Répression des maladies

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Le contenu qui suit est issu de :

Weill, A. et J. Duval. (2009). Guide de gestion globale de la ferme maraîchère biologique et diversifiée. Équiterre.

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Principes de base et approche préventive

Les maladies sont nombreuses et l’utilisation d’un document comportant des photos et une description des différentes maladies est indispensable pour les identifier avec exactitude. Pour les novices, l’avis d’un expert est souhaitable, car il est parfois difficile de distinguer les problèmes. Certains symptômes peuvent être confondus avec des désordres physiologiques (carence, stress hydrique, etc.).

Les maladies sont provoquées soit par des champignons (mycoses), soit par des bactéries (bactérioses) et, occasionnellement, par des virus (viroses). Le risque de répandre la maladie dans tout le champ lors des interventions est beaucoup plus élevé dans le cas de bactérioses.

Les principales méthodes de prévention des maladies sont les suivantes :

  • permettre la meilleure aération possible des légumes afin qu’ils s’assèchent rapidement. Il faut orienter les rangs parallèlement aux vents dominants (si les rangs sont perpendiculaires, le premier rang bloque le vent et les autres ne sont pas ventilés);
  • éviter de semer les légumes à une densité élevée afin de permettre une bonne aération;
  • enfouir les résidus de cultures, car ils peuvent être une source de contamination;
  • dans certains cas, détruire les plants malades ou la partie des plants malades (il faut connaître la maladie pour savoir si cette méthode est efficace);
  • toujours intervenir dans les champs en conditions sèches. Ne pas circuler dans le champ lorsque les plants sont humides et ne pas circuler d’une zone infestée vers une zone saine;
  • suivre l’évolution des conditions climatiques afin d’évaluer l’importance des risques (ils sont beaucoup plus élevés lorsque la saison est pluvieuse);
  • organiser une rotation qui prévoit un intervalle de trois ou quatre ans entre deux cultures sensibles à la même maladie. Cet intervalle est fonction du type de maladie;
  • lors du tuteurage ou de la taille des plants de tomates (ou d’autres légumes, s’il y a lieu), désinfecter régulièrement le matériel (sécateurs, gants) afin de ne pas propager les maladies. On peut utiliser de l’alcool pour désinfecter;
  • s’assurer de conditions de croissance optimale, sinon les plants sont facilement attaqués;
  • assurer un bon contrôle des mauvaises herbes, car ces dernières contribuent à maintenir des conditions humides dans l’environnement des plants;
  • irriguer le matin pour permettre aux plants de s’assécher pendant la journée. L’irrigation goutte à goutte permet de garder les plants plus secs qu’avec l’irrigation par aspersion;
  • s’assurer d’utiliser des semences exemptes de pathogènes. Certaines semences peuvent être traitées à l’eau chaude (voir la section Le traitement des semences à l’eau chaude).

Les principales maladies et leur répression

Malgré toutes les mesures préventives, certaines maladies apparaissent presque chaque année. Les maladies fréquemment observées sur les fermes biologiques du Québec sont indiquées dans les tableaux 1 à 4, accompagnées de renseignements sur leur mode de propagation, les moyens de prévention et les produits de lutte. Cette liste n’est toutefois pas exhaustive. Les produits mentionnés sont homologués, à moins d’indication contraire, et le nom commercial est indiqué entre parenthèses sauf pour le cuivre. Le choix de variétés résistantes est à privilégier comme méthode de lutte (vérifier les catalogues de semences). Les références citées permettent d’accéder à des documents qui traitent des maladies en question sur Internet.

Tableau 1. Maladies des alliacées les plus courantes en production biologique au Québec (M : mycose)

Maladies des alliacées (voir Chaput, 1995) Propagation Méthodes préventives particulièrement importantes Produits phytosanitaires ayant une certaine efficacité
Botrytis (M)

(Figure 1)

Sol, résidus d’alliacées
  • Incorporer les débris végétaux au sol
  • Rotation
Bacillus subtilis (Serenade)
Alternaria (tâche pourpre) (M) Résidus d’alliacées
  • Incorporer les débris végétaux au sol
  • Rotation
Cuivre (non homologué pour lutter contre cette maladie)
Mildiou (M) Oignons qui repoussent au printemps, plantes-hôtes, résidus d’alliacées
  • Maintenir une grande distance entre le champ et les champs de l’année précédente où il y a des repousses d’oignons au printemps
Cuivre, Bacillus subtilis (Serenade).
Fusariose (M) Sol
  • Faire une rotation de trois ans avec cultures non sensibles (carotte, laitue, céleri, betterave)
  • Utiliser des cultivars résistants
Biofongicide dans le terreau (voir le chapitre Produits phytosanitaires, lutte biologique et pulvérisation)

Tableau 2. Maladies des brassicacées les plus courantes en production biologique au Québec (M : mycose, B : bactériose)

Maladies des brassicacées (voir Wukash et Hunter, 1990) Propagation Méthodes préventives particulièrement importantes Produit phytosanitaire ayant une certaine efficacité
Chou-fleur Alternaria (M) Semences, sol, résidus de brassicacées Cuivre, Bacillus subtilis (Serenade, Rhapsody)
Nervation noire (B) Semences, sol, résidus de brassicacées
  • Utiliser des semences certifiées, exemptes de maladie
  • Traiter les semences à l’eau chaude
  • Incorporer les débris végétaux
  • Rotation minimale de trois ans
  • Ne pas circuler dans le champ en conditions humides
  • Utiliser des cultivars tolérants lorsqu’ils sont disponibles
Pas de traitement possible

Brocoli 

Pourriture molle (B)

Sol
  • Utiliser des cultivars dont la tête est ronde (en forme de dôme) et dépasse du feuillage, ce qui assure une bonne élimination de l’eau sur la tête
Pas de traitement possible

Tableau 3. Maladies des cucurbitacées les plus courantes en production biologique au Québec (M : Mycose, B : bactériose)

Maladies des cucurbitacées Propagation Méthodes préventives particulièrement importantes Produits phytosanitaires ayant une certaine efficacité
Oïdium (blanc) (M)
  • Faire deux ou trois semis de concombre et zucchini durant l’été
Bicarbonate de potassium (Milstop), Bacillus subtilis (Serenade, Rhapsody), bicarbonate de soude (non homologué), soufre, cuivre
Tache angulaire (B) Semences infectées
  • Il existe des cultivars tolérants à la tache angulaire
Cuivre
Flétrissement bactérien (B) Par la chrysomèle rayée du concombre uniquement
  • Répression de la chrysomèle rayée du concombre
  • Arracher les plants atteints dès que l’on constate la présence de la maladie
Lutte impossible à partir du moment où la bactérie affecte le feuillage

Tableau 4. Maladies des solanacées les plus courantes en production biologique au Québec

Maladies des solanacées Propagation Méthodes préventives particulièrement importantes Produits phytosanitaires ayant une certaine efficacité
Tomates Septoriose, souvent en association avec l’alternariose Sol et résidus de tomates
  • Faire une rotation de 3 à 4 ans
  • Éviter les blessures aux plants
  • Arroser le matin pour que les plants aient le temps de sécher dans la journée
  • Désinfecter le matériel utilisé pour les transplants (cabarets, tables de serre), tuteurs, etc.
  • Certains cultivars sont tolérants à Alternaria. Il y a aussi des cultivars résistants à la septoriose.
Cuivre, Bacillus subtilis (Serenade) (homologué contre Alternaria seulement)

Tomates

Maladies bactériennes (voir Lacroix, 2004; Villeneuve, 2004) : chancre bactérien, tache bactérienne (aussi appelée gale bactérienne) et moucheture bactérienne


Poivrons

Tache bactérienne (aussi appelée gale bactérienne) et moucheture bactérienne

Semences, sol et résidus de tomates
  • Traiter les semences à l’eau chaude
  • Désinfecter le matériel utilisé pour les transplants (cabarets, tables de serre), tuteurs, etc.
  • Incorporer les débris végétaux
  • Faire une rotation minimale de trois ans
  • Faire un traitement au cuivre des transplants moins d’une semaine avant la mise en champ
  • Éviter toute manipulation des plants lorsque le feuillage est mouillé (tuteurage, édrageonnage)
  • Il existe des cultivars de poivron résistants à la tache bactérienne
Cuivre, Bacillus subtilis (Serenade, Rhapsody) (homologués pour la lutte contre la tache bactérienne et la moucheture bactéreinne seulement)

Pomme de terre

Mildiou

Pomme de terre de semence, résidus et repousses de pomme de terre
  • Détruire les résidus et repousses
  • Utiliser des semences saines
  • Détruire les fanes infectées deux semaines avant la récolte afin de réduire l’infection des tubercules
  • Certains cultivars ont une résistance à certaines races de mildiou
Cuivre

Le traitement des semences à l’eau chaude

Les bactéries sont souvent transmises par des semences infectées. Plus le pathogène est en contact tôt avec la plante, plus grave sera l’attaque. La désinfection des semences à l’eau chaude est donc une mesure importante pour limiter un certain nombre de maladies, en particulier les maladies bactériennes. Un tel traitement pouvant affecter le taux de germination, il est recommandé de traiter un petit échantillon et d’en tester la germination avant de procéder pour l’ensemble des semences à traiter. Attention ! Certaines compagnies traitent leurs semences à l’eau chaude. Un deuxième traitement diminuant beaucoup le taux de germination, il faut vérifier si un traitement a déjà été fait. Le traitement à l’eau chaude des semences est suggéré pour les aubergines, les tomates, les piments, les carottes, les épinards, les céleris et certaines brassicacées. Attention ! Les semences de chou-fleur sont fragiles et le traitement doit être fait avec beaucoup de précaution. Les semences de cucurbitacées ne doivent jamais être traitées à l’eau chaude.

Les étapes de traitement sont les suivantes :

  • placer les semences dans un tissu de type « coton à fromage ». Pour permettre à la chaleur de bien pénétrer, les graines ne doivent pas être serrées;
  • préchauffer les semences pendant 10 minutes dans une eau à 37 °C;
  • mettre les semences dans l’eau chaude à la température indiquée au tableau 5. Un thermos peut être utilisé à cette fin. La durée et la température du traitement recommandées doivent être rigoureusement respectées. La capacité de germination des semences peut être affectée à une température plus élevée, tandis que les pathogènes peuvent ne pas être détruits à une température plus basse;
  • après le traitement, refroidir immédiatement les semences dans l’eau froide pendant 5 minutes;
  • une fois le traitement terminé, étaler les semences afin de les faire sécher (ne pas les laisser « cuire ») sous le chaud soleil de la serre);
  • semer dans la même semaine afin de limiter l’impact du traitement sur la germination.

Pour plus de détails, plusieurs articles peuvent être consultés (Miller et al.; Villeneuve, 2009).

Tableau 5. Température et durée du traitement à l’eau chaude pour différentes semences

Espèce Température Durée
Chou de Bruxelles, chou, aubergine, tomate, épinard 50 °C 25 min.
Brocoli, chou-fleur, chou kale, chou-rave, navet, rutabaga, carotte 50 °C 20 min.
Poivron 51 °C 30 min.
Laitue, céleri, céleri-rave 47 °C 30 min.


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