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Le faux-semis est une pratique culturale très efficace (Figure 1) pour réprimer les mauvaises herbes dans les cultures maraîchères en général, pour autant qu’il ne s’agisse pas de primeurs. Cette technique doit être utilisée autant qu’il est possible pour les légumes peu compétitifs (oignons, poireaux, carottes en début de saison, etc.). Pour un système non mécanisé, elle implique tout de même de travailler avec un motoculteur. Elle consiste à préparer le sol, puis à attendre que les mauvaises herbes germent pour les détruire superficiellement avant de semer ou de transplanter les légumes. Pour optimiser cette pratique, il est important de maximiser la levée des mauvaises herbes lors de la préparation du lit de semence. À ce stade, la profondeur de travail est d’environ 5 à 10 cm. Un deuxième passage, le plus superficiel possible, est fait de 5 à 10 jours plus tard, lorsque les mauvaises herbes ont germé. On peut même détruire par brûlage les mauvaises herbes qui ont émergé. | Le faux-semis est une pratique culturale très efficace (Figure 1) pour réprimer les mauvaises herbes dans les cultures maraîchères en général, pour autant qu’il ne s’agisse pas de primeurs. Cette technique doit être utilisée autant qu’il est possible pour les légumes peu compétitifs (oignons, poireaux, carottes en début de saison, etc.). Pour un système non mécanisé, elle implique tout de même de travailler avec un motoculteur. Elle consiste à préparer le sol, puis à attendre que les mauvaises herbes germent pour les détruire superficiellement avant de semer ou de transplanter les légumes. Pour optimiser cette pratique, il est important de maximiser la levée des mauvaises herbes lors de la préparation du lit de semence. À ce stade, la profondeur de travail est d’environ 5 à 10 cm. Un deuxième passage, le plus superficiel possible, est fait de 5 à 10 jours plus tard, lorsque les mauvaises herbes ont germé. On peut même détruire par brûlage les mauvaises herbes qui ont émergé. | ||
Il faut éviter de travailler le sol en profondeur lors du dernier passage, et ce, pour éviter que des graines de mauvaises herbes encore enfouies ne remontent à la surface. De plus, la germination de plusieurs graines est initiée par un éclat de lumière dans les premiers centimètres, ce qui arrive inévitablement quand on travaille le sol (sauf si on le fait de nuit !). En travaillant superficiellement ou en ne travaillant pas du tout le sol, on réduit grandement le nombre de graines qui peuvent germer. | Il faut éviter de travailler le sol en profondeur lors du dernier passage, et ce, pour éviter que des graines de mauvaises herbes encore enfouies ne remontent à la surface. De plus, la germination de plusieurs graines est initiée par un éclat de lumière dans les premiers centimètres, ce qui arrive inévitablement quand on travaille le sol (sauf si on le fait de nuit !). En travaillant superficiellement ou en ne travaillant pas du tout le sol, on réduit grandement le nombre de graines qui peuvent germer. | ||
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Une [https://wikimaraicher.ca/images/b/b1/D%C3%A9sherbage_dans_la_carotte_biologique.pdf étude] a été effectuée conjointement à l’IRDA et au CETAB+ sur le désherbage dans la carotte biologique. Différentes techniques furent comparées dont l'occultation, le faux-semis avec ou sans travail de sol, le semis dans des bandes de compost stérile, l'impact des outils de sarclage et les effets du buttage. | |||
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Le contenu qui suit est issu de :
Weill, A. et J. Duval. (2009). Guide de gestion globale de la ferme maraîchère biologique et diversifiée. Équiterre.
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Les moyens de lutte directs contre les mauvaises herbes comprennent le faux-semis, le désherbage manuel et le désherbage mécanique. Ce dernier est inévitable même dans un système mécanisé. Il existe trois façons de tuer une mauvaise herbe de façon mécanique. On peut soit l’arracher, soit couper ses racines, ou encore l’enterrer. Quelle que soir la façon, plus la mauvaise herbe est jeune plus elle sera facile à détruire.
Faux-semis
Le faux-semis est une pratique culturale très efficace (Figure 1) pour réprimer les mauvaises herbes dans les cultures maraîchères en général, pour autant qu’il ne s’agisse pas de primeurs. Cette technique doit être utilisée autant qu’il est possible pour les légumes peu compétitifs (oignons, poireaux, carottes en début de saison, etc.). Pour un système non mécanisé, elle implique tout de même de travailler avec un motoculteur. Elle consiste à préparer le sol, puis à attendre que les mauvaises herbes germent pour les détruire superficiellement avant de semer ou de transplanter les légumes. Pour optimiser cette pratique, il est important de maximiser la levée des mauvaises herbes lors de la préparation du lit de semence. À ce stade, la profondeur de travail est d’environ 5 à 10 cm. Un deuxième passage, le plus superficiel possible, est fait de 5 à 10 jours plus tard, lorsque les mauvaises herbes ont germé. On peut même détruire par brûlage les mauvaises herbes qui ont émergé.
Il faut éviter de travailler le sol en profondeur lors du dernier passage, et ce, pour éviter que des graines de mauvaises herbes encore enfouies ne remontent à la surface. De plus, la germination de plusieurs graines est initiée par un éclat de lumière dans les premiers centimètres, ce qui arrive inévitablement quand on travaille le sol (sauf si on le fait de nuit !). En travaillant superficiellement ou en ne travaillant pas du tout le sol, on réduit grandement le nombre de graines qui peuvent germer.
Des faux-semis successifs peuvent être effectués pour des cultures peu compétitives en début de croissance comme les carottes. Il n’y a vraiment que pour les cultures de primeurs et les cultures hâtives que cette technique est moins intéressante, car la levée des mauvaises herbes est souvent très longue dans un sol frais. Il est toujours possible de couvrir les petites superficies d’une toile de plastique transparente ou d’une bâche pour accélérer la germination des mauvaises herbes au printemps. Dans le même esprit, quand le sol est sec, on peut irriguer pour faire lever les mauvaises herbes plus rapidement. Pour plus d’information sur la technique du faux-semis, voir le document de Cloutier et Leblanc (2006).
Désherbage manuel
Le désherbage manuel est incontournable en maraîchage diversifié. Avec une excellente conduite des cultures, il est même envisageable de désherber manuellement jusqu’à environ deux hectares de légumes.
Gestion du désherbage manuel
Pour que le désherbage manuel ne soit pas une corvée éreintante, il faut travailler avec de bons outils (voir plus loin) au bon moment et savoir les utiliser. De façon générale, les mauvaises herbes doivent être détruites jeunes, sinon le temps de désherbage devient trop long.
Si le désherbage est mal géré, si les outils sont inadéquats, non seulement le temps de désherbage est-il démesuré, mais les pertes de rendement peuvent être importantes. Et souvent, le moral des troupes n’est pas très bon… Lorsque les employé·es passent leur temps à désherber sans en voir la fin, leur efficacité peut grandement diminuer.
Il faut évaluer le temps de désherbage afin de déterminer si les techniques utilisées sont économiquement rentables. Il ne faut pas hésiter à abandonner une culture très infestée dont le rendement est compromis. Enfin, si certains légumes demandent trop de temps pour le désherbage, comme cela arrive avec les carottes sur certaines fermes par exemple, il peut être plus rentable de les acheter. Une bonne gestion du travail permettant d’effectuer les bonnes opérations au bon moment devrait toutefois permettre de régler un tel problème.
Lorsque le désherbage manuel est le seul système utilisé sur la ferme, un rotoculteur automoteur permet de gagner beaucoup de temps lorsque l’on vient le temps de désherber l’entre-rang.
Quant aux fermes mécanisées, elles ont intérêt à optimiser le désherbage mécanique afin de minimiser le désherbage manuel, car le coût de ce dernier est beaucoup plus important.
« Si un seul passage manuel dans une culture est souvent inévitable, un deuxième est rarement rentable. »
Les outils de désherbage manuel
Plusieurs outils sont intéressants pour le désherbage manuel (Tableau 1). Il est important de sarcler quand le sol est sec. Il faut garder les lames bien aiguisées et apporter une lime ou une pierre au champ.
Tableau 1. Principaux outils de désherbage manuel
Outil | Description et usage |
---|---|
Binette (ou diable) | La binette à trois doigts, aussi appelée « diable », est efficace quand les mauvaises herbes sont au stade fil blanc. |
Houe colinéaire | Il s’agit d’une houe très légère conçue pour détruire les très jeunes mauvaises herbes. La lame de 10 cm de largeur est placée à un angle de 70° par rapport au manche, de façon à faire un passage parallèle au sol. On l’utilise donc comme un râteau à feuille, en rasant le sol plutôt qu’en creusant. Si les mauvaises herbes sont petites et la lame bien affûtée, l’effort requis est minime. Son coût est d’environ 35 $. |
Houe à tirer | Plus lourde que la houe colinéaire, elle est utilisée pour les mauvaises herbes plus grosses. Son coût est d’environ 40 $. |
Hybride houe colinéaire-houe à tirer | Il s’agit d’une version plus lourde et souvent plus efficace, qui combine les avantages de la houe colinéaire et de la houe à tirer selon l’angle qu’on l’utilise. |
Sarcleur oscillant / étrier | Cet outil agit par mouvement de va-et-vient. Il nécessite plus de force, mais entraîne moins les résidus et les roches qu’une houe à tirer standard. Son coût est d’environ 40 $. |
Houe sur roue | Munie ou non de lames oscillantes, elle convient pour les superficies de deux hectares et moins. Selon Coleman (2018), les houes avec une petite roue (22 cm de diamètre) sont plus efficaces et moins fatigantes à utiliser que celles à grande roue. Le coût d’une houe à roue est d’environ 350 $. |
Vrille pour racines profondes | Pour les mauvaises herbes à enracinement profond comme la mauve négligée, il existe des outils manuels spécialisés qui pénètrent le sol en vrille. Il en existe plusieurs modèles (ci-contre, le Weed Twister de la compagnie Ergonica) |
Pyrodésherbeur manuel | Il s’agit d’une torche au propane reliée à un manche et à une bonbonne qui est portée au dos ou tirée sur un petit chariot. On l’utilise en prélevée surtout pour les cultures à germination lente comme la carotte, le panais et la betterave. L’usage en postlevée est possible sur le rang dans plusieurs cultures, mais surtout pour l’oignon, le poireau et le maïs sucré.
Plus les mauvaises herbes sont jeunes, plus il est facile de les détruire. Le pyrodésher-bage est efficace même quand le sol est mouillé. Il n’est pas très efficace contre les vivaces et les graminées, à moins de répéter souvent le traitement. |
Motoculteur tracté ou poussé | Bien qu’intermédiaire entre le désherbage manuel et le désherbage à l’aide d’un tracteur, le passage d’un motoculteur tracté ou poussé est envisageable pour le désherbage des allées. Il existe aussi des modèles étroits permettant d’accéder à des entre-rangs peu larges sur les planches de culture. |
Désherbage mécanique
Gestion du désherbage mécanique
Pour pouvoir effectuer un désherbage mécanique efficace, il faut préparer un lit de semence assez fin, sans trop de mottes et de résidus, car ces derniers nuisent aux outils de désherbage. Le lit de semence doit être le plus uniforme possible, quitte à rouler le sol avant le semis, pour obtenir une profondeur de semis et une levée égales. Mais le plus important est de s’assurer que les semis et les transplantations sont faits en ligne droite, à écartements égaux et au bon espacement. Cette consigne doit être bien comprise par les employé·es qui se voient confier cette tâche, le cas échéant.
Un grand nombre d’outils sont disponibles pour désherber mécaniquement les cultures maraîchères. Cependant, encore plus que le type d’outil utilisé, ce sont le choix du tracteur, l’ajustement de l’outil, les conditions lors du passage et le stade de développement des mauvaises herbes qui déterminent le succès de l’opération. Plus on peut désherber près de la culture, plus on économise sur les coûts de désherbage manuel. Des chercheurs européens ont évalué que contrôler mécaniquement les mauvaises herbes sur une bande de 5 cm plutôt que 15 cm représentait une économie de 60 % en frais de désherbage manuel ! De ce point de vue, conduire le tracteur lentement et avec précision pour désherber le plus près possible de la culture n’est pas une perte de temps; au contraire, c’est très rentable.
« Je préfère désherber un rang à la fois avec mon tracteur Farmall pour pouvoir être le plus précis possible. »
En maraîchage diversifié, plutôt que de rechercher l’espacement entre les rangs idéal pour chaque culture, il est recommandé d’adopter les mêmes distances entre les rangs pour la majorité des cultures de façon à ne pas avoir à modifier les réglages des outils de désherbage. Idéalement, on devrait avoir des outils adaptés et déjà prêts à installer sous le tracteur pour les cultures en rang simple, double ou triple. D’avoir plus d’un tracteur à consacrer au désherbage est aussi un atout qui peut se justifier s’ils ne coûtent pas trop cher et si l’échelle de production le permet ; on laisse les appareils montés, ajustés, prêts à partir.
Le désherbage mécanique présente aussi d’autres avantages que de réprimer les mauvaises herbes. Il permet d’effectuer un binage et, par conséquent, de décrouter, d’ameublir et d’aérer le sol, ce qui permet la minéralisation de la matière organique et la libération d’azote.
Choix du tracteur
Un tracteur possédant un haut dégagement est préférable, car il faut pouvoir effectuer les travaux de désherbage mécanique aussi longtemps que possible dans les cultures. Cela est encore plus important pour les maraîcher·ères qui travaillent sur buttes, billons ou planches surélevées. Il est parfois possible d’obtenir un haut dégagement sur un tracteur normalement bas en installant des roues de grand diamètre, typiques des tracteurs horticoles. Le premier choix des maraîcher·ères diversifié·es devrait toutefois se diriger vers un tracteur non seulement à haut dégagement, mais sous lequel ou devant lequel on peut attacher des outils (tracteurs « porte-outils »). Il est aussi possible d’utiliser des tracteurs auxquels on ne peut attacher des outils qu’à l’arrière.
Les tracteurs « porte-outils »
Ce type de tracteur permet à une seule personne d’effectuer le désherbage mécanique, ce qui en abaisse les coûts. Il permet une excellente vision simultanée de la culture et de l’outil, ce qui donne un sarclage de grande précision si l’outil est bien ajusté (Figure 2). Le choix des marques est malheureusement très restreint pour ce genre de tracteur.
Parmi les marques récentes, on trouve des tracteurs européens assez coûteux comme le Fobro Mobil D60 (environ 25 000 $ plus les frais d’importation). À 20 000 $US, les tracteurs Saukville fabriqués aux États-Unis entrent dans la même catégorie. Il existe toutefois un modèle américain plus abordable, le Tuff-Bilt fabriqué en Alabama (environ 9 000 $US).
Parmi les marques plus anciennes, on trouve surtout les tracteurs de marque Farmall, particulièrement les modèles Super A (1947-1954), Cub (1947-1979), 404 et 504 (1961-1968), ou même des modèles plus gros. Selon leur état, ces tracteurs se vendent à partir d’aussi peu que 2 000 $. Souvent, ils demandent un certain reconditionnement avant de pouvoir être utilisés. Il est possible de tomber sur de bonnes occasions dans les régions où l’on pratique la culture maraîchère. La compagnie Allis-Chalmers a aussi produit les modèles B et G (décennies 1940 et 1950) qui peuvent être utilisés pour la même fonction. Le moteur du modèle G est placé à l’arrière, ce qui permet une vision très dégagée à l’avant. Certain·es maraîcher·ères ont remplacé le moteur à essence du Allis-Chalmers G par un moteur électrique, ce qui élimine le bruit et la pollution occasionnés par le moteur à essence.
Enfin, la plupart des fabricants de tracteurs ont produit, à un moment ou à un autre, des modèles conçus pour le désherbage mécanique. L’inconvénient majeur de ces vieux tracteurs est que les pièces sont difficiles à trouver et même coûteuses. En même temps, leur mécanique est assez simple en comparaison des tracteurs modernes, de sorte qu’ils sont faciles à entretenir pour quelqu’un qui est un peu bricoleur.
Les autres tracteurs
Les autres types de tracteur ne permettent que d’attacher des outils à l’arrière, parfois à l’avant. Ces tracteurs peuvent convenir dans la mesure où on y attache des outils assistés (ex. : sarcleur Univerco et sarcleur à piochons), ce qui implique au moins une personne de plus pour faire le désherbage. Certains modèles de ces outils assistés sont conçus pour désherber plusieurs rangs à la fois avec une équipe d’employé·es. Il faut savoir que pour utiliser un sarcleur à deux rangs, il faut avoir employé un semoir ou un planteur à deux rangs; pour un sarcleur à trois rangs, il faut avoir employé un semoir ou un planteur à trois rangs, etc. Les outils non assistés installés derrière le tracteur sont plus difficiles à utiliser en maraîchage car, en raison de l’effet de levier, une seconde de distraction ou un coup de roue maladroit peuvent facilement détruire une partie des cultures; il faut apprendre à conduire droit. Si on veut tout de même utiliser ces outils, il est toutefois possible d’ajouter des miroirs à l’avant du tracteur au niveau du sol pour aider à la précision.
Outils de désherbage mécanique
Les tableaux qui suivent présentent les principaux outils utilisés pour le désherbage mécanique en maraîchage. Selon le type d’outil, le désherbage mécanique se fait soit sur le rang, soit entre les rangs et, dans certains cas, pour les deux à la fois. Il est à noter que certains outils fonctionnent mieux dans certains sols que d’autres. Il est préférable de faire des essais et de valider les outils avant de les acheter.
Outils de désherbage à l'aveugle
Le but du désherbage à l'aveugle est de contrôler les mauvaises herbes sur le rang. Ils fonctionnent tous sur le principe selon lequel l’enracinement de la culture est plus fort que celui des mauvaises herbes. Comme ces outils travaillent sur toute leur largeur, ils permettent aussi de désherber l'entre-rang. Toutefois, la seule raison d'utiliser de tels outils est de désherber sur le rang, des outils plus efficaces existant pour l'entre-rang. Ces outils doivent être utilisés très tôt lorsque les mauvaises herbes sont aux stades fil blanc, cotylédon ou deux feuilles. Le tableau 2 présente ces outils de désherbage.
Tableau 2. Outils de désherbage à l'aveugle
Outil | Description et usage |
---|---|
Herse étrille ou peigne[1] | Séries de longues tiges flexibles sur plusieurs rangs qui vibrent dans tous les sens.
La herse-peigne est utilisée en prélevée des cultures semées en profondeur (maïs, haricots, pois; essais à faire avec les épinards) et en postlevée des cultures semées ou transplantées (maïs, haricots, pois, brassicacées, betteraves, poireaux, oignons, céleris, épinards) et bien enracinées (à partir de 4 feuilles environ). Remarque : il faut préférer les modèles de peigne sur l’attache trois points du tracteur ou pour lesquels la tension des tiges peut être ajustée facilement. Les modèles larges ou en plusieurs sections permettent de faire plusieurs planches à la fois pour épargner du temps |
Houe rotative | Même usage que la herse-peigne, mais moins agressif. La houe rotative est peu efficace dans les sols très légers. |
Vibro-bineuse, herse à pacage sur l’attache trois points du tracteur
Photo : marketfarm.com |
Un réseau de dents verticales assemblées en mailles souples est suspendu à un cadre tiré ou porté par le tracteur. Les herses à pacage non suspendues à un cadre sont déconseillées, car il est alors impossible d’ajuster l’agressivité de l’outil.
Même usage que la herse-peigne : prélevée des cultures semées en profondeur (maïs, haricots, pois, épinards) et postlevée des cultures semées ou transplantées (maïs, haricots, pois, brassicacées, betteraves, poireaux, oignons, céleris, épinards) et bien enracinées (à partir de 4 feuilles environ). |
« Dans l’oignon, je commence à passer le peigne environ 10 jours après la transplantation, lorsque les plants sont bien enracinés, et ensuite chaque semaine, pendant au moins 4 semaines. J’arrête lorsque le peigne risque de briser trop de feuilles. J’utilise d’abord l’ajustement le moins agressif du peigne et je passe au plus agressif au fur et à mesure que les plants se développent. Il faut vérifier l’effet du passage du peigne après quelques mètres et à l’occasion par la suite. Si les plants restent enracinés lorsqu’on les tire légèrement, l’ajustement est adéquat et on peut continuer; sinon il faut ajuster le peigne pour qu’il soit moins agressif. Les plants qui se couchent se redresseront s’ils sont toujours bien enracinés. »
Outils de désherbage sur le rangs
Plusieurs outils sont conçus pour désherber sur le rang. Certains d'entre-eux ne permettent d'effectuer un désherbe sur le rang que si les plants sont suffisamment espacés (sarcleur à toupies, sarcleur à piochons). La plupart de ces sarcleurs permettent aussi un certain désherbage entre-rang. Les outils les plus adaptés au maraîchage diversifié en raison de leur coût, leur disponibilité et leur efficacité sont présentés au tableau 3.
Tableau 3. Outils de désherbage entre les rangs
Outil | Description et usage |
---|---|
Sarcleur à doigts flexibles (Buddingh C) | Des doigts en caoutchouc légèrement flexibles sont disposés sur des roues à axe vertical. Ces mêmes roues portent aussi des tiges verticales qui pénètrent le sol. Le croisement des doigts de caoutchouc permet un désherbage sur le rang.
Ce sarcleur est utilisé pour le désherbage des brassicacées, du céleri, du poireau, des jeunes plants de cucurbitacées et de solanacées, des fraisiers, des fèves et de plusieurs autres légumes. Le sol doit être exempt de mottes, de roches et de résidus. |
Sarcleur à lames et tiges vibrantes (Bezzerides) | Des lames et des tiges de métal d’une souplesse tout juste suffisante pour désherber sans déraciner la culture sont passées à angle de chaque côté du rang. Ce type d’outil pour tracteur porte-outils est indiqué pour désherber près du rang et sur le rang alors que la culture est très jeune. Il est peu coûteux, mais nécessite un ajustement très précis. |
Sarcleur à toupies verticales de type Univerco (Reigi) | Des toupies verticales munies de doigts flexibles verticaux sont actionnées par la prise de force du tracteur et peuvent être rapprochées et éloignées par un opérateur assis sur l’appareil. Ce sarcleur convient pour toutes les cultures en rangs. Il permet un certain contrôle sur le rang dans les cultures où les plants sont suffisamment distancés (exemple : fraisiers). L’appareil requiert un opérateur par rang. |
Sarcleur à piochons | Deux lames horizontales mobiles peuvent être rapprochées et éloignées du rang par un opérateur assis sur l’appareil. L’opérateur doit utiliser ses bras et ses jambes.
Même usage que le sarcleur de type Univerco (voir ci-dessus). L’appareil requiert un opérateur par rang en plus du conducteur du tracteur. |
Pyrodésherbeur | Il existe diverses versions de pyrodésherbeur pour tracteurs. Certaines permettent de brûler toute la surface d’une planche de culture, tandis que d’autres dirigent des jets de flamme pour un contrôle des mauvaises herbes sur le rang. Les appareils avec couvercle sont les moins énergivores. |
Outils de désherbage entre les rangs
La plupart des outils utilisés pour le désherbage sont conçus pour désherber l’entre-rang. Les outils les plus adaptés au maraîchage diversifié en raison de leur coût, leur disponibilité et leur efficacité sont présentés au tableau 4.
Tableau 4. Outils de désherbage entre les rangs
Outil | Description et usage |
---|---|
Socs, lames, disques, etc. pour tracteur porte-outils | Les tracteurs porte-outils viennent souvent avec des attaches pour une foule d’outils tels que disques, dents, socs, etc. Il s’agit de les adapter à chaque culture. Ils sont peu coûteux et conviennent pour toutes les cultures en rangs. Les disques sont idéaux pour les cultures qui peuvent être buttées (exemples : poireau, pomme de terre, maïs). Les disques déplacent le sol vers le rang ou vers l’entre-rang selon leur orientation. |
Sarcleur à cages (ex. : Buddingh Basket Weeder) | Il s’agit de séries de cages de métal tournant sur un axe horizontal et séparées par un espace ajustable pour le rang de légume. Ce type de sarcleur permet d’aller très près des plants sans soulever de terre. Il est idéal pour les laitues ou toute culture basse en rangs multiples.
Le modèle Buddingh (Buddingh Basket Weeder) est long à ajuster. Les modèles européens sont plus faciles à ajuster, mais aussi plus coûteux. |
Des outils moins intéressants à cause de leur manque de disponibilité, de leur manque d’efficacité, ou encore de leur prix élevé sont présentés au tableau 5.
Tableau 5. Autres outils de désherbage
Outil | Description et usage |
---|---|
Sarcleur standard avec dents en S (type vibroculteur)
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Très commun, ce type d’outil est très utilisé en grande culture dans le maïs et le soya lorsque leur croissance est suffisamment avancée. On trouve facilement des modèles usagés. Les dents en S montées sur un cadre peuvent être munies de socs de différentes largeurs.
En maraîchage, on l’utilise principalement en postlevée pour le maïs sucré, les pois et les fèves. Il est difficile d’aller près des rangs sans augmenter le risque de dommages à la culture. |
Sarcleur à houes rotatives orientables (exemples : Lilliston, Bezzerides Spyder) | Des roues dentées disposées sur un axe horizontal, seules ou en groupe, peuvent être orientées selon le besoin. Elles peuvent être utilisées pour sarcler ou pour butter. Ce type d’outil n’est pas indiqué dans les sols rocheux, mais il tolère la présence de résidus. Les houes Lilliston sont distribués au Québec par Plastitech. |
Sarcleur à brosse à axe horizontal (exemple : Bortsch-Fobro, Thermec)
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Des brosses de grand diamètre disposées sur un axe horizontal déchirent et déracinent les mauvaises herbes entre les rangs. Cet outil convient pour toutes les cultures en rangs. Toutefois, il est rare et coûteux à l’achat (environ 6 000 $ par rang). |
Sarcleuse - fraiseuse (exemple : Multivator) | Il s’agit de petits rotoculteurs en série pour les entre-rangs. Ce type d’appareil convient à toutes les cultures en rangs, mais il est coûteux à l’achat; intéressant seulement pour de grandes superficies avec le même espacement. Il permet de détruire des mauvaises herbes avancées, mais il effectue un travail de sol excessif en sol battant. |
Buttage
Les opérations de buttage ou renchaussage permettent un bon contrôle des mauvaises herbes dans la pomme de terre et le poireau. D’autres cultures, comme le maïs et probablement les haricots, peuvent aussi être renchaussées pour contrôler les mauvaises herbes sur le rang, dans la mesure où ces dernières sont assez petites pour être complètement enterrées. Certains producteurs renchaussent même les oignons et les carottes bien que ce ne soit généralement pas recommandé.
Désherbage et paillis de plastique
Le désherbage mécanique près des paillis de plastique pose des difficultés, car il y a risque d’abîmer les pellicules plastiques avec l’outil de désherbage. Les pellicules biodégradables, particulièrement, peuvent facilement se briser au contact de l’outil. Certains producteurs arrivent toutefois à très bien désherber ces zones, sans trop avoir recours au désherbage manuel. Il faut procéder lentement et avec précision en ayant une bonne vue sur la zone à désherber (Figure 3). Le paillis doit être ancré dans le sol à une profondeur suffisante pour ne pas être accroché par l’outil de désherbage. Un léger renchaussage vers le paillis permet de recouvrir les petites mauvaises herbes. Avec des paillis résistants, il est aussi possible d’utiliser des houes rotatives de type Lilliston en les orientant de façon à resserrer le paillis. À ce sujet, le documentaire intitulé Vegetable Farmers and their Weed Control Machines, disponible auprès du service d’extension de l’Université du Vermont, est un excellent document à visionner.
Certaines mauvaises herbes, comme le souchet et le chiendent, peuvent également croître à travers les paillis de plastique (Figure 4). Il n’y a pas de solution à ce problème, si ce n’est d’entreprendre des mesures à plus long terme pour contrôler ces vivaces dans le champ concerné ou d’utiliser des pellicules plastiques plus épaisses.
La lutte contre les mauvaises herbes qui poussent dans les trous pratiqués dans le plastique ne peut se faire que manuellement. Idéalement, on doit enlever ces mauvaises herbes quand elles sont jeunes de façon à ne pas déranger le système racinaire de la culture.
Étude de cas
Désherbage dans la carotte
Une étude a été effectuée conjointement à l’IRDA et au CETAB+ sur le désherbage dans la carotte biologique. Différentes techniques furent comparées dont l'occultation, le faux-semis avec ou sans travail de sol, le semis dans des bandes de compost stérile, l'impact des outils de sarclage et les effets du buttage.
Aucun mot clé.
- ↑ . Un document décrivant la herse-peigne pour les systèmes de grandes cultures peut être consulté sur Agri-Réseau. Le principe de fonctionnement est le même en maraîchage.