Mise en place de la rotation à l’échelle de la ferme
Guide 02-03-04
Le contenu qui suit est issu de :
Weill, A. et J. Duval. (2009). Guide de gestion globale de la ferme maraîchère biologique et diversifiée. Équiterre.
Pour contribuer, vous pouvez commenter (en bas de page) ou démarrer une discussion sur le sujet (bouton « … » en haut à droite). Pour modifier le contenu, veuillez contacter les auteur·rices ou écrire à l’équipe du WM. Pour suivre l'évolution de cette page, sélectionnez l'option à cet effet dans le menu "...".
La planification de la rotation est un outil de gestion inestimable. Elle permet de s’assurer d’une bonne alternance des cultures et de gérer adéquatement la fertilisation et les mauvaises herbes. L’élaboration d’un plan de rotation fixe est complexe et nécessite au préalable une assez bonne connaissance de la production d’une ferme, des superficies requises et des besoins en différents légumes. Pour éviter de modifier constamment (ou ne pas respecter !) un plan établi, il est conseillé d’attendre quelques saisons (après la période d’expansion durant laquelle le nombre de paniers peut doubler chaque année) avant d’investir du temps dans l’organisation d’une rotation plus complexe en blocs de cultures comme celle qui est présentée ci-après.
Pour mettre en place la rotation, il faut déterminer, pour chaque parcelle, quelle sera la succession des cultures en fonction des besoins et des limites de la ferme. Le principe de base est de rassembler les cultures en grands groupes, appelés blocs de cultures.
Les étapes à suivre sont les suivantes.
Étape 1. Regrouper les cultures
Les cultures peuvent être regroupées de plusieurs façons (par familles de légumes, par exigences de fertilité, par dates de semis, etc.). Le regroupement résulte d’un choix qui s’effectue en fonction des besoins de la ferme.
Dans l’exemple qui suit (Tableau 1), on a regroupé les légumes principalement en fonction de leur famille.
Tableau 1. Exemple de regroupement pour une petite ferme fictive
| Groupe | Superficie nécessairea |
|---|---|
| Engrais vert | 6 000 m² |
| Légumes racines | 1 500 m² |
| Verdures | 2 000 m² |
| Solanacées | 6 000 m² |
| Cucurbitacées | 4 000 m² |
| Crucifères | 6 000 m² |
Notes
- Les superficies ont été choisies pour illustrer la démarche et ne sont pas typiques d’une production ASC.
Après le regroupement, la ferme doit être divisée en autant de sections de superficie égale (blocs) qu’il y a d’années dans la rotation. Un bloc est un ensemble de parcelles ayant le même groupe de cultures et la même place dans la rotation. Les parcelles peuvent être disséminées sur la ferme. Dans chaque bloc, les cultures se succèdent selon la rotation établie.
Il faut donc rediviser les groupes ou les fusionner de façon à obtenir des blocs de superficie égale. Dans l’exemple de la ferme Le Verger aux 4 Vents et de la ferme coopérative Tourne-Sol, ce travail a déjà été fait et les groupes indiqués sont aussi des blocs (tous les groupes ont la même superficie).
Pour faire cet exercice avec l’exemple du tableau 1, il faut déterminer la superficie des blocs qui semble la plus adéquate.
Étape 2. Établir la superficie des blocs
Dans un premier temps, on peut choisir une superficie correspondant à la superficie nécessaire pour le plus petit groupe de cultures déterminé à l’étape 1. Dans l’exemple présenté au tableau 1, la superficie de base pourrait être de 1 500 m².
Étape 3. Calculer le nombre de blocs
Le nombre de blocs est calculé afin de respecter le plus possible la superficie de chaque groupe. Selon la superficie requise pour chaque groupe de cultures, il peut être nécessaire d’avoir un ou plusieurs blocs par groupe (Tableau 2).
Tableau 2. Nombre de blocs de 1 500 m² nécessaires pour établir la rotation (ferme fictive)
| Groupe | Nombre de blocs de 1 500 m² |
|---|---|
| Engrais vert : 6 000 m² | 4 |
| Légumes racines : 1 500 m² | 1 |
| Verdures : 2 000 m² | 1a |
| Solanacées : 6 000 m² | 4 |
| Cucurbitacées : 4 000 m² | 3 (pour un total de 4 500 m²)a |
| Crucifères : 6 000 m² | 4 |
| Nombre total de blocs | 17 |
Notes
- Il faut faire des compromis; il n’est pas possible d’avoir des chiffres exacts!
Dans cet exemple, la ferme aurait donc besoin de 17 blocs; la rotation serait donc de 17 ans, ce qui est très long.
Pour en arriver à un plus petit nombre de blocs et une rotation moins longue, on peut constituer des blocs plus grands en combinant les groupes de cultures qui occupent les plus petites superficies. Par exemple, on peut regrouper les légumes racines et les verdures pour obtenir une superficie combinée de 3 500 m². La superficie des blocs peut alors être de 2 000 m² ou 3 000 m². Avec des blocs de 2 000 m², il faut deux blocs de légumes racines et de verdures. Avec des blocs de 3 000 m², il en faut seulement un. Le nombre de blocs est ainsi moins élevé (Tableau 3). Cela implique d’effectuer une certaine approximation des superficies de cultures.
Tableau 3. Nombre de blocs de 2000 ou 3000 m² nécessaires pour établir la rotation (ferme fictive)
| Groupe | Nombre de blocs de 2 000 m² |
Nombre de blocs de 3 000 m² |
|---|---|---|
| Engrais vert : 6 000 m² | 3 | 2 |
| Légumes racines et verdures : 3 500 m² | 2 | 1 |
| Solanacées : 6 000 m² | 3 | 2 |
| Cucurbitacées : 4 000 m² | 2 | 1 |
| Crucifères : 6 000 m² | 3 | 2 |
| Nombre total de blocs | 13 | 8 |
Étape 4. Décider de la succession des cultures dans le temps
La rotation comporte autant d’années qu’il y a de blocs. Dans l’exemple précédent, avec des blocs de 3 000 m², la rotation de 8 ans pourrait se dérouler comme l’indique le tableau 4. Le tableau 5, quant à lui, présente la rotation pour chaque bloc de parcelles.
Tableau 4. Succession des cultures en fonction du nombre de blocs (ferme fictive)
| Année | Culture |
|---|---|
| 1 | Engrais vert |
| 2 | Crucifères |
| 3 | Cucurbitacées |
| 4 | Solanacées |
| 5 | Engrais vert |
| 6 | Crucifères |
| 7 | Verdures et légumes racines |
| 8 | Solanacées |
Tableau 5. Succession des cultures dans le temps et dans chaque bloc (ferme fictive)
| Année | Bloc 1 | Bloc 2 | Bloc 3 | Bloc 4 | Bloc 5 | Bloc 6 | Bloc 7 | Bloc 8 |
|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
| 1 | Engrais vert | Crucifères | Cucurbitacées | Solanacées | Engrais vert | Crucifères | Verdures et légumes racines | Solanacées |
| 2 | Crucifères | Cucurbitacées | Solanacées | Engrais vert | Crucifères | Verdures et légumes racines | Solanacées | Engrais vert |
| 3 | Cucurbitacées | Solanacée | Engrais vert | Crucifères | Verdures et légumes racines | Solanacées | Engrais vert | Crucifères |
| 4 | Solanacées | Engrais vert | Crucifères | Verdures et légumes racines | Solanacées | Crucifères | Cucurbitacées | Solanacées |
| 5 | Engrais vert | Crucifères | Verdures et légumes racines | Solanacées | Engrais vert | Crucifères | Cucurbitacées | Solanacées |
| 6 | Crucifères | Verdures et légumes racines | Solanacées | Engrais vert | Crucifères | Cucurbitacées | Solanacées | Engrais vert |
| 7 | Verdures et légumes racines | Solanacées | Engrais vert | Crucifères | Cucurbitacées | Solanacées | Engrais vert | Crucifères |
| 8 | Solanacées | Engrais vert | Crucifères | Cucurbitacées | Solanacées | Engrais vert | Crucifères | Verdures et légumes racines |
Étape 5. Déterminer quelles parcelles regrouper dans chaque bloc
Une fois la superficie et la culture de chaque bloc connues, on détermine comment regrouper les parcelles de la ferme à l’intérieur de chaque bloc. Les parcelles n’ont pas besoin d’être côte à côte. Il faut les regrouper de façon que la somme de leurs superficies soit à peu près égale à celle du bloc. Avec 8 blocs de 3 000 m², il faut 8 groupes de parcelles dont la superficie s’approche de 3 000 m².
Aucun mot clé.
