Épandage des fumiers, lisiers et composts et aspects réglementaires

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Le contenu qui suit est issu de :

Oeuvre originale : Weill, A. et Duval, J. (2009). Guide de gestion globale de la ferme maraîchère biologique et diversifiée. Équiterre.

Révision : Weill, A., Legault, G., Bergeron, E., Méthé, A., La France, D., St-Arnaud, R., Roy, J., Khanna, R. et Gagné, G. (2022).

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Les fumiers, lisiers et composts doivent être épandus de façon à ne pas polluer l’environnement ni perdre leur valeur fertilisante. Les risques environnementaux associés à l’épandage des fumiers et compost dans un champs sont les suivants :

  • Percolation de contaminants vers la nappe phréatique;
  • Ruissellement de contaminants à la surface du sol;
  • Enrichissement excessif des sols avec l’utilisation de doses trop élevées.

Choix des parcelles à amender

Le choix des parcelles à amender doit être fait en fonction de la rotation et des espèces cultivés à la suite de l’épandage ainsi qu’en fonction des restrictions réglementaires.

Choix des parcelles en fonction des légumes et de la rotation

Typiquement dans les fermes de légumes diversifiés, pour les calculs de fertilisation on regroupe les légumes de même famille qui ont des exigences similaires. Ensuite, l'épandage d'une fertilisation de fond (compost ou fumier) se fait sur certaines parcelles seulement, normalement celles qui sont cultivées en légumes exigeants (voir le chapitre Rotation des cultures et assolement). Le choix d'amender chaque parcelle s'inscrit donc dans le plan de rotation des cultures et doit respecter le cadre réglementaire afin d'éviter la pollution.

Si la quantité d’azote disponible dans l’amendement utilisé est élevée, il est important de cultiver un légume exigeant à la suite de l’application (p. ex.: grosses brassicacées, maïs sucré, solanacées, cucurbitacées). Certaines espèces ont besoin d’azote tôt en saison et en quantité importante (p. ex. : brocoli, épinard, maïs sucré) alors que d’autres ont besoin d’une minéralisation graduelle durant toute la saison (p. ex. : solanacées, cucurbitacées, choux d’hiver, choux de Bruxelles). Dans le premier cas, un fumier ou un compost à faible C/N, appliqué en fin d’été avant un engrais vert, peut être intéressant. Dans le deuxième cas, un compost qui minéralise de façon régulière durant tout l’été peut être plus approprié et peut être appliqué au printemps ou comme le précédent.

Les différents besoins sont habituellement gérés en mélangeant des fertilisants organiques ayant différentes vitesses de minéralisation, d’autant plus que l’on ne peut habituellement pas fertiliser uniquement avec des fumiers et des composts car ils apportent trop de phosphore (voir le chapitre Fertilisation).

Aspects réglementaires

Lors du choix des parcelles à amender, il est important de respecter les distances des puits et des cours d’eau prescrit dans le Règlement sur les exploitations agricoles (REA). On y cite à l'article 30 :   

"L’épandage de matières fertilisantes est interdit dans les milieux suivants :

  1. le littoral d’un lac ou d’un cours d’eau, ou un milieu humide ainsi qu’à l’intérieur d’une bande de 3 m de ceux-ci;
  2. un fossé et à l’intérieur d’une bande de 1 m de ce fossé.

L’épandage des déjections animales doit être fait de manière à ce que les déjections n’atteignent pas les milieux énumérés au premier alinéa."

Par ailleurs, le Règlement sur le prélèvement des eaux et leur protection (RPEP) stipule que la distance à respecter pour les puits varie selon la catégorie de puits et est d’un minimum de 30 m.

Période d’application

Lors du choix de période d’application, il faudra principalement chercher à synchroniser les besoins des plantes et la libération de l’azote des engrais.  Les applications peuvent être faites durant la saison de croissance (printemps, été) ou en post-récolte, avant de semer un engrais vert, pour les cultures de l’année suivante. L’épandage doit être fait sur un sol non gelé et non enneigé. De plus, il n’est permis d’épandre des matières fertilisantes qu’entre le 1er avril et le 1er octobre (REA, article 31). L’épandage après le 1er octobre est toutefois possible avec certaines restrictions (voir plus bas).

Périodes d’application à privilégier pour les fumiers, lisiers et composts

Pour des raisons sanitaires, les normes en agriculture biologique stipulent que les fumiers et lisiers doivent être appliqués au moins 90 jours avant la récolte des cultures qui ne sont pas en contact avec le sol (p. ex.: tomates, choux, haricots) et au moins 120 jours avant récolte pour celles qui le sont (p. ex.: carottes, betteraves, céleri-rave). Par conséquent, ils doivent presque toujours être appliqués l’année précédente, sauf pour les légumes ayant une longue saison de croissance (choux de Bruxelles, pommes de terre tardives, courges d’hiver, etc.) Il n’y a pas de telles restrictions pour les composts conformes aux normes biologiques.

Sur le plan agronomique, la période d’application optimale est fonction du type d’amendement et du rapport C/N (Tableau 1). Plus le rapport C/N d’un amendement est élevé, plus il faut de temps pour qu’il se décompose et libère l’azote qu’il contient et plus l’application doit se faire longtemps avant l’établissement de la culture prévue. Lorsque le rapport C/N est supérieur à 20, et parfois même 15, le processus de décomposition du fumier ou du compost dans le sol peut immobiliser l’azote (dans ce cas, l’amendement absorbe de l’azote du sol pour baisser son rapport C/N). Plus le rapport C/N est faible, plus l’azote est rapidement disponible. Cette règle fonctionne la plupart du temps, mais il peut y avoir des exceptions, en particulier avec les composts.

D’autres facteurs sont à considérer pour le choix de la période d’épandage :

  • risque de compaction : au printemps, la surface du sol s’assèche en premier mais le sous-sol peut rester humide plus longtemps. Les risques de compaction sous la couche travaillée dus à la circulation de la machinerie lourde sont très élevés. Au contraire en été et à l’automne, le sol en profondeur est habituellement assez sec ce qui diminue les risques, sauf les étés pluvieux;
  • texture du sol : le lessivage  peut être plus important en sol sableux. Les épandages au printemps ou en été sont alors à privilégier, ou en fin d’été avant un engrais vert.

L’incorporation en surface doit être faite le plus rapidement possible dans le cas des fumiers, lisiers et composts jeunes. Idéalement moins de 24 heures après l’épandage pour réduire les pertes d’azote par volatilisation et éviter le ruissellement (voir la sous-section Incorporation).

Tableau 1. Périodes d’application à privilégier en fonction du rapport C/N

Rapport C/N Fumiers Composts
Élevé (> 20)
  • Milieu à fin de l’été avec un engrais vert;
  • Pour les applications effectuées tard à l’automne ou au printemps, il faut rajouter une source d’azote disponible rapidement au printemps. En effet, le fumier ou le compost  immobilise d’abord l’azote du sol pour se décomposer avant de libérer l’azote qu’il contient lui-même;
  • Les composts à rapport C/N très élevés, au-dessus de 25-30, devraient être évités car ils peuvent causer une faim d’azote, bloquant l’azote nécessaire à la nutrition des cultures. Ceci est aussi vrai pour l’incorporation des divers autres matériaux riches en carbone (voir le chapitre Le compostage à la ferme).
Moyen (15-20)

P. ex. : certains fumiers de bovin

  • Fin de l’été, avant un engrais vert;
  • À l’automne, application de petites doses, car il y a des risques de pertes d’azote et, par conséquent, un risque environnemental;
  • Application souvent impossible au printemps à cause des délais prescrits par les normes biologiques.
  • Idéal : fin d’été avant un engrais vert (début août);
  • À l’automne, application de petites doses, car il y a un risque de pertes d’azote et, par conséquent, un risque environnemental. Ce risque est toutefois plus faible qu’avec le fumier. Semer un engrais vert diminue les risques de pertes;
  • Application au printemps pour les cultures implantées tardivement. Prévoir un peu de temps pour la minéralisation de l’azote du compost.
Faible (< 15)

P. ex.: la plupart des fumiers de volailles, lisiers en général

  • Fin de l’été avec un engrais vert;
  • Application de printemps souvent impossible à cause des délais prescrits par les normes biologiques.
  • Fin de l’été avec un engrais vert (début août);
  • Printemps.

L’épandage de fumier de volaille a lieu fin août et est suivi d’un semis d’engrais vert d’avoine et de vesce commune. L’épandage à cette période permet d’économiser du temps au printemps en plus d’accélérer la minéralisation de l’azote au printemps, le rendant ainsi plus disponible.

Aspect réglementaire - Épandage après le premier octobre

Dans certaines conditions, un épandage après le 1er octobre peut être préférable, à la fois sur le plan agronomique et sur le plan environnemental. Lorsque l’exploitation est astreinte à un Plan agroenvironnemental de fertilisation (PAEF), une recommandation d’un agronome est alors nécessaire (REA, article 28) et doit être inscrite dans le PAEF. L’agronome devra suivre la ligne directrice sur les épandages post-récoltes des déjections animales afin de formuler sa recommandation. De façon générale, la ligne directrice donne une explication claire des enjeux à considérer lors d’applications après le 1er octobre. En voici un extrait :

"En se basant sur la théorie pour les épandages en postrécolte, il apparaît qu’un engrais organique à C/N ≤ 15, dont l’azote devient disponible rapidement, devrait être épandu en octobre afin de bénéficier du ralentissement de la nitrification qui cause la libération de nitrates. À l’inverse, un fumier pailleux aura avantage à être épandu plus tôt à l’automne afin d’initier la phase d’immobilisation nette de l’azote, causée par un rapport C/N plus élevé, qui risque d’interférer avec l’établissement de la culture le printemps suivant. Quant à novembre, le risque que le sol soit gelé ou enneigé, en plus de l’absence d’immobilisation, rend cette période inappropriée pour l’épandage, peu importe la matière fertilisante."

Il est important de limiter les pertes d’éléments fertilisants (nitrates, phosphore, potassium) par lessivage ou ruissellement. Selon la ligne directrice, il  est recommandé de :

  • tenir compte du rapport C/N, les risques de pertes étant plus élevées lorsque ce dernier est bas;
  • limiter les apports en sol léger (moins de 18 % d’argile);
  • incorporer immédiatement les matières fertilisantes à une profondeur de 5-10 cm;
  • épandre sur un sol portant non gelé et non enneigé;
  • utiliser une dose conforme qui tient compte des besoins de la culture et des seuils environnementaux.

Calibration et méthodes d’application

Systèmes mécanisés

Calibration

Calibrer un épandeur implique de déterminer la distance à parcourir avec un chargement donné afin d'atteindre la dose de fertilisant ciblée (en t/ha ou kg/m2). La calibration peut se faire à l'aide de mesures et de calculs simples. L'exemple suivant en expose la démarche étape par étape.

Conversions utiles

  • Surface : 1 hectare (ha) = 10 000 m2
  • Poids : 1 tonne (t) = 1 000 kg
  • Volume : 1 m3 = 1 000 litres
  • Longueur : 1 m = 3,28 pi
  1. Obtenir la densité du fumier ou compost
    Si une analyse de densité n’est pas disponible une méthode simple consiste à peser quelques échantillons d’un même volume (Figure 1). Par exemple, si le poids moyen d’échantillons de 10 litres* est de 6,7 kg et sachant qu'un mètre cube contient 1 000 litres, la masse volumique du fertilisant est :
    Densité (kg/m3) = Masse (kg) / Volume (m3)
    = 6,7 kg  /  (10 l   /  1 000 l/m3)
    = 670 kg/m3;

    Test
    Test
    * Lorsque l'on souhaite déterminer le volume d'un contenant, on peut le remplir d'un liquide dont on connaît la masse volumique puis le peser. Le plus pratique est d'utiliser l'eau, laquelle possède une densité d'un kilogramme par litre (1 kg/l). Ainsi, un seau plein d'eau dont le poids est de 10 kg (après avoir soustrait le poids du seau) a un volume de 10 litres.

  2. Calculer le poids de fumier ou de compost contenu dans l’épandeur
    Si l'épandeur a un volume de 3 m3, alors le poids de fertilisant qu'il contient est :
    Poids (kg) = Densité (kg/m3) * Volume (m3)
    = 670 kg/m3 * 3 m3
    = 2010 kg = 2,01 tonnes de fertilisant;
  3. Déterminer le nombre d'épandeur en fonction de la dose à appliquer
    Si on veut appliquer une dose de 30 tonnes à l'hectare avec un épandeur qui contient 2 tonnes, le nombre de voyages à l'hectare est :
    Voyages à l'hectare (épandeur/ha) = Dose (t/ha) / Poids (t/épandeur)
    = 30 t/ha  /  2 t/épandeur
    = 15 épandeurs de fumier ou compost par hectare;
  4. Calculer la surface couverte par un épandeur
    Surface par voyage (ha/épandeur) = Surface (ha) / Voyages (épandeur)
    = 1 ha  /  15 épandeurs
    = 0,0667 ha/épandeur = 667 m2;
  5. Calculer la distance à franchir avec un épandeur pour atteindre la dose
    Si un épandeur épand sur une largeur de 4,5 m, la distance linéaire à parcourir pour le vider est :
    Distance (m) = Surface d'épandage (m2) / Largeur d'épandage (m)
    = 667 m2/ 4,5 m
    = 148 m;

Il ne reste plus qu'à ajuster la vitesse d'avancement du tracteur pour parcourir 148 m avec un chargement.

Alternativement, on peut modifier la quantité de fumier ou compost chargée dans un épandeur pour faire arriver la dose visée sur une surface donnée.

Il est important de prendre en note les divers paramètres pour pouvoir répliquer les opérations par la suite.

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Figure 1. Mesure de la densité de fumier ou de compost avec divers types de balance

Épandage

Les systèmes de culture mécanisés les plus communs consistent à placer les cultures sur des planches (surélevées ou non) situées entre les traces où circulent les pneus des tracteurs et des équipements.

Dans le cas des épandeurs à fumier, il est commun que les maraîcher·ères utilisent de petits équipements usagés, datant du temps où les fermes d’élevage étaient plus petites qu’aujourd’hui (Figure 2). La plupart des épandeurs à fumier américains sont bas avec les pneus localisés sur les côtés, non alignés avec les pneus des tracteurs.

Des épandeurs plus récents adaptés à de petites et moyennes surfaces sont aussi disponibles sur le marché (Figure 3).

Les épandeurs sont équipés de divers systèmes d’épandage; il s’agit en général de batteurs qui distribuent le fumier vers l’arrière ainsi que des émotteurs. Un modèle commun distribue environ 50 % du fumier ou du compost directement derrière l’épandeur tandis qu’environ 25 % sont lancés de chaque côté sur une distance d’à peu près 1,50 m. On se retrouve ainsi communément avec une dose de compost vis-à-vis de l’épandeur et une demi-dose de chaque côté. En passant toutes les deux planches, on obtient un dosage approximativement semblable sur chaque planche.

On ne devrait pas s’inquiéter du compost épandu à pleine largeur. En fait, on pourrait croire que le compost placé ailleurs que sur les planches est gaspillé. Or, l’azote est mobile dans le sol et les systèmes racinaires s’étendent communément sur un mètre ou deux de largeur; on retrouve des racines sous les allées et même dans les planches voisines. De plus, il y a une activité biologique sous les allées.

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Figure 2. Épandeur à fumier usagé utilisé pour épandre le compost sur des parcelles de moyennes dimensions
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Figure 3. Épandeurs adaptés à de petites et moyennes surfaces


Systèmes peu mécanisés

Calibration

Le plus simple et le plus efficace pour appliquer une quantité déterminée de fumier ou de compost dans un système peu mécanisé est de calculer le volume requis par planche ou par unité de longueur de planche (p. ex. : mètre-planche). Pour ce faire, on aura besoin de connaître :

  • La dose visée (kg/m2);
  • La superficie des planches de culture (m2), incluant les allées;
  • Le volume, en litre (l), de chacun des équipements d’épandage (p. ex.: brouette, seaux, épandeur, autres contenants);
  • La densité (masse volumique) de chacun des amendements (kg/l).

Attention, même si le fumier ou compost est concentré sur la surface utile de la planche, le volume à épandre est calculé sur l’ensemble de la surface (surface utile + allées), c'est-à-dire la largeur totale ou distance centre-à-centre des planches. Un exemple de calcul est donné ci-dessous.

Données

Combien de seaux d'un compost donné doit-on appliquer sur une planche afin d'atteindre une dose spécifique, considérant les paramètres suivants :

  • Dose de compost visée : 20 t/ha = 20 000 kg / 10 000 m2 = 2 kg/m2
  • Dimensions et superficie des planches :
    • Longueur : 30,5 m (100 pi);
    • Largeur centre-à-centre : 1,22 m (48 po), ce qui inclut l’allée;
    • Superficie de la planche avec l’allée : 30,5 m x 1,22 m = 37,21 m2
  • Volume des équipements d'épandage (seau) : 18 l;
  • Densité du compost : 700 kg/m3.

Calculs

  1. Déterminer le poids de compost à appliquer sur la planche
    Poids par planche (kg/pl) = Dose (kg/m2) * Surface (m2)
    = 2 kg/m2 * 37,21 m2
    = 74,42 kg de compost par planche
    Cette quantité sera concentrée sur la superficie utile de la plate-bande;
  2. Convertir le poids en volume
    Volume par planche (m3/pl)
    = Poids par planche (kg/pl) / Densité (kg/m3)
    = 74,42 kg/pl  /  700 kg/m3
    = 0,106 m3/pl
    = 106 litres de compost par planche;
  3. Convertir le volume en nombre de seaux
    Nombre de seaux par planche (se/pl)
    = Volume de compost par planche (l/pl) / Volume du seau (l/se)
    = 106 l/pl  /  18 l/se
    = 5,89 seaux de compost par planche;
  4. Calculer la longueur de planche couverte par un seau
    Longueur par seau (m/se)
    = Longueur d'une planche (m) / Nombre de seaux par planche (se/pl)
    = 30,5 m/pl  /  5,89 se/pl
    = 5,2 mètres par seau (ou 17 pi/se).

Exemple de surfertilisation

Par comparaison, lorsqu'on applique une brouette de compost de 160 litres tous les 1,5 m, soit aux 5 pieds, cela donne :
  • Nombre de brouettes de compost par planche (br/pl)
    = Longueur d'un planche (m/pl) / Nombre de mètres par planche (m/pl)
    = 30,5 m/pl / 1,5 m/br
    = 5 brouettes de compost par planche;
  • Volume de compost par planche (l/pl)
    = Nombre de brouettes de compost par planche (br/pl) * Volume par brouette (l/br)
    = 5 br/pl * 160 l/br
    = 800 l/pl = 0,8 mètres cubes de compost par planche;
  • Poids de compost par planche (kg/pl)
    = Volume de compost par planche (m3/pl) * Densité du compost (kg/m3)
    = 0,8 m3/pl * 700 kg/m3
    = 560 kg/pl = 0,56 tonnes de compost par planche;
  • Puisqu'une planche de 37,21 m2 équivaut à 0,003721 ha (1 ha = 10 000 m2), la dose de compost est de :
    Dose de compost (t/ha) = 0,56 t / 0,003721 ha
    = 150 tonnes de compost à l'hectare.

Il s’agit d’une dose 7,5 fois plus élevée que dans l’exemple de calcul précédent (150 t / 20 t), ce qui est une dose beaucoup trop élevée et non acceptable d’un point de vue environnemental.

Épandage

L’application du compost sur les petites et moyennes parcelles peut s'effectuer de façon entièrement manuelle ou semi-manuelle.


Brouettes, seaux et pelles

Les brouettes et les seaux sont fréquemment utilisés sur les fermes de petite taille pour mesurer et épandre les amendements plus volumineux comme le compost (Figure 4). Cette stratégie est tout à fait fonctionnelle. L’efficacité de l’opération de transport est augmentée si la réserve de compost est à proximité de l’endroit où on l’emmène et si on a suffisamment d’équipements. Selon la nature du compost et le type de contenants choisis, une pelle ronde ou une pelle à neige en plastique ou en aluminium conviendront pour les remplir. Pour l'épandage, on peut déverser le compost des chaudières directement sur la planche, utiliser des pelles pour vider les brouettes, ou basculer celles-ci. On évite de fertiliser dans les allées. Si le résultat est très inégal, on peut utiliser un râteau pour rendre l'application plus uniforme.

L’étape la plus éreintante de cette technique est sans aucun doute le chargement initial des brouettes. Il est possible de réduire l’effort nécessaire et d’accélérer le travail en plaçant des brouettes côte-à-côte et en y déversant le compost avec un chargeur frontal de tracteur. Pendant que des ouvrier·ères vont porter le compost sur les planches, l’opérateur du tracteur va recharger.

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Figure 4. Épandage de compost avec seaux et brouettes



Remorque et boîtes

Pour une échelle un peu plus grande, il peut devenir intéressant de mécaniser un peu l’opération. Certaines fermes se sont équipées de boîtes en bois ou d’une remorque pour déplacer et épandre le compost à l'aide d'un petit tracteur ou d'un véhicule tout terrain (Figure 5). Il devient possible dans ce cas d’utiliser un chargeur frontal sur tracteur, voire même une petite pelle mécanique, pour les remplir rapidement. La location de ces équipements pour une ou quelques journées pour effectuer la majeure partie de la fertilisation en compost en un seul chantier est aussi possible. Il faut bien entendu connaître le volume de ces équipements afin de s’assurer de respecter le plan de fertilisation.

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Figure 5. Chargement et épandage de compost à l'aide d'une boîte tractée



Mini-épandeur

Il existe un petit épandeur adapté aux planches de 30 pouces et pouvant être tracté par un tracteur à deux roues ou autre unité motrice (Figure 6). Le mécanisme est entraîné par les roues d’avancement de l’outil, ce qui évite d'avoir recours à une prise de force. Cet outil permet de gagner en rapidité, de moins forcer quand on a plusieurs planches à amender et il ne requiert qu'une seule personne. De plus, la couverture en compost est généralement plus uniforme qu'avec un brouette ou des seaux. À noter qu'un compost commercial tamisé, plus léger et de texture plus fine, passera mieux dans l’épandeur. Afin d'augmenter la capacité de la boîte, il est possible de la modifier assez simplement (Figure 7). Enfin, il est difficile de régler le dosage avec précision puisque l'ouverture arrière se fait par incréments d’un demi pouce.

Le mini-épandeur constitue un véritable coup de cœur. Il permet de sauver beaucoup d’énergie et un temps précieux. En effet, le temps nécessaire à l’épandage de compost est, calcul a l’appui, réduit de moitié si on compare à la méthode avec la brouette. Typiquement, il faudra compter de 5 à 10 minutes pour l'amendement d’une planche de 30 mètres.

Certaines modifications sont nécessaires pour rendre l’outil confortable et optimiser son utilisation, comme l'augmentation du volume de la boîte et l'ajout d’un siège.


Je reconnais la plupart des avantages cités plus haut, or j'en tire une conclusion différente. En fait, bien que l’outil soit disponible sur nos lieux de travail, il demeure peu utilisé. Le désavantage principal est que le volume de la boîte ne permet d’amender qu’une planche à la fois et le temps de transport peut s’avérer long selon la distance entre le tas de compost et les planches à amender.


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Figure 6. Mini-épandeur à compost et sa calibration

Ghislain Gigi Jutras (2020) | Licence : CC BY-NC-SA 4.0 = Attribution - Pas d’utilisation commerciale - Partage dans les mêmes conditions


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Figure 7. Mini-épandeur à compost modifié afin d'augmenter la capacité de chargement


Incorporation

L’incorporation des fumiers, lisiers et composts permet de maximiser leur valeur fertilisante en diminuant les pertes d’azote par volatilisation. Les risques environnementaux sont également limités.

Les fumiers doivent être incorporés immédiatement après l’épandage, sinon la fraction ammoniacale de l’azote est perdue. Ces pertes peuvent atteindre 30 % ou plus dans le cas des fumiers. En ce qui concerne le compost, il y a peu ou pas de pertes. En effet, l’azote ammoniacal aura été soit perdu lors du compostage de matériaux ayant un faible rapport C/N, soit transformé en azote organique lors du compostage. Certains composts (compost de fumier de poulet assez jeune) conservent toutefois un taux non négligeable de NH4+. L’incorporation au sol des composts est tout de même recommandée pour limiter les pertes par ruissellement et par conséquent la pollution par le phosphore.

Pour les applications post-récolte de composts ou de fumiers, l’incorporation est obligatoire selon la réglementation en vigueur au Québec en raison des risques élevés de pollution par ruissellement.

Lorsque les sols sont compactés, ce qui arrive souvent lorsqu’ils sont mal drainés, les conditions sont anaérobiques; les fumiers et les composts se décomposent mal, fournissent peu d’azote aux plantes et peuvent même être toxiques. L’incorporation doit alors être très superficielle.

systèmes mécanisés

En général, les fumiers, lisiers et composts peuvent être incorporés superficiellement, à une profondeur d’environ 5-15 cm par des outils à dents ou à disques, tels un vibroculteur, une déchaumeuse, une herse ou des équipements de planches permanentes. Ils peuvent être incorporés plus en profondeur par un labour, à condition que ce dernier soit dressé, ce qui permet de répartir la matière fertilisante dans toute la couche de labour. Un labour à plat n’est pas idéal car le fumier se retrouve à la base du labour où il va mal se décomposer.  

systèmes peu mécanisés

Système complètement manuel

Dans un tel système, l’utilisation de la houe sur roue est probablement la solution la plus efficace. On peut arriver à un résultat satisfaisant en travaillant à reculons dans un axe en diagonale avec la planche, à une profondeur d’environ 10 cm.

Généralement, la préparation de la planche sera finalisée avec un coup de râteau qui dégage les derniers obstacles, résidus végétaux et roches.

Le compost épandu à l’automne en vue des cultures du printemps suivant peut être recouvert durant l’hiver par une toile de plastique imperméable (p. ex.: toile d'ensilage). L’incorporation peut alors se faire au printemps lors de la préparation de planche avant l’implantation des cultures. Pour tout épandage effectué après le premier octobre, la recommandation d’un agronome est nécessaire.

Système semi-mécanisé

Dans un système comportant un motoculteur, les deux outils pour l'incorporation sont la herse rotative et le rotoculteur (Figure 8). L’outil utilisé le plus souvent est la herse rotative car il permet un travail en surface sans inversion des couches de sol. On s'assure qu'elle travaille assez profondément, soit à environ 10 cm, pour préparer un lit de semence adéquat pour le passage du semoir ou faciliter le travail de transplantation. Selon l’état des planches, on pourrait utiliser le rotoculteur, notamment si l'on cherche à finaliser la destruction d'un engrais vert par la même opération.

Il est possible d'utiliser un rouleau pour contrôler la profondeur de travail du rotoculteur et plomber le sol derrière. Ainsi, il devient un outil de travail final de préparation de planche. Le coût de ces équipements (rotoculteur + rouleau) est beaucoup moins élevé que celui d’une herse rotative, mais les résultats sont aussi moins bons; une couche compacte peut se créer entre le sol travaillé et la couche de sol inférieure. À noter qu'en sol humide, la herse rotative peut également avoir cet effet.

Dans une situation parfaite où la surface du sol est libre de roches et de débris, il est possible d’incorporer le compost et de préparer le lit de semence avec un microculteur (Figure 9). Cette technique se prête bien à la culture en serre et sur de petites superficies.

Ghislain Gigi Jutras (2021) | Licence : CC BY-NC-SA 4.0 = Attribution - Pas d’utilisation commerciale - Partage dans les mêmes conditions


Ghislain Gigi Jutras (2021) | Licence : CC BY-NC-SA 4.0 = Attribution - Pas d’utilisation commerciale - Partage dans les mêmes conditions


Figure 9. Microculteur à batteries


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L'Odyssée bio de Gigi
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