perméable, l’ameublissement d’une couche importante de sol risque d’entraîner un effet « éponge », tel que décrit précédemment, et d’augmenter les risques de nappe perchée. En sol argileux, le drainage taupe (qui crée des canaux d’écoulement souterrain vers un fossé) peut alors être plus approprié que le sous-solage.

Topographie du champ

La direction du sous-solage doit être planifiée en fonction de la topographie du champ et aussi en fonction de la direction des drains souterrains lorsque ces derniers sont présents. Comme les galeries créées par le sous-solage permettent à l’eau d’y circuler, il faut choisir la direction du sous-solage afin d’évacuer l’eau. Il faut préférer un angle oblique avec la direction des drains (Figure 2). Il faut aussi éviter de diriger l’eau vers des baissières (si elles ne sont pas drainées).



Choix et types de sous-soleuses

De façon générale, le choix de la sous-soleuse doit se faire selon l’objectif recherché et les caractéristiques du champ. Les critères suivants doivent être pris en compte :

  • Le degré de bouleversement de la surface du sol tolérable après l’opération : dans certains cas, il peut être souhaitable de ne pas bouleverser la surface du sol (semis direct, pâturages, engrais verts ou culture implantés avant le sous-solage);
  • Le degré d’ameublissement recherché dans l’ensemble du profil : selon l’objectif poursuivi, on veut soit ameublir l’ensemble du profil, soit seulement créer des passages pour l’infiltration de l’eau;
  • La gravité de la compaction et la profondeur de la zone compacte.

Les trois principales composantes d’une sous-soleuse sont le bâti, les étançons et les socs. L’ensemble soc-étançon forme la dent (CPVQ, 2000). Certaines sous-soleuses peuvent aussi avoir des disques en avant des dents et un rouleau compacteur en arrière qui sert aussi à stabiliser la profondeur de travail. L’espacement entre les dents varie et doit être adapté aux besoins (voir section 3). Au Québec, il est souvent de 76 cm (30 po), ce qui correspond à l’espacement des grandes cultures sarclées (maïs et soya).

Les bâtis

Les bâtis de sous-soleuses peuvent être en V ou droits (Figure 3). La puissance requise est moindre avec un bâti en V ou un bâti droit comportant 2 rangées dont les dents sont alternées, que pour un bâti droit ayant une seule rangée de dents.

Bâti en V (Photo : D. La France)

Bâti droit avec une seule rangée de dents

Figure 3. Bâti en V et bâti droit de deux sous-soleuses


Les étançons

Il y a trois principaux types d’étançons : droits, incurvés et paraboliques. Leur action et la puissance requise sont reliées à l’angle qu’ils font avec l’horizontale (angle d’attaque). De façon générale, plus l’étançon est large, plus il contribue localement à l’ameublissement du sol, en particulier lorsque la profondeur de travail est supérieure à la profondeur critique (voir section 3 pour l’explication de la profondeur critique).

Étançon droit
L’étançon droit (Figure 4a) ayant un angle d’attaque de 90o ne fait pas remonter la terre, permet de limiter le bouleversement du sol mais requiert plus de puissance que les autres types d’étançons. Toutefois, lorsqu’il est un peu incliné (angle d’attaque inférieur à 900), la puissance requise diminue et est assez similaire à celle requise par les autres types d’étançons (Raper, 2005).

Étançon incurvé
La partie inférieure de l’étançon incurvé a un angle d’attaque de moins de 90o, ce qui force la terre à remonter vers le haut et bouleverse souvent de façon importante les sols argileux. La partie supérieure de l’étançon peut être verticale ou pencher vers l’avant, créant ainsi un angle d’attaque de plus de 90o (Figure 4b et c). Tel qu’illustré à la Figure 5, lorsqu’elle penche vers l’avant et que la profondeur de travail est trop importante, la dent peut pousser le sol vers le bas et augmenter la puissance requise (Raper and Bergtold, 2006). Dans une telle situation, de bons résultats sont donc obtenus seulement pour une profondeur prédéterminée.

Étançon parabolique (dent Michel, Paraplow)
L’étançon parabolique est incliné latéralement, ce qui permet de ne pas remonter de terre, de ne pas bouleverser le sol et requiert un peu moins de puissance que les deux autres types (Figure 4d). La proportion de sol ameubli est aussi supérieure aux autres sous-soleuses (Raper, 2006, 2007). Ce type d’étançon est intéressant pour sous-soler en semis direct ou encore dans une prairie lorsque la surface du sol ne doit pas être bouleversée.

50%

Étançon droit (a)

50%

Étançon incurvé (b)

50%

Étançon dont la partie supérieure penche vers l’avant (c)

50%

Étançon parabolique (dent Michel) (d)

Figure 4. Étançons de différentes formes



À gauche : Profondeur trop importante qui augmente la compaction et la puissance requise;

À droite : Profondeur adéquate


Les socs (ou pointes)

Les socs se distinguent par leur largeur, leur hauteur de soulèvement des ailettes (wing lift height), leur angle d’attaque et leur longueur. Le degré d’ameublissement du sol est fortement dépendant de leur géométrie.

Largeur des socs
Les socs sont soit étroits, soit larges grâce à la présence d’ailettes (Figure 6). La largeur d’un soc étroit peut varier de 2,5 à 12,5 cm (1 à 5 po.). En ce qui concerne les socs avec ailettes, ces dernières sont fixées directement sur le soc ou, plus rarement, sur l’étançon (Figure 6b). La largeur totale du soc avec ailette varie de 15 à 30 cm (6 à 12 po). Lors du sous-solage, les ailettes permettent de :

  • ameublir une proportion beaucoup plus importante de sol;
  • diminuer la puissance requise par unité de volume ameublie;
  • augmenter la profondeur critique (voir section 3 pour l’explication de la profondeur critique).

Bien qu’une dent avec ailettes augmente la puissance requise de 10 à 20 %, l’augmentation du volume de sol ameubli permet d’augmenter l’espacement entre les dents de 30 % et donc de diminuer le nombre de dents requis pour une largeur donnée d’ameublissement (Spoor and Godwin, 1978).

Soc étroit (a)

Soc avec ailettes (b)

Figure 6. Socs étroit ou large (avec ailettes)


Le degré de soulèvement du sol est influencé par la hauteur de soulèvement des ailettes (wing lift height), (Figure 7). Il s’agit de la distance verticale entre le bas de l’ailette (avant de l’ailette) et le haut (arrière de l’ailette). Cette distance varie de 2,5 cm à 10 cm. Plus cette mesure est importante, plus le sol est bouleversé car il est forcé de glisser et de monter par-dessus les ailettes.



Angle d’attaque et longueur du soc
L’angle d’attaque (Figure 7) pour une bonne pénétration du soc dans le sol et un ameublissement optimum devrait idéalement être autour de 20 à 25o. Plus il est faible par rapport à l’horizontale, plus il pénètre facilement dans le sol. Par conséquent, pour une même hauteur de soulèvement, plus le soc est long, plus il pénètre facilement dans le sol. La puissance requise augmente avec l’angle d’attaque. Lorsque l’angle d’attaque est trop important (ce qui n’est en général pas le cas pour les sous-soleuses commercialisées), le sol est poussé en avant au lieu d’être soulevé vers l’avant et le sol est comprimé au lieu d’être décompacté (Figure 8).

(a)

50%

(b)

50%

(c)

Figure 8. Sous-soleuse dont le soc et les ailettes (en particulier celles qui ont été rajoutées au-dessus du soc) ont un angle d’attaque trop vertical (a et b); Au lieu d’être soulevé, le sol est poussé vers l’avant et compacté. (c)


Effet du sous-solage

Selon l’état du sol (densité, humidité), les dents de sous-soleuse peuvent soit ameublir le sol soit le compacter. L’ameublissement se fait par fissuration du sol alors que la compaction se fait par compression du sol près de la dent.

Ameublissement du sol

L’ameublissement du sol peut être obtenu grâce à la fissuration par compression ou par tension. Dans le premier cas, le soc exerce une force de compression sur le sol qui le force à se fracturer et se soulever (Figure 9). Les mottes qui en résultent (en sol argileux) se déplacent vers le haut et sont réarrangées les unes par rapport aux autres lorsqu’elles retombent. Le sol se dilate et s’ameublit.

Dans le deuxième cas, la fissuration se fait sans qu’il y ait de force de compression (Figure 10). Le sol est simplement soulevé, ce qui crée des fissures. Si des ailettes sont présentes, le sol se fissure lorsqu’il est forcé de passer par-dessus ces dernières. Il est fréquent de voir tout le sol se soulever entre les dents lors du sous-solage, ce qui entraîne une fissuration de l’ensemble du sol.

Pour que le sol puisse s’ameublir, il faut qu’il soit suffisamment sec pour être soulevé vers le haut par la force exercée par le soc. De façon générale, l’ameublissement par compression, qui entraîne un réarrangement des mottes les unes par rapport aux autres, est plus important que l’ameublissement par tension.



Formation de fissures par tension lors du sous-solage (a)
(Godwin and Spoor (2015) d’après Spoor (2006))
Reproduit avec l'aimable permission des auteurs et de CABI.

Soulèvement du sol occasionnant des fissures par tension (b)

Figure 10. Soulèvement du sol occasionnant des fissures par tension


Compression du sol autour du soc et de la partie inférieure de la dent

Lorsque la profondeur de sous-solage augmente, la résistance du sol à se soulever augmente aussi et, à une certaine profondeur (profondeur critique), il devient plus facile pour le sol de se déplacer latéralement plutôt que vers le haut. À ce moment, le sol se comprime le long du soc et de la partie inférieure de l’étançon, entraînant ainsi une compaction ou un lissage en profondeur (Figure 11). Plus la profondeur de sous-solage est importante et plus le sol est argileux, plus le risque de compression du sol près de la dent est grand.

Le sol a été fissuré entre 0 et 35 cm (14 po) et comprimé en dessous. (a)

Gros plan de la zone comprimée (b)

Figure 11. Passage d’une dent de sous-soleuse à une profondeur de 43 cm (17 po) dans un sol très compact et moyennement humide en profondeur


Profondeur critique

La compression du sol autour du soc qui se fait dans certaines situations nous amène à définir la notion de profondeur critique. Il s’agit de la profondeur de travail maximum à laquelle le sol se fissure et se soulève du soc vers le haut. En dessous de cette profondeur, il se comprime latéralement (Figure 11, Figure 12, Figure 13).





Lorsque le soc de la sous-soleuse travaille à une profondeur plus grande que la profondeur critique, l’effet de fissuration est réalisé par l’étançon, à une profondeur moindre que celle du soc; une section beaucoup plus faible du profil de sol est alors fragmentée et la puissance requise du tracteur est plus importante.

La profondeur critique dépend, d’une part, du type d’outil et de la façon dont il est opéré et, d’autre part, des conditions du sol, en particulier le taux d’humidité et la densité qui influencent la résistance du sol à se soulever.

L’humidité du sol a un effet sur la profondeur critique qui semble contradictoire. Plus l’humidité du sol est élevée, plus le sol est plastique et plus il se déforme et se comprime facilement autour du soc, ce qui réduit la profondeur critique. Plus le sol est sec, plus il devient dur et plus la résistance au soulèvement est élevée. Si le sol en profondeur est aussi sec et dur, il est difficile à comprimer et aura tendance à se fracturer, ce qui contribue à augmenter la profondeur critique même si la résistance au soulèvement est importante. Par contre, si le sol est humide en profondeur (donc plus facile à comprimer) et sec au-dessus, la pointe de sous-soleuse va comprimer le sol humide et la profondeur critique est alors plus faible. Il faut donc une humidité optimale, qui est atteinte lorsque le sol est friable, ce qui n’est pas toujours facile à obtenir!

La densité du sol influence aussi sa capacité à se comprimer et par conséquent, la profondeur critique. Un sol argileux très compact, dense et dur contient en général peu d’eau et aura tendance à se fracturer plutôt qu’à se comprimer. Dans un tel cas, la profondeur critique aura tendance à être plus importante.

Lorsque la profondeur critique est moins importante que la profondeur de travail voulue, les changements suivants peuvent être réalisés afin de l’augmenter (Spoor, 2006):

  • sur la sous-soleuse
    • Augmenter la largeur des pointes;
    • Ajouter des ailettes, ce qui augmente la largeur efficace de la pointe; il s’agit de la principale méthode pour augmenter la profondeur critique;
    • Diminuer l’angle d’attaque des socs;
    • Augmenter la hauteur de soulèvement des ailettes;
    • Ajouter des dents travaillant à plus faible profondeur en avant des dents de sous-soleuse afin de diminuer la résistance au soulèvement (voir partie 4);
  • lors du sous-solage
    • Faire un premier passage de sous-soleuse (ou autre travail de sol) à plus faible profondeur afin de diminuer la résistance au soulèvement (voir partie 4);
    • Diminuer suffisamment l’espacement entre les dents afin de réduire la résistance du sol au soulèvement.


Bien que la profondeur critique ne puisse pas être prévue de façon précise, la « règle du pouce » suivante donne une indication : pour une dent unique qui travaille en conditions friables (ni trop sec ni trop humide), la profondeur critique est d’environ 6 fois la largeur du soc. Par conséquent, pour une largeur de soc de 7,5 cm, la profondeur critique sera de 45 cm (18 po). Il est toutefois nécessaire de faire des profils de sols lors du sous-solage pour vérifier si le travail se fait correctement et à la bonne profondeur.

Lorsqu’une sous-soleuse travaille en dessous de sa profondeur critique, les effets négatifs sont les suivants :

  • la puissance requise est beaucoup plus importante que lorsqu’elle travaille au-dessus;
  • le volume de sol ameubli est moindre et l’objectif d’ameublissement n’est pas atteint;
  • le sol est compacté (lissé) en profondeur.

De plus, des passages répétés de sous-soleuse à une profondeur inférieure à la profondeur critique entraînent la création d’une couche compacte qui ne pourra pas être défaite mécaniquement par la suite.

Géométrie de la zone ameublie lorsque la profondeur critique n'est pas atteinte

Le sol se déforme toujours selon les plans de moindre résistance. Par conséquent, la géométrie de la zone ameublie dépend de la géométrie des plans de moindre résistance qui elle-même dépend de la texture du sol et de l’importance de la compaction.

Situation 1 : Sols légers ou argileux peu compacts
Dans ces sols, les plans de moindre résistance se situent entre les petites unités structurales (grains de sables, de limon ou petits agrégats). Ces dernières glissent facilement les unes par rapport aux autres et la forme de la zone ameublie est en V ou en U évasé (Figure 15).

Soc étroit : zone ameublie en forme de V (a)

Soc avec ailettes : zone ameublie en forme de U évasé (b)
(Godwin and Spoor (2015) d’après Spoor (2006))
Reproduit avec l’aimable autorisation des auteurs et de CABI.

Figure 15. Géométrie de la zone ameublie en fonction de la largeur du soc


Situation 2 : Sol argileux compact avec plans de faible résistance définis
Lorsque le sol est argileux et compact, les unités structurales sont des grosses mottes très dures, souvent plus ou moins soudées les unes aux autres, ce qui peut donner l’impression d’une masse continue et uniforme lorsque le sol n’est pas travaillé. Dans ce cas, le sol se brise le long de plans de faible résistance entre les grosses mottes ou le long de fissures et la géométrie de la zone ameublie n’a pas une forme de V (Figure 16). Le sol est alors fracturé en grosses mottes.



Situation 3 : Sol argileux compact sans plan de moindre résistance bien défini
Lorsque le sol est tellement massif qu’il n’y a aucune fissure clairement définie, le sol est alors forcé de se briser entre les petites particules (sable, limon, agrégats) ou en grosses mottes massives et irrégulières. La géométrie de la zone ameublie peut alors être soit similaire à celle de la situation 1 (Figure 17), soit à celle de la situation 2.



Observations lors des essais du CETAB+
Lors des essais de sous-soleuses du CETAB+, ces trois situations ont été observées lorsque la profondeur critique n’était pas atteinte (Tableau 1). Il a aussi été constaté que la profondeur de travail de la sous-soleuse avait parfois un effet important sur la géométrie de la zone ameublie.

Tableau 1. Géométrie de la zone ameublie en fonction du type de sol, du degré de compaction et de la profondeur de sous-solage

Type de sol Degré de compaction Unités structurales Profondeur de travail de la sous-soleuse par rapport au bas de la zone compacte Situation observée
Léger
(incluant les tills)
Faible à élevé Grains de sable ou limon ou petits agrégats Inférieure ou supérieure Situation 1 (V ou U évasé)
Lourd Faible Petits agrégats Inférieure ou supérieure Situation 1 (V ou U évasé)
Lourd1 Très élevé Grosses mottes soudées ou complètement massif Légèrement supérieure Situation 2 (Grosses mottes)
Inférieure Situation 3 – ameublissement insuffisant en  V étroit

Notes

  1. En sol suffisamment sec avec la profondeur critique supérieure à la profondeur de travail.

Volume de sol ameubli

Les principaux facteurs qui influencent le volume de sol ameubli sont l’espacement entre les dents, la largeur des socs, la profondeur de travail et la présence ou non de dents travaillant à plus faible profondeur en avant des dents de sous-soleuse.

Largeur des socs et espacement entre les dents
Au Québec, il est fréquent d’observer qu’une proportion de sol assez faible est ameublie par le sous-solage (Figure 18). Un tel résultat est dû à un espacement entre les dents important, souvent de 76 cm (30 po) combiné à une profondeur de travail trop faible.



Le rapprochement des dents permet d’augmenter le volume de sol ameubli et améliore l’uniformité de l’ameublissement (Figure 19).



L’addition d’ailettes, qui permettent d’élargir le soc, augmente aussi le volume de sol ameubli (Figure 15).

Profondeur de travail
Pour un espacement donné, tant que la profondeur de travail est située au-dessus de la profondeur critique, plus la profondeur augmente plus le volume de sol ameubli est important (Figure 20).



Lorsque le sol est très argileux et très compact, la profondeur de travail doit être bien ajustée en fonction de la profondeur de la zone compacte. Si les dents de sous-soleuse passent à plus de 5 cm (2 po) sous la couche compacte, les socs risquent de comprimer le sol meuble dans lequel elles passent et l’effet d’éclatement ne se fait pas. Dans cette situation, les étançons font simplement une fente en passant dans la couche compacte (Figure 21).



Ajout d’une rangée de dents plus petites et superficielles en avant des dents standards
Le volume de sol ameubli peut aussi être augmenté par l’ajout d’une rangée de dents travaillant à plus faible profondeur en avant des dents standards (Figure 22, Figure 23, Figure 24). Ces dents doivent travailler à 60 % de la profondeur des dents principales (Spoor and Godwin, 1978). Elles devraient être positionnées à mi-chemin entre les dents de sous-soleuse et suffisamment en avant de celles-ci. Elles ne devraient pas se situer dans la zone qui serait ameublie par les dents arrière si ces dernières travaillaient seules car elles seraient inefficaces. L’ajout de ces dents n’augmente pratiquement pas la puissance requise.







Règle générale pour un ameublissement complet du profil en fonction du type de sous-soleuse
L’espacement entre dents requis pour un ameublissement complet du profil est donné dans le Tableau 2 (Godwin and Spoor, 2015). La forme de la dent n’a pas beaucoup d’importance. À titre d’exemple, les profondeurs requises pour une sous-soleuse standard avec soc étroit d’environ 7,5 cm (3 po) sont données dans le Tableau 3.

Tableau 2. Espacements entre dents recommandés selon la profondeur de travail (Godwin and Spoor, 2015)

Configuration des dents Espacement entre dents requis pour un ameublissement complet du profil
Soc étroit (7,5 cm, 3 po) 1,0 – 1,5 fois la profondeur de travail
Soc avec ailette (30 cm, 12 po) 1,5 – 2,0 fois la profondeur de travail
Soc avec ailette et rangée de dents superficielles en avant 2,0 – 2,5 fois la profondeur de travail

Tableau 3. Espacements entre dents recommandés selon la profondeur de travail pour une sous-soleuse standard avec soc étroit d’environ 7,5 cm (3 po)

Profondeur de travail (P) Espacement entre dents recommandé

(1,0 à 1,5 fois la profondeur de travail)

30 cm (12 po) 30-45 cm (12-18 po)
40 cm (16 po) 40-60 cm (16-24 po)
50 cm (18 po) 60-75 cm (24-30 po)

Les règles du succès

Lors du sous-solage, en plus des facteurs liés à la géométrie des dents et à leur espacement, l’ameublissement du sol est aussi influencé par la vitesse d’avancement et par la capacité des dents à travailler à la bonne profondeur. Ces facteurs dépendent de la puissance du tracteur et de la force du mécanisme de sécurité pour les dents. Plusieurs stratégies peuvent être utilisées pour optimiser le sous-solage en fonction de la puissance du tracteur, de la sous-soleuse disponible et du résultat souhaité.

Vitesse et puissance

En général, la vitesse d’avancement lors du sous-solage doit être de 5 à 6 km/h afin d’avoir un effet de fissuration suffisant. La puissance requise pour travailler un sol compact avec une sous-soleuse peut être 10 fois plus grande que celle requise pour travailler le même sol non compact (Godwin and Spoor, 1977). La profondeur de travail est probablement le facteur le plus important pour la puissance requise (Tableau 4). Bien que les chiffres de ce tableau puissent varier d’un sol à l’autre, en sol compact, il est normal d’utiliser une puissance par dent d’au moins 80 hp.

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  1. Le terme correct est tassement ou compactage mais le terme compaction est fréquemment employé au Québec.

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