Sous-solage

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La largeur d’une planche est mesurée du centre d’une allée jusqu’au centre de l’autre (centre à centre). En général, la largeur varie de 1,5 m à 1,8 m (5 à 6 pi.). La largeur utile d’une planche de 1,5 m est toutefois de 1,1 à 1,2 m (3,5 à 4 pi), car il faut soustraire la zone de passage des roues du tracteur (Figure 1). Une largeur de 1,5 m est probablement celle qui donne le meilleur ratio passages/espace cultivé. De façon générale, pour des sarclages manuels, il est plus facile de travailler sur des planches de 1,5 m ou moins. Sur des planches de 1,8 m, il est plus difficile d’atteindre le milieu de la planche sans y poser les pieds.

Modèle:DeuxImages

Avec un système de planches, les légumes sont plantés sur un rang (tomates, courges), sur deux rangs (aubergines, piments, crucifères, concombres, haricots), ou encore sur trois rangs (la plupart des légumes racines, laitues, oignons, ail) (Tableau 1). Certaines cultures, comme le mesclun et le radis, sont souvent semées sur plus de trois rangs; en culture manuelle, lorsque la fertilité et la disponibilité d’eau le permettent, on peut prévoir jusqu’à cinq rangs pour ces cultures.

La largeur des planches et l’espacement entre les légumes sur celles-ci doivent être choisis en fonction des contraintes de la ferme. Si la superficie est limitée, on cherchera à rapprocher les rangs sur une même planche. Il en est de même si le désherbage est manuel, car on vise à désherber la plus petite superficie possible. Au contraire, si l’on recherche la rapidité lors du désherbage mécanique, il peut être intéressant d’espacer davantage les rangs.

Il est à noter que les planches de 1,5 m ne conviennent pas très bien pour la pomme de terre, car les plants sont un peu à l’étroit sur deux rangs et trop espacés sur un rang.

Tableau 1. Largeur des planches et nombre de rangs par planche pour quelques fermes

Ferme Largeur des planches Cultures en rang simple Cultures en rangs doubles Cultures en rangs triples ou plus
Les Jardins de Tessa 1,8 m (6 pi) Tomates et Cucurbitacées1 Piments

Aubergines Crucifères Haricots

Légumes-racines et légumes-feuilles
Le Vallon des Sources 1,5 m (5 pi) Tomates et Cucurbitacées Piments

Aubergines Crucifères Haricots Pommes de terre

Légumes-racines et légumes-feuilles
Le Verger aux 4 Vents 1,4 m (4,5 pi) Tomates

Aubergines Cerises de terre Cucurbitacées Pommes de terre

Autres légumes Aucune
Les Jardins de la Grelinette 1,2 m (4 pi) Tomates Cucurbitacées Aubergines Piments

Crucifères Fèves

Choux kale, laitue

Betteraves sur 4 rangs Carottes sur 5 rangs Mesclun sur 6 rangs

Notes

  1. Certaines courges sont plantée seulement une planche sur deux en raison de leur croissance importante.

« La plupart de nos opérations sont manuelles; la largeur du tracteur n’est donc pas une contrainte pour déterminer la largeur de nos planches. Nous avons choisi une largeur de planche de 1,2 m (4 pi) centre à centre pour une largeur utile de 76 cm (30 po). Une densité élevée de légumes permet de mieux faire compétition aux mauvaises herbes. »

« Nos planches ont 1,8 m (6 pi) de largeur centre à centre. Selon les légumes, il y a un, deux ou trois rangs par planche. Tout l’équipement est ajusté en fonction de ces espacements. Le transplanteur Powell à disque est utilisé pour transplanter deux ou trois rangs. Les légumes plantés sur un seul rang sont habituellement sur paillis plastique et transplantés à la main. »

« La largeur de nos planches centre à centre est de 1,4 m (4,5 pi). Peu importe les légumes, l’espacement minimal entre les rangs est de 45 cm (18 po), ce qui correspond à l’espacement minimal du transplanteur. Le semoir est ensuite ajusté au même espacement pour standardiser le désherbage. On compense en ajustant l’espacement entre les plants sur le rang. »

« Nous cultivons à plat avec un espacement de 75 cm entre les rangs, sauf pour les pommes de terre, les fraises et les cultures sur paillis plastique. »

Buttes

Les planches peuvent être buttées afin d’être surélevées par rapport aux allées où passent les roues du tracteur (Figure 2). Le buttage est recommandé lorsqu’un paillis plastique est utilisé.

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Il y a plusieurs avantages à avoir des planches surélevées :

  • les buttes se drainent plus vite que l’ensemble du champ, ce qui est un argument de taille pour les sols mal drainés;
  • elles se réchauffent plus rapidement au printemps;
  • elles permettent d’avoir une couche de terre meuble plus épaisse, ce qui est très intéressant pour les sols minces ou les légumes-racines comme les carottes (il est toutefois possible de sous-soler lorsque les cultures sont à plat).

Toutefois, les buttes comportent aussi des désavantages, surtout s’il n’y a pas de paillis plastique. Le buttage a tendance à assécher les sols ayant une texture grossière, ce qui peut être un problème lors de printemps très secs. Le buttage devrait donc être évité dans les sols qui ont une faible rétention d’eau (sables moyens et grossiers), sauf s’il s’agit de sols très minces. Le buttage sans paillis plastique est plus intéressant en sol lourd ou mal drainé qu’en sol très léger. Un autre désavantage des buttes est qu’elles requièrent un dégagement important sous le tracteur pour ne pas endommager les cultures lors du désherbage mécanique ou une autre opération impliquant le passage du tracteur au-dessus des planches. Le désherbage du rebord des buttes est difficile également.

Une butteuse peut être achetée, louée ou fabriquée. Avant le buttage, le sol doit être ameubli par un travail profond, car la butteuse fonctionne mal si le sol est dur. S’il n’y a pas suffisamment assez de terre meuble, il faut utiliser une butteuse plus large et cela prend plus d’espace entre les rangs. Il faut choisir la butteuse en fonction du type de sol. Les buttes doivent être fermes; quand on marche dessus, on ne doit voir que la trace du talon. Le buttage se fait généralement au printemps, mais peut se faire à l’automne, surtout si le sol est mal drainé. Le buttage permettra alors d’entrer au champ plus rapidement au printemps suivant. Les buttes formées à l’automne peuvent avoir de 15 à 20 cm de hauteur. Les engrais vert semés sur ces buttes en fin de saison peuvent être laissés jusqu’au printemps suivant. Il faut alors être capable de bien les enfouir pour que les résidus n’interfèrent pas avec les semoirs ou planteurs. Cette technique a été mise au point par Denis La France et a donné de bons résultats en sol mal drainé (La France, 2007). Elle est particulièrement intéressante pour les oignons ou des cultures de primeur plantées à la main comme les oignons à botteler.

Planches permanentes

La technique des planches permanentes implique que le tracteur passe toujours aux mêmes endroits dans le champ et que les planches restent exactement aux mêmes endroits d’année en année. Cette technique comporte de nombreux avantages. En effet, en maraîchage, les passages avec le tracteur pour diverses opérations (plantation ou semis, désherbages, entretien, récolte, etc.) sont fréquents, ce qui compacte le sol. Même en sol léger, avec un petit tracteur, le sol devient compact; un travail profond du sol avec une charrue, un chisel ou des disques lourds est nécessaire à chaque année ou presque. L’utilisation de planches permanentes est la seule façon de diminuer le travail du sol tout en évitant les impacts négatifs de la compaction. C’est aussi l’une des seules façons de produire des légumes en sol très lourd, car ce dernier reste meuble là où poussent les légumes. Un sous-solage des planches permanentes peut toutefois s’avérer nécessaire à l’occasion.

« Notre sol est une argile lourde naturellement mal drainée. Alors que nous avons reçu la prime à l’établissement, le MAPAQ nous avait suggéré de louer des terres ailleurs étant donné le faible potentiel agronomique de notre terre. Toutefois, voulant cultiver notre terre, nous avons fait des recherches sur les différentes méthodes culturales en sol argileux. C’est ainsi que nous avons trouvé un livre sur la gestion des sols argileux propres à la Grande-Bretagne, dans lequel l’auteur recommande une gestion en trois étapes :

  • creuser un fossé autour de chaque parcelle cultivée pour faciliter l’évacuation de l’eau et détourner l’eau provenant des autres parcelles. Il s’agit là d’une méthode qui est aussi largement pratiquée au Québec et qui reste valable;
  • labourer la parcelle une seule fois au début, puis établir à travers celle-ci des planches rondes de 10 m de largeur et 30 cm de hauteur pour permettre d’évacuer l’eau;
  • faire des petites planches permanentes d’environ 1,5 m de largeur sur les planches rondes. Le passage des roues doit se faire toujours au même endroit.

Sur notre ferme, il y a six petites planches par planche ronde. Les petites planches ne sont pas surélevées et demeurent toujours au même niveau. En général, il y a deux rangs de légumes par planche. Il a fallu adapter la machinerie en conséquence. Les résultats sont excellents.

À l’automne, les planches sont laissées en engrais vert ou travaillées avec une herse à dents. Étant donné qu’il faut passer toujours sur les mêmes traces, c’est toujours moi qui fais les travaux mécaniques. C’est difficile de reconnaître précisément les planches de 1,5 m sur la grande planche ronde mais, dès que j’en trouve une, le reste va très bien. J’acquiers de l’expérience à chaque année, mais je laisse tout de même un petit rang à l’automne pour m’aider à retrouver les planches au printemps. Nous avons un rotoculteur, mais on le passe seulement à la surface pour éviter le compactage. Nous utilisons aussi des herses à dents.

Notre terrain n’est pas égal. La partie la plus basse a dû être drainée souterrainement et ne peut être cultivée qu’en début d’été. Au printemps, nous cultivons seulement sur les parcelles les plus élevées. Il n’y a pas d’accumulation d’eau dans les traces de roue laissées par le tracteur, car l’eau s’infiltre bien dans les planches étant donné qu’elles ne sont pas du tout compactées.

Malgré la texture très lourde de notre sol, nous arrivons à produire des pommes de terre. Nous ne plantons qu’un rang par planche ce qui résulte en un espacement entre-rang beaucoup plus élevé que si nous avions un sol léger. Pour les carottes, nous ameublissons le sol en profondeur avec une charrue modifiée à trois raies (les versoirs ont été enlevés pour faire un genre de chisel), puis passons le peigne pour égaliser la surface du sol. Une semaine après, nous faisons un faux-semis à l’aide d’un deuxième passage de peigne, puis semons les carottes. »

Certains producteurs font aussi des planches permanentes qui sont surélevées (buttes permanentes).

« Les buttes sont permanentes sur notre ferme. Comme nous ne sommes pas mécanisés, ce système est idéal. Le travail profond du sol est complètement éliminé. Deux rotoculteurs sont utilisés pour travailler le sol. Un gros rotoculteur, d’une largeur de 75 cm (30 po), travaille le sol sur toute la largeur des planches. Un petit rotoculteur, d’une largeur de 45 cm (18 po), est utilisé pour les entre-rangs. »

« Notre sol est un loam ni sableux, ni argileux (18 % d'argile), mais il contient une bonne proportion de limon. Ce sol est fertile, mais a pour caractéristique d'être froid et sensible à la déstructuration et à la battance. L’utilisation de buttes permet au sol de se réchauffer plus vite. Dans des sols « froids » comme le nôtre, les buttes sont presque une obligation, surtout quand la saison est pluvieuse. Dans le cas de fortes pluies, elles permettent un ressuyage beaucoup plus rapide du sol, ce qui rend les cultures beaucoup moins sensibles à la pourriture.

Nous cultivons sur des planches de 1,5 m, dont 1,2 m entre les roues du tracteur. Nous passons la herse à disques à la fin de la récolte pour briser les résidus de culture tout en laissant une surface moins susceptible à l'érosion qu'une butte tassée. Le sol n'est jamais labouré.

Les buttes sont surélevées de 15 à 20 cm de façon à offrir une surface utile de 0,90 m sur le dessus. Elles sont refaites au même endroit tous les deux ans après avoir préalablement ouvert le sol à une profondeur de 35-40 cm avec un appareil à deux dents rigides espacées de 40 cm. La rotobutteuse que nous utilisons est constituée d'un rotoculteur lourd muni de deux disques latéraux qui ramènent la terre vers les battants, conçus de manière à la répartir uniformément. Un rouleau monté à l'arrière plombe la terre. On ajuste la pression du rouleau avec le troisième point du tracteur (35 HP). La plantation peut se faire aussitôt après le passage de l’instrument. »

Un système de planches permanentes sans utilisation de rotoculteur a été développé en Europe, lequel a été validé par le Cégep de Victoriaville et l’Institut de recherche et de développement en agroenvironnement (IRDA). Pour plus de détails, voir Système de planches permanentes en culture maraîchère (2015).

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