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Guide 06-01-01
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Production


Le contenu qui suit est issu de :

Weill, A. et J. Duval. (2009). Guide de gestion globale de la ferme maraîchère biologique et diversifiée. Équiterre.

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En maraîchage diversifié, le désherbage manuel est, avec la récolte, l’opération pour laquelle le coût de main-d’œuvre est le plus important. Toute réduction des coûts de désherbage manuel a donc un impact direct sur les profits de l’entreprise. Cela nécessite toutefois de connaître la biologie des mauvaises herbes et autres notions de base pour optimiser les travaux de désherbage, d’adopter des moyens de prévention, de choisir des méthodes culturales appropriées et de s’équiper pour le désherbage mécanique lorsque la grandeur de la ferme le justifie, soit environ deux hectares et plus. Ce dernier investissement est généralement rentabilisé dans la première année ou les premières années.

Biologie des mauvaises herbes

Les méthodes de prévention contre les mauvaises herbes sont très nombreuses et varient selon qu’il s’agit d’annuelles ou de vivaces. En maraîchage, même s’il y a des exceptions, les vivaces sont souvent moins problématiques que les annuelles, car le travail du sol assez intensif qui est habituellement pratiqué nuit aux parties souterraines qui leur servent de réserves. Non seulement la répression des mauvaises herbes annuelles est-elle très différente de celle des vivaces, mais il existe aussi plusieurs différences à l’intérieur de ces deux groupes. Il est difficile de connaître les particularités de chaque mauvaise herbe, en particulier les annuelles qui sont nombreuses. Toutefois, lorsqu’une mauvaise herbe pose un problème majeur sur la ferme, il est important de connaître sa biologie afin de pouvoir mettre en place des méthodes de répression adéquates.

Bien que les différentes espèces de mauvaises herbes puissent être indicatrices de certaines conditions du sol, il est plutôt rare de pouvoir réaliser un diagnostic définitif de cette façon (voir Tableau 1). Il faudrait, pour ce faire, que ces plantes soient en milieu quasi naturel (une terre abandonnée par exemple); en champ cultivé, c’est rarement le cas.

Tableau 1. Quelques plantes indicatrices des conditions du sol

Condition Plantes
Tassement (compaction) Asclépiade, matricaire, plantain, renouées, chardon des champs, chicorée, digitaire astringente, lépidie densiflore, petite bardane
Excès d’eau, mauvais drainage Prêle des champs, renoncule rampante, tussilage pas-d’âne, verge d’or, souchet
Sol acide Épervière orangée, oxalide, petite oseille, pissenlit, marguerite, patience crépue
Fertilité élevée Amarante, bourse-à-pasteur, chénopode blanc, stellaire moyenne, euphorbe réveille-matin, ortie, pourpier potager

Source : Adapté de Debost, Cloutier et Leblanc (1996)

Les mauvaises herbes annuelles

Les mauvaises herbes annuelles constituent le problème le plus important pour une ferme maraîchère. Les sols riches qu’on y trouve favorisent certaines annuelles telles que le chou-gras, l’amarante et les brassicacées adventices. D’autres annuelles, comme le galinsoga, aiment la pleine lumière; elles sont donc favorisées par les espacements larges, fréquents en maraîchage.

Bien que les mauvaises herbes annuelles aient plusieurs points en commun, les moyens de lutte peuvent différer selon plusieurs caractéristiques propres à chaque espèce. En voici quelques exemples.

  • Rapidité d’établissement : Certaines mauvaises herbes, comme par exemple l’herbe à poux, développent très tôt des racines secondaires à partir du stade cotylédon, ce qui diminue très rapidement l’efficacité de certains outils de désherbage comme la herse-peigne. En grande culture, il est nécessaire de butter les rangs pour enterrer les plants d’herbe à poux non détruits par le peigne. D'autres mauvaises herbes, comme par exemple le chénopode, s'allongent très rapidement après une fertilisation riche en azote.
  • Persistance des semences dans le sol : la plupart des graines de mauvaises herbes peuvent survivre longtemps dans le sol, mais ce n’est pas le cas pour plusieurs espèces de graminées comme la sétaire ou pour quelques dicotilédones telles que le radis sauvage et le galinsoga. L’établissement d’une prairie ou l’enfouissement exceptionnellement profond des graines (sans les remonter à la surface l’année suivante) peuvent alors s’avérer des techniques intéressantes.
  • Rapidité du cycle de vie : Certaines mauvaises herbes, telles le galinsoga, complètent plusieurs cycles de vie dans une année. La technique de la jachère courte peut donc être efficace ces mauvaises herbes.
  • Stimulation par le travail du sol : le travail du sol favorise l’exposition des graines à la lumière, ce qui stimule la germination de certaines mauvaises herbes, notamment plusieurs espèces de la famille de la moutarde. Cette caractéristique ci peut amener le·a producteur·rice à diminuer le travail du sol ou, au contraire, à en profiter pour faire des faux-semis.
  • Similarité des cycles de vie : il arrive qu’une culture et une espèce de mauvaise herbe aient un cycle de vie semblable. C’est ainsi que le pourpier, par exemple, est bien adapté au cycle de production des carottes semées tardivement.

Plusieurs fiches détaillées portant sur la biologie de certaines mauvaises herbes annuelles (moutardes, herbe à poux, brassicacées, sétaires et galinsoga) et les méthodes de lutte qui s’y rattachent sont disponibles sur Agri-Réseau (voir Duval 2007a, 2007b; Weill 2007a et 2007b).

Les mauvaises herbes vivaces

Les mauvaises herbes vivaces ont des organes de réserve (racines, rhizomes ou tubercules selon le cas) qui leur permettent de repousser après la destruction de leurs parties aériennes. L’approche sur le plan de la répression est donc complètement différente de celle des annuelles. On peut distinguer trois grands groupes de vivaces :

  • les vivaces qui ont des organes de réserve superficiels, comme le chiendent. Dans ce cas, une jachère courte en été est généralement efficace.
  • les vivaces qui ont des organes de réserve profonds, comme le chardon ou le laiteron. Dans ce cas, les parties aériennes doivent être détruites de façon répétée durant toute une saison afin d’épuiser les réserves de la plante qui repousse à chaque fois.
  • le souchet : ce dernier produit de petits tubercules dont la dormance est de plusieurs années; il peut aussi repousser plus d’une fois è partir du même tubercule après la destruction des plantules. Il faut le détruire assez tôt dans sa période de croissance afin de l’empêcher de produire d’autres tubercules.

Pour plus d’information sur ces mauvaises herbes, consulter les fiches appropriées sur Agri-Réseau (voir Duval 2004, 2007c; Weill 2005, 2006 et 2007c).

Stade de développement des mauvaises herbes

L’une des clés de la lutte contre les mauvaises herbes est de les détruire alors qu’elles sont très jeunes. La culture doit toujours être en avance par rapport au stade de développement des mauvaises herbes, car il y a compétition entre les deux pour la lumière, l’eau et les éléments nutritifs. On dit que les mauvaises herbes sont au stade « fil blanc » lorsqu’elles ont germé dans le sol, mais qu’on ne les voit pas encore à la surface. En brossant la surface du sol de la main ou en examinant de petites pelletées superficielles quelques jours après avoir travaillé le sol, on verra souvent une grande quantité de ces fils blancs. Par après, les plantes produisent des cotylédons, les premières feuilles à apparaître, puis les vraies feuilles caractéristiques de chaque espèce (Figure 1). Le Guide d’identification des mauvaises herbes du Québec (Bouchard et Néron, 1998) est un ouvrage à consulter pour identifier rapidement les mauvaises herbes.

Plant d’herbe à poux à la fin du stade cotylédon. Le système racinaire est déjà très développé.

50%

Plants de sétaire aux stades 1 et 2 feuilles. À partir du stade 2 feuilles, les racines de tallage qui ancrent la plantule se développent.

50%

Plants de sétaire au stade 4 feuilles.

Figure 1. Mauvaises herbes à différents stades de développement.


Dès le stade des vraies feuilles, plusieurs mauvaises herbes sont bien ancrées, leurs racines étant déjà fortes. À ce stade, certaines méthodes de désherbage comme la herse-peigne perdent de leur efficacité. Si elles sont arrachées et laissées sur place, les mauvaises herbes arrivent parfois à se réenraciner quand le climat reste humide., Il faut donc sarcler quand les mauvaises herbes sont très jeunes (fil blanc à premières feuilles) et par temps sec, même si, en pratique, on n’atteint pas toujours cet idéal ! Des passages fréquents contribueront à assurer une bonne répression.

Tolérance aux mauvaises herbes

À partir d’un certain stade de leur croissance, la plupart des cultures peuvent tolérer la présence de mauvaises herbes, même quand celles-ci ont de vraies feuilles, sans subir de perte de rendement (Lichtenhahn et al., 2002). Les cultures considérées comme tolérantes sont celles pour lesquelles on peut accepter la présence de mauvaises herbes à partir du milieu de leur période de croissance environ. Il s’agit notamment des brassicacées, des betteraves, des carottes et des laitues. Par contre, les cultures comme le poireau et l’oignon sont considérées comme non tolérantes. Il faut désherber jusqu’au dernier tiers de leur période de croissance. Le mesclun, le persil, l’épinard et autres légumes à couper doivent être désherbés tout au long de la saison, car on ne peut se permettre de récolter des mauvaises herbes avec la culture.

Malgré le fait que la présence de mauvaises herbes soit tolérée par certaines cultures à partir d’une certaine période, il vaut mieux les faucher ou les arracher avant qu’elles produisent des graines viables pour empêcher leur reproduction. Cela peut être fait à la main de façon sélective. Il faut aussi considérer que la présence de mauvaises herbes au moment de la récolte peut nuire considérablement aux opérations en les ralentissant, en augmentant le temps de nettoyage ou en bloquant tout simplement les équipements.

Dans certains cas, il vaut mieux abandonner une culture et la détruire plutôt que de s’engager dans de coûteux frais de désherbage manuel pour la sauver de l’envahissement par les mauvaises herbes. Comment prendre cette décision ? Le coût total du désherbage manuel (entre 1 000 $ et 4 000 $ par hectare et même plus, selon la culture) ne devrait jamais dépasser le tiers de la valeur brute de la culture (Lichtenhahn et al., 2002). Pour éviter de se retrouver dans cette situation fâcheuse, il faut tout mettre en œuvre pour prévenir et réduire la pression des mauvaises herbes. Il est impératif d’implanter les cultures dans des champs propres et de garder le contrôle des mauvaises herbes.


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