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Opérations Irrigation Matériaux et composantes des systèmes d’irrigation
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Boivin, C., Taillon, P.-A., Deschênes, P., Méthé, A. et Brisset, M. (2022).

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Matériaux et composantes d’un système d’irrigation

Pompes

Une pompe est un dispositif permettant d’aspirer un liquide par une entrée et de le refouler par une sortie. Les pompes utilisées en irrigation sont soit actionnées par un tracteur via sa prise de force (PDF), par un moteur électrique ou par un moteur à essence ou diesel.

Il existe plusieurs catégories de pompes. En irrigation agricole, les pompes les plus communes sont les pompes centrifuges (Figure 1), alors que les pompes volumétriques sont peu utilisées.

On sélectionne une pompe selon le débit et la pression requise (voir la section Dimensionnement de pompes). Attention, les indication de maximums de puissance (hp), de pression (psi) et de débit (litre/minute) ne sont pas représentatifs de la capacité de la pompe.

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Figure 1. Une pompe centrifuge est une machine rotative qui pompe un liquide en le forçant au travers d’une roue à aubes ou d'une hélice appelée impulseur (souvent nommée improprement turbine).


Configurations de pompe

La configuration de la pompe centrifuge à choisir (aspiration, à jet ou submersible) dépend de la hauteur entre la source d’eau et la pompe, que l’on nomme hauteur d’aspiration.

Tableau 1. Types de pompes et leur hauteur d’aspiration

Type de pompe Hauteur d’aspiration
Mètres Pieds
Aspiration 0 à 8 0 à 25
À jet 0 à 27 0 à 90
Submersible 8 à 91 25 à 300

Pompe à aspiration

Une pompe à aspiration (Figure 2) doit se trouver à moins de 8 mètres (25 pieds) au-dessus de la source d’eau. Plus une pompe se trouve surélevée par rapport à la source, plus sa capacité à pomper sera réduite. La pompe puise l’eau grâce à son boyau de succion. Celui-ci est équipé d’un clapet de pied, composé d’un clapet anti-retour ainsi que d’une crépine pour éviter d'aspirer de gros débris qui pourraient endommager le système. Le clapet anti-retour permet au boyau de rester rempli même lorsque la pompe est arrêtée. Sans celui-ci, le tuyau de succion se remplira éventuellement d’air; la pompe sera alors désamorcée. Certaines pompes sont dites auto-amorçantes, c’est-à-dire qu’elles ont la capacité de pomper l’air et faire monter l’eau d’elles-mêmes. D'autres devront être amorcées manuellement, en ajoutant de l’eau pour remplir le boyau de succion, ou en utilisant une pompe à amorçage manuel. Pour une pompe à aspiration, il est préférable que la pompe et la station de pompage se trouvent le plus près possible de la source d’eau.


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Figure 2. Pompes à aspiration


Pompe à jet

Une pompe à jet, utilisée entre autres pour les puits de surface, peut être utilisée pour une source d’eau qui se trouve jusqu’à 27 mètres (90 pieds) de profondeur. Lorsque le système de jet est installé au fond du puits, si le jet est installé à même la pompe, la hauteur d’aspiration maximum est de 8 mètres (25 pieds) tout comme une pompe à aspiration. Pour connaître le mode de fonctionnement d'une pompe à jet, voir la vidéo 1 (en anglais).

Vidéo 1. Notions de base sur les pompes à jet


Pompe submersible

Contrairement aux autres types de pompes, la pompe submersible (Figure 3) se trouve à l’intérieur du liquide à déplacer. Elle n’a donc pas à aspirer l’eau, mais seulement à la pousser vers sa destination. Cela lui confère plusieurs avantages : elle est auto-amorçante et maintient son amorçage; elle est peu sujette à la cavitation (formation de bulles); elle est plus efficiente que les autres types de pompe. Par contre, elle est moins facilement accessible pour la maintenance préventive et plus sujette à la corrosion.

Matthieu Brisset (2020) | Organisation : Institut national d'agriculture biologique | Licence : CC BY-NC-SA 4.0 = Attribution - Pas d’utilisation commerciale - Partage dans les mêmes conditions


Ghislain Gigi Jutras (2016) | Organisation : Ferme aux petits oignons | Licence : CC BY-NC-SA 4.0 = Attribution - Pas d’utilisation commerciale - Partage dans les mêmes conditions


Figure 3. Pompes submersibles


Dispositifs de démarrage et d'arrêt

Le démarrage et l’arrêt d’une pompe peuvent se faire de façon automatique ou manuelle, mais la façon diffère selon qu’il s’agisse d’une pompe électrique ou à essence (tableau 2).

Tableau 2. Équipement requis pour le démarrage et l’arrêt d’une pompe

Pompe à essence Pompe électrique
Démarrage et arrêt manuel
  • Démarreur électrique avec interrupteur
  • Démarrage manuel et bouton d'arrêt
  • Interrupteur
Démarrage manuel, arrêt automatique
  • Interrupteur à minuterie normalement fermé
  • Calibrer la quantité d'essence en fonction de la durée désirée
  • Minuteur
Démarrage et arrêt manuel à distance
  • Démarreur électrique avec module de démarrage et arrêt de communication
  • Interrupteur internet (domotique)
Irrigation automatique
  • Contrôleur d'irrigation et module de démarrage et arrêt
  • Contrôleur d'irrigation qui démarre la pompe via un relais
  • Pompage sur demande, toujours  sous pression avec pressostat

Filtres

Pour éviter d’endommager ou d’user de façon prématurée les différentes composantes du système d’irrigation, il est important que l’eau qui y circule soit exempte de particules. Il existe plusieurs stratégies de filtration, incluant les bassins de sédimentations, les séparateurs à sable vortex, les filtres au sable, les filtres à tamis et les filtres à disque. On choisit la ou les stratégies à utiliser, seules ou en combinaison (Figure 4), selon la taille et la nature des particules à filtrer.


Figure 4. Combinaison de composantes pour la filtration d'un système d'irrigation par goutte-à-goutte


Le numéro de maille (mesh number) est une norme américaine pour la taille des ouvertures d’un filtre et fait référence au nombre de trous sur un pouce linéaire : plus le numéro de maille est grand, plus les trous sont petits et plus le filtre pourra retenir des particules fines. À titre d’exemple, on considère que les tuyaux goutte-à-goutte requièrent une filtration à 150 mesh (des trous d’un diamètre d’environ 90 microns, ou 0,09 mm). Le tableau 3 présente les numéros de maille en fonction de la taille des particules.

Tableau 3. Maille de filtre nécessaire selon la grosseur des particules à filtrer

Classification du sol Dimension des particules Numéro de maille (mesh)
mm microns po
Sable très grossier 1,00-2,00 1000-2000 0,0393-0,0786 18-10
Sable grossier 0,50-1,00 500-1000 0,0197-0,0393 35-18
Sable moyen 0,25-0,50 250-500 0,0098-0,0197 60-35
Sable fin 0,10-0,25 100-250 0,0039-0,0098 160-60
Sable très fin 0,05-0,10 50-100 0,0020-0,0039 270-160
Limon 0,002-0,05 2-50 0,00008-0,0020 400-270a
Argile < 0,002 < 2 < 0,00008 -

a 400 mesh est la plus petite ouverture, i.e. environ 0,03 mm
Source : GAE-3002 Irrigation, Université Laval

Typiquement, la filtration commence avec une crépine au bout du tuyau de succion et se complète avec un filtre à tamis. Il est parfois nécessaire d’ajouter un filtre à tamis secondaire pour l’irrigation au goutte-à-goutte, sans quoi les goutteurs risquent de se colmater.

La dimension du filtre à tamis principal dépend de la qualité de l’eau, du débit de l’eau (Tableau 4) et de l’intervalle de nettoyage souhaité.

Tableau 4. Dimension de filtre à tamis nécessaire selon le débit d’eau prévu

Capacité selon le fabricant1 Capacité réelle2 Dimension du filtre
30 GPM 19 GPM 1"
60 GPM 39 GPM 1,5"
110 GPM 71 GPM 2"
180 GPM 117 GPM 3"

1 Selon Amiad
2 Selon Dubois Agrinovation

Régulateur de pression

Le régulateur de pression (Figure 5) sert à réduire et maintenir la pression désirée dans le système. Un régulateur de pression nécessite au moins 5 psi de pression supplémentaire que la pression qu'il régule. Une pression connue et constante permet de contrôler la quantité d’eau appliquée aux cultures.

Le choix d’un régulateur de pression se fait selon la pression et le débit requis. À noter que les régulateurs doivent être installés dans le bon sens - la flèche doit être dans le même sens que la circulation de l’eau - sans quoi tout s’arrête.

Un tableau qui résume les intervalles d’opération pour différents régulateurs de pression (débit min/max, pression d’opération, pression maximum et calibre des tuyaux d’arrivée et de sortie) est disponible ici.


Figure 5. Régulateur de pression. La pression d’eau à l’arrivée d’un régulateur de pression de 15 psi tel qu’illustré doit être d’au moins 20 psi.


Manomètre

Un manomètre est un instrument sous forme de cadran servant à mesurer la pression. Ils sont généralement peu coûteux. Les manomètres sont utilisés entre autres pour vérifier rapidement le niveau d’obstruction d’un filtre, détecter des fuites, ou autres défaillances du système d’irrigation. D'ailleurs, on installe des manomètres avant et après les filtres (Figure 6), ainsi qu’à tous les endroits dans le système où l'on désire faire le suivi de la pression. Par exemple, si la pression à la sortie d’un régulateur et d’un filtre est inférieure à la pression du régulateur, c’est signe qu’il est temps de nettoyer ce filtre.


Figure 6. Manomètres installés avant et après le filtre principal du système d'irrigation.


Réservoir à pression

Un réservoir de pression (Figure 7) est un réservoir étanche d’eau qui contient également de l’air sous pression. Cet équipement est souvent utilisé pour l’irrigation en serre, mais aussi en champ dans un contexte où on utilise une irrigation automatisée avec de nombreux cycles d’arrosage. On utilise un réservoir en combinaison avec un pressostat qui sert à diminuer le nombre de départs/arrêts de la pompe. Sans celui-ci, la pompe ferait des cycles de départ et d’arrêt plusieurs fois par seconde lorsque la demande en eau est faible. Sa durée de vie également en serait grandement diminuée. Le principe est simple : la pompe s’active seulement lorsque la pression dans le réservoir tombe en dessous d’une certaine valeur, puis s’arrête quand la pression atteint une certaine valeur. Cette variation de pression en fonction du volume d’eau est rendue possible grâce à une propriété bien simple de l’air, soit qu’elle est compressible, contrairement à l’eau.


Figure 7. Réservoir à pression couplé à un système d'irrigation avec pompe submersible


Acheminement

À la sortie de la pompe, l’eau d’irrigation doit être acheminée vers les parcelles en culture, comme le montre la figure 8.


Figure 8. Schéma de l'acheminement de l'eau du bassin d'irrigation vers les parcelles à irriguer


Conduits en surface ou souterrain

Lors de la planification du système d’irrigation, il faut d’abord décider si les conduits seront souterrains ou en surface, en fonction des paramètres suivants :

  • La distance entre la source d’eau et les champs à irriguer;
  • La nécessité ou non de déplacer les conduits;
  • La fréquence de circulation à l'emplacement des conduits;
  • La stratégie pour la gestion des conduits lors des travaux de sol;
  • La résistance au gel et l’exposition au soleil;
  • Les besoins d'expansion;
  • Les coûts d'installation, d'entretien et d'opération.
Le tableau 5 résume les avantages et les inconvénients de chaque stratégie.

Tableau 5. Avantages et désavantages de l’enfouissement ou non des conduits d’eau

Conduits en surface Conduits souterrains
Avantages
  • Abordable
  • Déplaçable et modifiable
  • Facilité des travaux de sol
  • Résistance au gel (selon la profondeur)
  • L'eau demeure froide, ce qui limite le développement d'algues
Inconvénients
  • Doit être déplacé pour les travaux de sol
  • Pas d'irrigation possible par temps froid
  • Irrigation à l'eau chaude par temps chaud et ensoleillé
  • Coût plus élevé
  • Emplacement permanent
Considérations
  • Choix de boyaux flexible ou rigide selon les besoins
  • Pente pour vider le système
  • 
Choix de boyau suffisamment rigide pour résister au poids du sol
  • Importance d'évaluer les besoins futurs
Applications
  • Modèle de production en évolution
  • Irrigation et travaux de sol modérément à peu fréquents
  • Parcelle de production intensive avec irrigation et travaux de sol fréquents
  • Parcelle aménagée à long terme pour le maraîchage

Types de conduits

Le transport de l’eau peut se faire dans des tuyaux flexibles ou rigides. Voici les caractéristiques, les avantages, les inconvénients et les applications communes pour les types de conduits les plus utilisés en maraîchage diversifié.


Boyau plat flexible

Le boyau plat, nommé layflat hose en anglais, est constitué de vinyle. On choisit la qualité du boyau selon la pression d’eau qu’il devra supporter. Le boyau bleu est utilisé jusqu’à 75 psi, le vert jusqu’à 90 psi et le rouge jusqu’à 120 psi (Figure 9).

Ce type de boyau flexible est utilisé pour transporter de l’eau sur de longues distances. On peut rouler dessus et on peut le déplacer relativement facilement. Il est par contre peu résistant et on doit faire attention pour ne pas le percer avec la machinerie ou les outils.


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Figure 9. Boyaux plats de différentes couleurs


Tuyau en polyéthylène flexible

Ce type de tuyau, généralement appelé "carlon" (une marque de commerce), possède une coupe ovale ou ronde. On choisit la qualité du tuyau selon la pression d’eau qui sera utilisée. Un code commun chez plusieurs fournisseurs permet de connaître la pression maximale que peut supporter le tuyau selon la couleur de la ligne qui le traverse :

  • blanche : 75 psi
  • bleue : 100 psi

Ces tuyaux sont facilement déplaçables mais ne résistent pas à la circulation. On les utilise entre autres comme conduite secondaire et comme conduite latérale pour un réseau d'asperseurs. Ils sont aussi assez communs pour des conduites d’irrigation souterraine de petites tailles.

Lors du perçage de tuyaux en polyéthylène pour l’installation de valves de goutte-à-goutte ou de gicleurs, il faut s’assurer de percer sur la ligne afin que les trous soient orientés les uns avec les autres. Pour ce type d'installation, on utilise les boyaux de coupe ovale qui sont plus minces et plus flexibles. Ils sont toutefois moins résistants à la pression.

Ces tuyaux se connectent entre eux avec des adaptateurs à insertions et des collets. Pour faciliter l'insertion des adaptateurs dans les tuyaux, on peut chauffer leur bout avec une torche ou un pistolet à chauffer, ce qui leur permet de prendre de l'expansion. Resserrer le collet juste après avoir chauffé le plastique rend l’installation plus solide que si l'on attend que la plastique refroidisse.

Boyau en caoutchouc

Ces tuyaux flexibles, plus dispendieux, sont typiquement utilisés pour transporter l’eau sur de courtes distances, comme entre le conduit principal et le conduit secondaire ou entre le conduit secondaire et le conduit latéral. Cela permet de laisser le conduit latéral en place et d’alimenter en alternance chacune des lignes avec le boyau flexible en fonction des besoins.

Ces boyaux se connectent entre eux avec des raccords à cames.

On retrouve aussi dans cette catégorie la version haut de gamme du boyau d’arrosage à jardin.


Conduit d’aluminium

Ces conduits rigides viennent en différentes sections. On connecte les sections les unes aux autres pour atteindre l’endroit à irriguer. Les sections peuvent être équipées ou non de gicleurs. Ces tuyaux sont très durables, résistants, et relativement facile à déplacer moyennant une stratégie de transport. On ne peut pas rouler dessus. Il existe différents diamètres de conduits en aluminium.

Tuyau HDPE

Les tuyaux HDPE (pour "high density polyethylene") rigides ne sont pas déplaçables et sont principalement utilisés pour les conduits souterrains. Les connexions entre les sections sont permanentes et doivent être faites avec une machine spécialisée qui fusionne le plastique. Les sorties d’eau sont prévues à des endroits spécifiques.

Quincaillerie de connexion et de régulation

Pour connecter toutes les parties du système d’irrigation, une quincaillerie adaptée est nécessaire. La quincaillerie nécessaire dépend de la grosseur et du type de tuyaux utilisés, ainsi que du design du système et des chemins à parcourir. Les équipements exclusifs aux systèmes par goutte-à-goutte et par aspersion sont présentés dans leurs sections respectives (voir plus bas).

Raccords

Pour les raccords ou connecteurs, on distingue les connexions de type "vissé" et les connexions de type "insertion". Les connections de type vissé comportent un embout "mâle" qui se visse dans un embout "femelle". Les connections de type "insertion" comportent seulement un embout "mâle" qui s’insère dans un tuyau plus ou moins rigide faisant office d’embout "femelle" et qu’on sécurise avec un ou deux collets.

Raccord à filet standard SPT

Les connecteurs vissés SPT (pour "standard pipe thread") sont munis d’un joint d’étanchéité (côté femelle). Dans ce cas, il est inutile d’utiliser du ruban téflon sur la partie mâle.

Raccord à filet conique NPT

Le système NPT (pour "national pipe thread") est une norme américaine pour les raccords hydrauliques. Il s’agit de filet conique où l’étanchéité se fait au niveau du filet. Ce type de connexion vissée ne comporte donc pas de joint d’étanchéité. Il faut recouvrir les filets mâles de téflon avant de les visser. L’acronyme MPT signifie Male Pipe Thread (filet mâle) alors que FPT signifie Female Pipe Thread (filet femelle).

Raccord cannelé

Les connexions de type insertion (ou "hose barb" en anglais) sont disponibles en plusieurs tailles. On les utilise entre autres pour raccorder les tuyaux en polyéthylène (carlons) et les boyaux flexibles plats (layflat) entre eux. Ces connexions doivent être sécurisées avec des collets.


Raccords divers

Les raccords à filets coniques et les connexions à insertion se combinent de plusieurs façons, ce qui donne une gamme de produits de quincaillerie permettant le montage d'une diversité de lignes et de systèmes d’irrigation.

  • Un mamelon est une connexion droite (de longueur variable) avec un filet mâle aux deux extrémités.
  • Un manchon est une connexion droite avec deux embouts femelles filetés.
  • Une union droite est une connexion droite avec un embout à insertion (mâle) de chaque côté. On pourrait l’utiliser pour réparer une fuite par exemple; on retire la section de tuyau abîmée puis on reconnecte un tuyau neuf à l'aide d'une union droite.
  • Un réducteur est une connexion qui permet de connecter deux tuyaux ou accessoires de diamètres différents. Les embouts peuvent être filetés ou insérés, ou les deux.
  • Un bouchon est utilisé à l'extrémité d'une ligne. Il existe des bouchons avec des embouts à insertion ainsi que des bouchons filetés (mâle ou femelle).
  • Un adaptateur est un embout dont un des côtés est une connexion à insertion et l’autre est fileté (mâle ou femelle). Les deux bouts peuvent être de la même taille ou de tailles différentes.
  • Selon le design du système, il est probable qu’il soit nécessaire d’utiliser d’autres connexions telles que des coudes, des T et des croix. Ces connexions sont disponibles avec des embouts à insertion ou vissées, avec les différentes sorties de la même taille ou de tailles différentes.


Raccord à cames

Les raccords à cames (ou "camlock") sont utilisés pour les connexions qui doivent être souvent déconnectées et reconnectées. Grâce à ce système, on peut y arriver sans avoir recours à des outils, ce qui accélère les manipulations. Ces raccords sont disponibles en aluminium et en polypropylène et peuvent être connectés au reste du système avec un embout fileté (mâle ou femelle) ou inséré. Ils sont disponibles en différentes tailles.

Valves

Une valve régule la circulation d’eau. Les valves sont disposées dans le système de manière à pouvoir alimenter selon les besoins certaines parties du réseau sans avoir à tout démonter. Il existe plusieurs types de valves qui ont chacune leurs caractéristiques. La section qui suit et le tableau 6 en font état.


Valve à guillotine

La valve à guillotine permet de réduire le débit, mais est mal adaptée à cette fonction. Ce type de valve exerce une légère restriction et occasionne une perte de charge faible lors de l’ouverture complète du mécanisme. L’ouverture et la fermeture sont lentes comme on doit faire plusieurs tours pour y arriver.


Valve à soupape

La valve à soupape est bien adaptée pour le contrôle du débit lors d'une ouverture partielle. L'ouverture et la fermeture sont lentes. Ce type de valve exerce un restriction importante et une perte de charge élevée, même lors de l’ouverture complète du mécanisme.


Valve à pointeau

La valve à pointeau est bien adaptée pour le contrôle de débit lors de l’ouverture partielle. L’ouverture et la fermeture sont également lentes. Ce type de valve engendre une restriction importante et une perte de charge élevée, même lors de l’ouverture complète du mécanisme.


Valve à boisseau

La valve à boisseau n’est pas bien adaptée pour le contrôle de débit lors de l’ouverture partielle. L’ouverture et la fermeture sont rapides; il suffit de tourner la valve d’un quart de tour pour alterner entre l’ouverture complète et la fermeture complète. Ce type de valve exerce un restriction importante et une perte de charge élevée, même lors de l’ouverture complète du mécanisme.


Valve papillon et valve à bille

La valve papillon et la valve à bille aussi appelée valve à tournant sphérique ou à boisseau sphérique sont très rapides à ouvrir et à fermer à l'instar de la valve à boisseau; il y a seulement un quart de tour entre l’ouverture et la fermeture complète. Elles sont bien adaptées (sauf la valve à boisseau) au contrôle du débit, avec une précision discutable toutefois. La perte de charge lors de l’ouverture complète est faible.


Valve électrique (ou électrovanne)

La valve électrique requiert une pression d’eau pour fonctionner. L’ouverture et la fermeture se font avec une commande électrique à faible voltage (6 à 24 volts). Il n'est pas possible de contrôler le débit avec une valve électrique classique, puisqu’elle dispose de deux positions fixes (ouvert ou fermé).

Tableau 6. Caractéristiques des différentes valves utilisées en irrigation

Nom français Nom anglais Ouverture/fermeture Contrôle du débit Perte de charge à l’ouverture complète
Valve à guillotine Gate valve Lente Possible mais mal adapté Faible
Valve à soupape Globe valve Lente Précis et bien adapté Importante
Valve à boisseau Plug valve Rapide Possible mais mal adapté Faible
Valve à pointeau Needle valve Lente Précis et bien adapté Importante
Valve papillon Butterfly valve Rapide Pas précis mais bien adapté Faible
Valve à bille Ball valve Rapide Pas précis mais bien adapté Faible
Valve électrique Electric valve Rapide Non Importante

Système hors gel

Le gel est un facteur à considérer lors de la planification des stratégies d’irrigation. En effet, le gel peut endommager les composantes du système d’irrigation si elles ne sont pas adaptées au froid, correctement entretenues, vidangées ou entreposées. Comme l’eau prend de l'expansion lorsqu’elle gèle, tous les équipements (pompes, filtres, tuyaux, etc.) qui en contiennent et qui ne sont pas à l’abri du gel sont susceptibles aux bris.  Si l’eau est nécessaire lors des périodes de gel, il est important de choisir une stratégie adaptée, en optant pour un système souterrain par exemple. Il est alors possible d’utiliser des sorties d’eau hors gel ainsi que des valves hors gel ("hydrant" en anglais) pour l’utilisation du système. Ces équipements accessibles de l’extérieur se connectent aux conduits d'eau qui se trouvent sous la ligne de gel. Lors de la fermeture du robinet, l’eau présente dans le tuyau se draine de façon à protéger l’équipement.

Application d’eau : goutte-à-goutte et aspersion

On distingue deux stratégies principales pour l'application d’eau en maraîchage diversifié : le goutte-à-goutte et l’aspersion. Chacun de ces systèmes possède ses avantages et ses inconvénients et la plupart des fermes utilisent les deux. Plusieurs facteurs, comme la culture, le système de production, la disponibilité de l’eau, la taille des parcelles et le type de sol, entrent dans l’équation lors du choix de la stratégie d’application d’eau. Le tableau 7 résume les caractéristiques de chacune des stratégies.

Tableau 7. Comparaison des stratégies d’application d’eau

Goutte-à-goutte Aspersion
Avantages
  • Économie d’eau
  • Bas prix
  • Perte par évaporation négligeable
  • Application là où la plante en a besoin, sans mouiller les feuilles
  • Compatible avec l’utilisation de paillis
  • Efficace même par temps venteux
  • Pression requise faible (8-15 psi)
  • Favorise la culture bien implantée et limite la germination des mauvaises herbes
  • Durée de vie de 5 à 25 ans, voire plus
  • Facilement déplaçable (selon le type) pour permettre les travaux de sol, les sarclages, les récoltes et autres entretiens
  • Coût d’installation proportionnel aux besoins en eau
  • Application d’eau uniforme sur toute la surface
  • Adapté à l’irrigation des semis au champ et des transplants fraîchement implantés
  • Peut faire partie d’une stratégie de protection contre le gel
Inconvénients
  • Faible durée de vie
  • Fragile : les moins chers ne sont pas conçus pour être déplacés ou réutilisés
  • Désherbage mécanique impossible près du rang ou sur le rang.
  • Mal adapté pour l’irrigation des semis au champ et des transplants fraîchement implantés
  • Ne peut pas être utilisé pour la protection contre le gel
  • Gaspillage d’eau
  • Pertes par évaporation par temps sec et venteux
  • Arrosage difficile et inégal par temps venteux
  • Incompatible avec l’utilisation de paillis plastique
  • Pression requise élevée (20-100 psi)
  • Arrosage peu précis
  • Peut favoriser la levée des mauvaises herbes
Applications
  • Arrosage sous paillis de plastique
  • Installation permanente pour des cultures pérennes (arbres, arbustes, vivaces)
  • Contexte où la quantité d’eau est limitée
  • Contexte où la pression disponible est limitée
  • Arrosage régulier, fractionné et automatisé
  • Arrosage des cultures en serre ou sous abris
  • Arrosage de cultures sarclées
  • Arrosage de semis au champ et de jeunes transplants
  • Arrosage ponctuel en cas de sécheresse
  • Protection contre le gel
  • Rafraîchissement du feuillage pour les cultures qui tolèrent mal les grosses chaleurs

Système goutte-à-goutte

Pour obtenir un système d'irrigation goutte-à-goutte efficace et constant, il faut considérer la longueur des rangs et le dénivelé. La longueur maximale des rangs dépend de la pression d’eau disponible, du dénivelé, du diamètre du goutte-à-goutte et du type de goutteur (pleinement compensateur, partiellement compensateur ou non compensateur). Une charte est disponible ici pour déterminer la longueur maximale des rangs selon les différents paramètres.

Il faut acheminer l’eau à la pression requise (pression d’opération) aux tuyaux goutteurs, et pour ce faire, le système doit être conçu adéquatement. Par ailleurs, il est préférable d’installer une valve sur chaque sous-section du système pour plus de flexibilité.

Pour éviter que l’eau ne soit trop chaude, ce qui détériore le matériel, il faut protéger les tuyaux d’alimentation du soleil. On peut soit les enterrer, soit les recouvrir d’une toile tissée. On peut aussi utiliser du tuyau blanc pour les sections à risque de surchauffe ou encore  laisser l’herbe pousser par-dessus.

Il faut ajuster la durée et la fréquence d'irrigation en fonction du sol. En effet, dans les sols plus grossiers, l'eau ne se répand pas beaucoup latéralement mais descend plutôt dans le sol sous le tuyau goutte-à-goutte. Après une durée d'irrigation trop longue, l'excès d'eau percole en profondeur et est perdu pour les plantes. L'utilisation d'un tensiomètre en bas de la zone racinaire, à 30-60 cm de profondeur selon la culture, permet de savoir quand l’eau arrive sous la zone racinaire et par le fait même quand arrêter l'irrigation.

Le type de sol est un des facteurs à considérer pour déterminer l’espacement entre les goutteurs et le nombre de lignes de goutte-à-goutte qu’on choisit d’installer sur chacune des planches de culture. Pour en savoir plus, on peut consulter le document Tensiomètres et suivi de l’humidité du sol - Régie de la micro-irrigation (Bergeron, 2007).

Il existe plusieurs types et qualités de boyaux goutte-à-goutte. Selon le modèle, la pression d’opération, le débit par goutteur, l’espacement entre les goutteurs, le diamètre du boyau et l’épaisseur du plastique seront différents. Ces facteurs déterminent le coût d’achat, le taux d’application d’eau ainsi que la durée de vie des boyaux. Cette dernière est de quelques mois pour du tuyau d’une épaisseur de 4 mil et jusqu’à 7 saisons ou plus pour du tuyau d’une épaisseur de 15 mil.

Comme pour les tuyaux en polyéthylène ("carlon"), des connecteurs spécifiques aux tuyaux goutte-à-goutte ainsi que des outils spécifiques sont nécessaires pour assurer les connexions.

Les goutteurs de type spaghetti permettent d’appliquer l’eau directement à la base des plantes. Ils sont utilisés pour les cultures en pot ou en jardinière (en pépinière par exemple).

Structure d'un système goutte-à-goutte

Un système d’irrigation goutte-à-goutte comprend généralement les composantes suivantes dans cet ordre :

  1. une pompe;
  2. un système de filtration;
  3. un ou plusieurs manomètres;
  4. un ou plusieurs régulateurs de pression;
  5. des tuyaux d’alimentation principale, généralement flexibles, pour pouvoir circuler par-dessus;
  6. des tuyaux d’alimentation secondaire;
  7. des tuyaux avec goutteurs.

Une unité d’injection pour la fertigation peut être ajoutée, car des engrais utilisables en agriculture biologique pour la fertigation sont disponibles.

Système par aspersion

L’aspersion est une technique par laquelle l'eau est apportée aux plantes sous forme de pluie artificielle. Le principe de l’irrigation par aspersion est simple : l’eau sous pression sort d’une buse et est ensuite projetée et dirigée par un déflecteur.

Un système d’irrigation par aspersion est plus cher à l’achat qu'un système goutte-à-goutte, mais il est souvent plus durable. Par contre, une plus grande quantité d’eau est nécessaire pour apporter une quantité d’eau spécifique à la culture car l’application est moins uniforme. Il y a en effet plus de pertes, notamment à cause du vent et de l’évaporation. Par contre, ce système est facilement déplaçable, ce qui permet de réduire l’entrave aux sarclages et autres opérations d’entretien. L’aspersion d’eau peut aussi être utilisée comme technique de protection contre le gel, particulièrement dans les cultures fruitières. De plus, c’est un système plus performant pour les cultures semées et récemment transplantées car ce système mouille l’entièreté du sol ou du substrat, à l’inverse des systèmes d’irrigation par goutte-à-goutte.

Il existe différents équipements pour l’application d’eau par aspersion. Le choix se fait selon les surfaces à irriguer, le système en place (champ ou serre), la pression d’eau disponible et les besoins en eau. Selon le dénivelé et la longueur des tuyaux, on peut utiliser un régulateur de pression pour chaque asperseur afin que l’application d’eau soit plus uniforme.

Tableau 8. Caractéristiques techniques des équipements d’aspersion

Nom Pression d’opération Débit Diamètre d’arrosage
psi gpm m pi
Microgicleur Dan modulaire 15 - 40 0,1 - 0,45 2-9 6-30
Microgicleurs Netafim Spinnet/ vibroNet (suspendu - pour cultures sous abri) 30-40 0,22-0,88 3-9 10-30
Gicleur Naan 502-H 25-50 1-1,4 14-17 47-56
Gicleur Xcel Wobbler 15-30 1,3-1,84 10-17 32-56
Gicleur Rain Bird ½” 14VH 20-60 0,56-2,68 18-23 58-76
Gicleur ¾” SOMLO 40C 25-80 5-15,7 29-36 94-118
Gicleur moyenne portée Sime K1 20-60 13-47 30-46 100-150
Canon arroseur Nelson série 100 40-110 50-300 58-116 190-380
Canon enrouleur
  • Plusieurs modèles disponibles
  • Taux d’application selon la vitesse d’avancement
  • Motorisation à eau, électrique ou à essence
Rampe
  • Utilisation dans les grandes cultures
  • Généralement automotrice
  • Modèles linéaire ou à pivot

L’espacement des asperseurs dépend  du diamètre d'aspersion. L’objectif étant d’avoir une couverture le plus uniforme possible, on s’assure que les cercles d’aspersion se chevauchent. La distance entre les asperseurs sur une même ligne et entre les lignes devrait en général être égal à la moitié du diamètre d’aspersion.

Il est possible de commencer avec un nombre minimal de tuyaux d’alimentation que l’on déplace et d’en acheter d’autres au fil des années. Toutefois, si on choisit l’aspersion comme moyen de protection contre le gel, il faut s’assurer d’avoir suffisamment d’équipement (avec des buses appropriées) pour irriguer en une seule fois la parcelle à risque.

Structure d'un système par aspersion

Un système par aspersion comprend généralement les composantes suivantes dans cet ordre :

  • Une pompe qui peut assurer une pression et un débit suffisants, généralement supérieurs à ceux d’un système d’irrigation goutte à goutte. Il s’agit souvent d’une pompe actionnée par la prise de force d’un tracteur pour les plus grandes superficies ou encore d’une petite pompe à essence ou d’une pompe électrique;
  • Un système de filtration. La filtration de l’eau est un élément moins critique avec l’irrigation par aspersion que pour le goutte-à-goutte;
  • Des tuyaux ou boyaux de transport, généralement de 5 à 15 cm (2 à 6 po) de diamètre;
  • Des boyaux flexibles (optionnels), pour permettre d’alimenter l’une ou l’autre des conduites latérales;
  • Des conduites latérales sur lesquelles des asperseurs ou gicleurs sont espacés selon le diamètre d’aspersion;
  • Des buses conçues pour un objectif spécifique (p. ex. : portée du jet, débit, protection contre le gel).

Automatisation

La gestion de l’irrigation est une activité qui peut prendre beaucoup d’heures dans une semaine de travail. Il est possible d’automatiser certaines opérations pour sauver du temps et limiter les oublis. Selon l'ampleur de la tâche, il existe différentes stratégies. Pour les valves électriques, un réseau de fils est nécessaire. Il existe aussi des minuteurs alimentés par des batteries. Certains contrôleurs offrent une interface mobile (wifi, bluetooth) pour le contrôle à distance. Certains minuteurs de base ne gère qu’une station (un programme) alors qu’on peut aller jusqu’à 72 zones (72 programmes d’irrigation différents) avec des contrôleurs plus complets. La complexité des régies d’irrigation possibles dépend aussi des contrôleurs. Certains programmes de gestion du climat en serre peuvent également gérer l’irrigation.

Fertigation

Il est possible d’utiliser le système d’irrigation pour fertiliser les plantes, surtout dans les systèmes en serre. Cette pratique est largement utilisée avec les engrais conventionnels solubles et il est possible de l’utiliser aussi en agriculture biologique avec des intrants autorisés. Le principe est d’injecter une solution nutritive dans le système d’irrigation afin de fertiliser les plantes lors de l’irrigation. On peut utiliser une pompe doseuse ou un système d’injecteurs.


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