Mélanges intéressants en fonction de la période de semis

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Le contenu qui suit est issu de :

Weill, A. et J. Duval. (2009). Guide de gestion globale de la ferme maraîchère biologique et diversifiée. Équiterre.

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Il peut être intéressant de semer plusieurs espèces ensemble. Elles sont souvent complémentaires et permettent d’obtenir une biomasse importante de façon plus constante. En effet, certaines espèces poussent mieux en conditions humides, alors que d’autres poussent mieux en conditions sèches. L’information qui suit est en partie tirée du document Les engrais verts en culture maraîchère (La France et Maynard, 2007).

Engrais vert avant la culture principale

La période de croissance étant assez courte avant de semer ou transplanter une culture principale, seules les céréales ou les pois peuvent être utilisés comme engrais vert dans ce cas (Tableau 1). Un tel engrais vert peut être semé avant des transplantations tardives de cucurbitacées, de brassicacées ou de laitues par exemple. Il faut toutefois prendre garde à ne pas laisser l’engrais vert devenir trop abondant et prévoir une à deux semaines pour sa décomposition avant de planter autre chose. Ces recommandations visent à éviter des conditions de sol trop sèches qui peuvent nuire à la culture subséquente.

L’avoine convient particulièrement bien pour cet usage; elle partage peu de maladies avec les légumes, jouant ainsi un rôle assainissant.

Tableau 1. Doses de semis des espèces d’engrais vert semées en mélange avant la culture principale

Céréales

(kg/ha)

Pois

(kg/ha)

Mélange 1 150 -
Mélange 2 80 20-30

Engrais vert après la culture principale ou après une jachère réalisée en juin ou juillet

Après la culture principale ou après une jachère réalisée en juin ou juillet, l’idéal est de semer un engrais vert de légumineuses (Figure 1). Lorsque l’engrais vert peut être semé tôt, il est bon de diminuer la proportion de céréales dans le mélange afin d’obtenir une biomasse importante de légumineuses fixatrices d’azote. À l’inverse, plus la période de croissance est restreinte, plus on augmente la proportion de céréales dans le mélange de façon à compenser la faible croissance des légumineuses.. Vers la fin du mois d’août, dans les régions plus froides, et en septembre en Montérégie, il ne reste plus assez de temps pour semer des légumineuses. Par contre, l’avoine est bien adaptée aux conditions fraîches et humides. On sème à un taux de 150-200 kg/ha.

33%

À droite de la photo : planches semées en avoine dès la récolte terminée

33%

Planches permanentes semées en vesce-avoine dès la récolte terminée

33%

Planches semées en avoine-pois dès la récolte terminée

33%

Engrais vert de vesce commune semé après une culture de pois

33%

Idem

33%

Repousse printanière (1,5 m) de mélilot semé en septembre l’année précédente. La biomasse excède 5 t/ha en matière sèche. La hauteur du trèfle est beaucoup plus faible (en bas à droite de la photo).

33%

Engrais vert de vesce velue

33%

Idem

33%

Vesce commune (à gauche) et avoine-vesce commune (à droite) semés dès la récolte terminée. Plus la saison de croissance est longue, plus on augmente le pourcentage de vesce dans le mélange vesce-avoine afin d’apporter de l’azote au système.

Figure 1. Engrais verts semés après la culture principale


Les différentes possibilités en fonction de la date de semis sont présentées aux tableaux 2 et 3. Dans certains cas, il pourra être nécessaire d’irriguer le semis d’engrais vert implanté en été.

Tableau 2. Doses de semis pour des mélanges d’engrais verts implantés à la fin de juillet ou au début du mois d’août

Dose de semis pour les céréales (kg/ha) Légumineuses Dose de semis pour les légumineuses (kg/ha)
Semis pur 0 Pois 150
Semis pur 0 Vesce commune 150
Mélange 1 40-60 Pois 80-100
Mélange 2 40-60 Vesce commune 80-100
Mélange 3 40-60 Trèfle incarnat 15-20
Mélange 4 40-60 Vesce velue 20-30
Mélange 5 40-60 Pois/vesce commune/vesce velue 20/40/20
Mélange 6 40-60 Pois/trèfle incarnat/vesce commune/

vesce velue

20/5/20/20

Tableau 3. Doses de semis pour des mélanges d’engrais verts implantés à la fin du mois d’août en Montérégie

Dose de semis pour les céréales Légumineuses Dose de semis pour les légumineuses (kg/ha)
Semis pur 0 Pois 150
Semis pur 0 Vesce commune 150
Mélange 1 40-60 Pois 80-100
Mélange 2 40-60 Vesce commune 80-100
Mélange 3 40-60 Trèfle incarnat 15-20
Mélange 4 40-60 Pois/trèfle incarnat/vesce commune 40/5/40
Mélange 6 40-60 Mélilot (pour une repousse au printemps suivant) 10-15

Plusieurs autres mélanges sont possibles. Les doses de semis sont alors à adapter en fonction des espèces que l’on veut privilégier. Il faut tester ce qui fonctionne le mieux sur la ferme.

« Nous utilisons plusieurs systèmes d’engrais verts :

  • des engrais verts de pleine saison : un mélange avoine-vesce commune est semé au printemps et fauché deux fois avant d’être détruit en juillet. Par la suite, une jachère courte est faite, si nécessaire, et du sarrasin1 est semé. Fin août, du compost est appliqué et incorporé. Un mélange seigle-vesce velue ou avoine-vesce commune est ensuite semé. Des cultures exigeantes suivent cet engrais vert l’année suivante;
  • des engrais verts de fin de saison qui repoussent au printemps : lorsque la culture prévue l’année suivante est semée tard (brocoli ou laitue de mi-saison ou de fin de saison par exemple), un mélange seigle-mélilot est semé fin août-début septembre. Ce mélange repousse au printemps et produit une grande biomasse;
  • des engrais verts de fin de saison qui meurent durant l’hiver : de l’avoine pure ou un mélange avoine-vesce commune sont semés. »

Note

  1. Cette conduite de culture ne s’applique que dans les meilleures zones climatiques. Ailleurs, il faut éviter le sarrasin car le temps est limité.

Engrais vert pendant une saison complète

Avant d’implanter un engrais vert pour une saison complète, il faut s’assurer qu’il n’y a pas de chiendent. En l’absence de chiendent, il est possible de semer un engrais vert en début de saison. S’il y a du chiendent, il vaut mieux attendre au mois de juin et effectuer une jachère. auparavant. L’engrais vert de pleine saison peut être semé jusqu’au début de juillet. Si le semis doit se faire plus tard, il faut se référer à la section précédente. Avant la jachère, il est possible de semer de l’avoine ou du sarrasin que l’on détruira au début de la jachère.

Les mélanges possibles pour une saison complète sont nombreux. Le tableau 4 en présente quelques-uns.

Tableau 4. Doses de semis pour des mélanges d’engrais verts de pleine saison

Dose de semis pour les céréales

(kg/ha)

Dose de semis pour le ray-grass annuel

(kg/ha)

Légumineuses Dose de semis pour les légumineuses

(kg/ha)

Mélange 1 80 10 Luzerne annuelle 10
Mélange 2 80 10 Trèfle rouge 10
Mélange 3 80 - Trèfle blanc 8
Mélange 4 80 - Trèfle rouge 15
Mélange 5 80 - Mélilot 15
Mélange 6 80 - Vesce velue 30

Des mélanges plus complexes peuvent aussi être faits avec plusieurs légumineuses; les doses de semis seront alors ajustées en conséquence. Les céréales de printemps doivent être fauchées avant l’épiaison pour les empêcher de se resemer. Il est souvent nécessaire, également, de faucher au moins une fois le mélange pour contrôler les mauvaises herbes.

Le seigle d’automne peut être utilisé à la place des céréales de printemps. Il ne nécessite pas de fauche, puisqu’il n’épie pas l’année même. Semé tôt en saison, il demeure toutefois court et sensible à la sécheresse.

Le mieux est de faire quelques essais pour identifier les légumineuses les plus intéressantes sur la ferme. Au départ, un mélange de plusieurs légumineuses peut pallier ce manque d’information.

« Nous avons fait des essais d’engrais verts de pleine saison afin d’identifier les engrais verts les plus performants (Tableau 5). Sauf dans le cas du trèfle rouge semé tôt au printemps, nous avons fait un passage de vibroculteur au printemps, puis nous avons laissé pousser les mauvaises herbes. Début juillet, nous avons fait un passage de rotoculteur et avons semé les différents mélanges.

L’engrais vert de seigle, laissé durant l’hiver et détruit au printemps, ne sera plus utilisé. Cela laisse de trop grosses mottes de racines dans le champ, ce qui rend la préparation du sol difficile.

Le mélange ray-grass et trèfle incarnat s'est révélé très intéressant. Il été légèrement incorporé vers la mi-octobre par un passage de rotoculteur. Au printemps suivant, le rotoculteur a été passé une deuxième fois, puis le vibroculteur. L’effet de l’engrais vert sur la structure du sol a été excellent.

Après ces premiers essais, voici comment nous avons procédé l’année suivante :

  • passage de rotoculteur tôt au printemps pour enfouir un peu les résidus;
  • attente d’une dizaine de jours pour que les graines de mauvaises herbes aient le temps de germer un peu;
  • passage de vibroculteur;
  • semis d’avoine;
  • début juillet : destruction de l’avoine au rotoculteur;
  • vers le 15 juillet : semis de mélange trèfle incarnat (10 kg/ha), ray-grass (8 kg/ha), vesce commune (50 kg/ha). Note : le trèfle incarnat et le ray-grass aiment des conditions fraîches et humides; ce mélange peut être risqué lors d’un été sec;
  • début novembre : enfouissement léger au rotoculteur.

Nous avons décidé de semer une avoine au printemps, car le sol reste trop nu jusqu’en juillet. Le mélange avec la vesce commune couvre le sol assez rapidement. Un peu de chou gras avait poussé à certain endroits, mais je l’ai fauché au-dessus de l’engrais vert quand celui-ci a atteint environ 15 cm. L’engrais vert est resté très propre le reste de la saison. Il a produit une bonne biomasse, tant aérienne que racinaire, et a conféré une très belle structure au sol. Cet engrais vert est compatible avec un travail sans labour, car les résidus au printemps suivant se défont très bien.

Pour les engrais verts en culture dérobée, soit avant ou après une culture de légumes, nous utilisons principalement l’avoine. Elle s’implante rapidement, est assez résistante au gel et pousse assez tard en automne. Elle gèle en hiver; elle n’est donc pas un problème le printemps suivant.

Cette année, nous avons essayé le trèfle Huia dans les courges (semé au dernier sarclage), mais les courges ont poussé trop vite et le trèfle ne s’est pas développé. »

Tableau 5. Espèces d’engrais vert de pleine saison ayant fait l’objet d’essais sur la ferme Le Vallon des sources et résultats

Espèces utilisées Résultats
Trèfle rouge seul semé au printemps  Trop lent à s’établir. Il faut faucher trop souvent au début à cause du chou gras.
Avoine, vesce commune Mélange le plus rapide à s’établir; le moins de mauvaises herbes de tous les essais.
Seigle, vesce velue La vesce velue a démarré, puis est morte.
Vesce velue, vesce commune, trèfle incarnat La vesce velue a démarré, puis est morte.
Ray-grass, trèfle incarnat Mélange lent à démarrer, mais beaucoup de biomasse à la fin avec une grosse masse racinaire.

« Nous semons un mélange avoine-pois ou avoine-pois-vesce commune systématiquement dès qu’un bloc de culture est libéré. Les résultats sont toujours très satisfaisants. »

Pour les fermes où le taux de matière organique doit être augmenté, du sorgo (hybride sorgo-herbe du soudan) peut être semé au début de juin au taux de 20 à 40 kg/ha. Il peut être intéressant d’y mélanger de la vesce velue à un taux de 20 à 30 kg/ha. On peut faucher le mélange en août et obtenir une repousse de vesce velue en automne.

Engrais verts intercalaires

Cette technique est difficile à utiliser en maraîchage à cause du risque de compétition avec les légumes pour l’eau et les nutriments. De plus, si l’engrais vert devient touffu, il favorise le développement de maladies dans la culture en limitant l’aération.

Du trèfle blanc nain peut être semé au moment du sarclage entre les rangs de paillis plastique. Sans paillis plastique, le trèfle risque d’envahir les rangs de légumes.


Figure 2. Engrais vert de trèfle dans les allées


« Nous utilisions un paillis de trèfle blanc nain que l’on semait dans les allées pour les cultures avec paillis plastique (concombre, melon et zucchini). Cela permettait de garder les melons propres. Maintenant, nous utilisons plutôt un paillis d’herbe broyée, car le trèfle Huia résiste parfois à l’hiver et fait problème l’année suivante. Le ray-grass n’est jamais utilisé, car il devient trop haut. »

« Nous aimons beaucoup faire des semis d’engrais vert intercalaire de trèfle blanc entre les paillis plastiques dans les cucurbitacées. L’engrais vert facilite la circulation et aide au contrôle des mauvaises herbes. Nous essayons de le semer le plus tôt possible après la pose du paillis plastique ou tout de suite après la pose des tunnels (cela abîme moins le semis de trèfle, car pour poser le tunnel, il faut faire un sillon sur le sol). Après l'ouverture des tunnels, il y a un peu de désherbage manuel à faire pour enlever les grosses mauvaises herbes qui passent à travers le feuillage dense des cucurbitacées à port rampant. Pour les plants à port dressé, on passe avec la tondeuse entre les rangs. »

Du mélilot, du trèfle (blanc ou rouge) ou de la vesce velue et du ray-grass peuvent être semés sans paillis plastique dans le maïs sucré. Le semis doit se faire après le dernier sarclage, lorsque le maïs a 7 feuilles ou une hauteur de 30 cm. Les mélanges possibles sont présentés au tableau 6.

Tableau 6. Doses de semis pour des mélanges d’engrais verts intercalaires dans le maïs sucré

Dose de semis pour le ray-grass annuel

(kg/ha)

Légumineuses Dose de semis pour les légumineuses

(kg/ha)

Mélange 1 10 Mélilot 10
Mélange 2 10 Trèfle rouge ou blanc 5-10
Mélange 3 10 Vesce velue 10-15

Prairies

Les prairies ne font pas partie des engrais verts, mais elles peuvent jouer un rôle similaire. Certains producteurs choisissent d’avoir deux ou trois années de prairie pour améliorer leur sol et fournir de l’azote aux cultures de légumes. Les prairies ont plus d’effets bénéfiques sur le sol que les engrais verts. Étant présentes pendant plus d’une année, elles augmentent le taux de matière organique du sol, ce que ne font pas toujours les engrais verts.

Les mélanges de prairie sont variés, mais ils doivent inclure une large portion de légumineuses (trèfles, luzerne) afin d’apporter de l’azote. Les graminées jouent aussi un rôle important, car elles permettent un bon regain et facilitent l’utilisation de l’azote issu de la décomposition. Il est possible d’exporter une coupe de foin, mais l’idéal est de broyer les coupes et de les laisser au champ. Voici deux mélanges possibles (La France et Maynard, 2007) :

  • avoine (80 kg/ha en plante-abri), ray-grass vivace (10 kg/ha), trèfle blanc (3 kg/ha), trèfle rouge (5 kg/ha) et vesce velue (20 kg/ha);
  • céréale (80 kg/ha en plante-abri), dactyle (4 kg/ha), fétuque élevée (4 kg/ha), trèfle blanc (5 kg/ha) et trèfle rouge (5 kg/ha).

« Nous semons un mélange de luzerne (50 %), de trèfle blanc (10 %), de fléole (40 %) avec de l’avoine comme plante-abri. L’avoine est fauchée à l’épiaison. Nous gardons cette prairie pendant deux saisons complètes. »


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