Les couvertures flottantes

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Guide 05-02-02
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Production


Le contenu qui suit est issu de :

Weill, A. et J. Duval. (2009). Guide de gestion globale de la ferme maraîchère biologique et diversifiée. Équiterre.

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Parfois appelées géotextiles ou bâches, les couvertures flottantes existent en différentes épaisseurs et tailles. On peut connaître leurs caractéristiques en s’adressant aux compagnies. Deux grands types de couvertures sont disponibles sur le marché : les couvertures non tissées et tissées. Les couvertures non tissées sont de loin les plus utilisées. Elles permettent d’augmenter la température de l’air au printemps ou à l’automne et protègent les cultures contre le vent. Ces couvertures sont aussi utilisées pour lutter contre les insectes au printemps, mais elles sont trop chaudes pour les cultures en été.

Couvertures flottantes non tissées

Durant le jour, les couvertures flottantes non tissées réchauffent moins l’air que les mini-tunnels de plastique transparent perforés (Figure 3), mais elles retiennent davantage de chaleur la nuit plus la nuit. Différentes épaisseurs (densités de fibres) de couverture flottante non tissées sont possibles :

  • 10 g/m² : il s’agit de la couverture la plus légère. Elle n’offre pas de protection contre le gel. Elle sert uniquement à protéger les cultures contre les insectes. Par exemple, elle est intéressante au printemps contre la mouche du chou. Cette couverture est fragile et ne peut généralement pas être réutilisée une deuxième année. De plus, la légère augmentation de température qui se produit en été sous ce type de couverture est nuisible aux plantes de climat frais;
  • 17 ou 19 g/m² : ces couvertures sont les plus utilisées en maraîchage. Elles protègent à la fois contre le gel et les insectes. À petite échelle, elles peuvent être réutilisées plus d’une année, mais elles s’abîment quand même facilement;
  • couvertures plus épaisses (exemple : 22 ou 30 g/m²) : leur utilisation peut être envisagée si les risques de gel fort sont importants ou pour la protection hivernale d’une culture comme les fraises. Il est aussi possible de doubler une couverture de 17 g/m² pour obtenir une protection contre le gel similaire, voire meilleure que celle d’une toile plus épaisse.

Nous utilisons des couvertures flottantes de 17 g/m². Au printemps, les plantes sont en croissance, et le besoin de lumière est important. Il vaut donc mieux ne pas utiliser des couvertures trop épaisses. À l’automne, il est possible d’utiliser des couvertures flottantes de 20 g/m², car le besoin en lumière est plus faible. Il faut bien ranger les géotextiles et, surtout, bien les identifier (avec leur longueur) pour pouvoir les réutiliser.

Il est recommandé d’utiliser des arceaux pour les jeunes plants fragiles, comme les plants de tomates, qui peuvent être cassés par la toile qui bat au vent et pour une meilleure protection contre le gel. En effet, les feuilles qui touchent à la toile ne sont pas bien protégées du gel.


Figure 1. Couvertures flottantes non tissées large maintenue au sol par des sacs de sable. Attention! Il faut utiliser des sacs en plastique résistant au soleil.


Couvertures flottantes tissées

Les couvertures tissées, aussi appelées filets, voiles ou moustiquaires, ne réchauffent pas l’air et sont utilisées uniquement pour empêcher les insectes d’accéder aux cultures. Elles sont beaucoup plus chères que les toiles non tissées, mais plus résistantes, et certaines d’entre elles peuvent être utilisées pendant plusieurs années. Il faut contacter directement les fournisseurs pour avoir plus d’information, d’autant plus qu’il s’agit d’un marché en pleine évolution. Deux paramètres doivent être pris en considération au moment de choisir une couverture de ce type :

  • la taille des mailles : la taille des mailles des produits actuellement disponibles est de 0,05 mm, 0,8 mm et 1,35 mm. Le choix de la taille doit se faire selon le type d’insecte à exclure. Selon des observations faites sur les fermes, les mailles de 1,35 mm laissent passer les altises et la cécidomyie du chou-fleur;
  • le poids du filet : celui-ci varie de 12 g/m² à 120 g/m². En général, plus le poids est élevé, plus le produit est résistant.

Attention : au moment d’écrire ces lignes, des observations faites au champ semblent indiquer que certains filets lourds augmentent tout de même la température de l’air. Dans certains cas, les rendements des brassicacées ont été affectés par ce type de couverture.

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Figure 2. Couvertures tissées à mailles de 1,35 mm. Le poids d’une telle couverture est de 65 g/m², ce qui est très lourd.

Comme pour les couvertures flottantes non tissées et les mini-tunnels, il est préférable (mais pas indispensable) d’utiliser des arceaux pour soutenir les couvertures tissées afin de protéger les plantes contre le battement dû au vent. La présence d’arceaux limite toutefois la possibilité de faire du désherbage mécanique.

Notre ferme étant située en région froide, nous utilisons la couverture flottante de 17 g/m² contre le gel au printemps et à l'automne et c'est très efficace.

L'utilisation de la couverture flottante non tissée de 10 g/m² contre les insectes n'est pas satisfaisante. Cette couverture est très fragile (elle dure à peine une saison) et la température augmente trop durant le jour dans les brassicacées. En effet, les variations de température au printemps sont trop importantes. Les températures pouvant être très élevées même en mai et en juin, il faudrait courir enlever la couverture à tout bout de champ. Selon nos observations, elle protège quand même un peu du gel.

Pour les brassicacées, après plusieurs ratés, nous croyons que le voile tissé anti-insectes importé de France, très cher pour le moment, est de beaucoup supérieur pour les raisons suivantes :

  • pas d'accumulation de chaleur;
  • pas de perte de lumière ni d'excès d'humidité comme avec la couverture flottante de 17 g/m²;
  • il est moins fragile et plus facile à manipuler que la couverture flottante de 10 g/m².

La taille des mailles du filet que nous utilisons est de 0,8 mm et le poids du filet est de 17 g/m².

La pose d’une couverture flottante se fait souvent de façon manuelle. Les techniques utilisées pour la maintenir au sol sont variées :

  • certains producteurs utilisent des sacs de sable et les disposent sur le rebord de la couverture à intervalles réguliers (Figure 1);
  • certains utilisent de longues barres en métal de type armature à ciment, qu’ils placent sur le sol le long de la couverture (Figure 2);
  • certains recouvrent le rebord de sol, mais cette technique augmente le risque de déchirures lors de l’enlèvement.

Les couvertures flottantes doivent être enlevées pour le désherbage. Une certaine mécanisation est possible pour la pose et l’enlèvement dans le cas de très grandes superficies (exemple : système Hiwer).

Mini-tunnels

Les mini-tunnels en plastique perforé servent pour les primeurs (Figure 3). L’expérience sur le terrain montre que, malgré les perforations, ils offrent une bonne protection contre les chrysomèles rayées qui attaquent les cucurbitacées. Plusieurs couleurs de plastique et différentes densités de perforation sont disponibles. Le choix doit se faire en fonction de la chaleur désirée et en discutant avec les fournisseurs.

Idéalement, le site doit être à l’abri du vent, sur un coteau, car le froid s’accumule dans les bas-fonds, et le sol doit être en bon état. Les buttes sont de rigueur et devraient avoir de 7,5 à 15 cm (3 à 6 po) de hauteur. Il est recommandé d’utiliser un paillis de plastique photosélectif pour un meilleur réchauffement du sol. Le plastique noir est déconseillé pour deux raisons : le sol se réchauffe moins bien qu’avec le paillis photosélectif et la chaleur est gardée au-dessus du plastique. L’air devient alors trop chaud dans le mini-tunnel.

Je sème les transplants de cucurbitacées en serre au début de mai et les transplante dans les mini-tunnels vers le 20 mai. J’enlève les mini-tunnels vers le 10 juin pour une récolte vers le 20-24 juin. Les mini-tunnels en plastique perforé permettent de récolter de 15 à 20 jours plus tôt qu’en culture à ciel ouvert, et les couvertures flottantes de 7 à 10 jours plus tôt.

Les mini-tunnels que j’utilise comportent 500 trous/m². Avec cette densité de perforation, l’air se réchauffe sans être trop chaud, ce qui évite d’avoir à enlever le plastique durant une partie de la journée. Lors de la pose, il faut s’assurer que le plastique soit bien tendu. On constate une bonne tension lorsque le plastique fait pencher les arceaux de métal.

Pour la transplantation, la séquence de travail est la suivante : plantation le matin, suivie deux heures plus tard de l’irrigation goutte à goutte (ce type d’irrigation est indispensable); pose des mini-tunnels en après-midi. Tout doit être fini le soir.

Finalement, dès que la température extérieure atteint 25 °C trois jours de suite, j’enlève les mini-tunnels pour le reste de la saison.


Figure 3. Mini-tunnels en plastique perforé


Plutôt que d’enlever les mini-tunnels rapidement, il est aussi possible de les déchirer pour agrandir les ouvertures et réduire la température. Les plants continent à être protégés contre le vent. Je place un thermomètre dans l’un des mini-tunnels. Lorsque la température dépasse 32-35 °C plus de deux jours de suite, je fais des ouvertures. Je retarde le plus possible le retrait des mini-tunnels, idéalement jusqu’à une bonne floraison.


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