« Guide 04-04-04 » : différence entre les versions
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Les déjections animales peuvent être sous forme solide (fumier), semi-liquide ou liquide (lisier). C’est le mode de gestion dans les bâtiments (avec ou sans ajout de paille ou de ripe) et le mode d’entreposage qui déterminent la consistance. | Les déjections animales peuvent être sous forme solide (fumier), semi-liquide ou liquide (lisier). C’est le mode de gestion dans les bâtiments (avec ou sans ajout de paille ou de ripe) et le mode d’entreposage qui déterminent la consistance. | ||
En maraîchage, ce sont surtout les fumiers qui sont utilisés. Ils proviennent principalement des élevages de bovins laitiers ou de boucheries, d’ovins et de volailles, et de chevaux. Ils permettent d’enrichir le sol en matière organique grâce à leur contenu en paille, copeau de bois ou ripe. Toutefois, même s’ils sont sous forme solide, leur rapport C/N est souvent trop faible (en général entre 7 et 15) pour les composter sans ajouter des matières carbonées au mélange (voir chapitre | En maraîchage, ce sont surtout les fumiers qui sont utilisés. Ils proviennent principalement des élevages de bovins laitiers ou de boucheries, d’ovins et de volailles, et de chevaux. Ils permettent d’enrichir le sol en matière organique grâce à leur contenu en paille, copeau de bois ou ripe. Toutefois, même s’ils sont sous forme solide, leur rapport C/N est souvent trop faible (en général entre 7 et 15) pour les composter sans ajouter des matières carbonées au mélange (voir le chapitre ''[[Opérations Sol Compostage Accueil|Le compostage à la ferme]]''). | ||
Les lisiers et les effluents semi-liquides proviennent souvent des élevages porcins ou bovins et même parfois des élevages de volaille. Ils sont peu utilisés en maraîchage, d’autant plus qu’il est recommandé de les appliquer au printemps pour minimiser les pertes, ce qui est incompatible avec les délais de 90 ou 120 jours avant la récolte qui sont exigés pour la certification biologique. | Les lisiers et les effluents semi-liquides proviennent souvent des élevages porcins ou bovins et même parfois des élevages de volaille. Ils sont peu utilisés en maraîchage, d’autant plus qu’il est recommandé de les appliquer au printemps pour minimiser les pertes, ce qui est incompatible avec les délais de 90 ou 120 jours avant la récolte qui sont exigés pour la certification biologique. | ||
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Les fumiers de ruminants et de chevaux contiennent une proportion de phosphore par rapport à l’azote et au potassium plus faible que les fumiers de granivores. Cette caractéristique est à considérer si on veut limiter l’apport de phosphore et apporter le plus possible de potassium. Toutefois, les fumiers de ruminants contiennent des graines de mauvaises herbes, ce qui est moins le cas avec les fumiers de granivores, notamment pour les volailles disposant d’un gésier. | Les fumiers de ruminants et de chevaux contiennent une proportion de phosphore par rapport à l’azote et au potassium plus faible que les fumiers de granivores. Cette caractéristique est à considérer si on veut limiter l’apport de phosphore et apporter le plus possible de potassium. Toutefois, les fumiers de ruminants contiennent des graines de mauvaises herbes, ce qui est moins le cas avec les fumiers de granivores, notamment pour les volailles disposant d’un gésier. | ||
Des valeurs moyennes d’analyse pour les fumiers les plus utilisés en maraîchage sont données dans le | Des valeurs moyennes d’analyse pour les fumiers les plus utilisés en maraîchage sont données dans le tableau 1. Les valeurs moyennes des lisiers sont présentées dans le tableau 2. Pour plus de données, il est possible de consulter le guide ''[https://www.craaq.qc.ca/documents/files/MDGAT024_MDDELCC_simpl/Doc_complet_Final_depot.pdf Valeurs références pour les volumes et les concentrations d’éléments fertilisants dans les effluents d'élevage]'' (Magnan, 2020). | ||
Il est cependant illusoire de vouloir prendre des décisions de fertilisation sur la base de valeurs moyennes parce que les fumiers qu’on obtient sont très variables et diffèrent habituellement substantiellement des valeurs moyennes. Avant de prendre une décision de fertilisation il faut donc caractériser les fumiers au moyen de mesures et d’analyses appropriées. | |||
<div class="p-2"> | <div class="p-2"> | ||
Ligne 44 : | Ligne 44 : | ||
|3,6 | |3,6 | ||
|5,3 | |5,3 | ||
|23 | |23* | ||
|15 | |15* | ||
|- | |- | ||
|Bovins de boucherie | |Bovins de boucherie - engraissement ou finition** | ||
|27 | |27 | ||
|5 à 8,55 | |5 à 8,55 | ||
Ligne 63 : | Ligne 63 : | ||
| | | | ||
|- | |- | ||
|Ovins | |Ovins - brebis et agneau | ||
|25 | |25 | ||
|11,6 | |11,6 | ||
Ligne 71 : | Ligne 71 : | ||
|7-14 | |7-14 | ||
|- | |- | ||
|Ovin | |Ovin - agneau | ||
|25 | |25 | ||
|22,2 à 24 | |22,2 à 24 | ||
Ligne 84 : | Ligne 84 : | ||
|23,1 | |23,1 | ||
|18 | |18 | ||
|38 | |38* | ||
|11,5 | |11,5* | ||
|- | |- | ||
|Volaille - fumier de poule pondeuse | |Volaille - fumier de poule pondeuse | ||
Ligne 96 : | Ligne 96 : | ||
|} | |} | ||
<div class="notes"><small> | <div class="notes"><small> | ||
'''Notes'''<br> | |||
<nowiki>**</nowiki>Variable selon la période d’élevage | <nowiki>**</nowiki>Variable selon la période d’élevage | ||
'''Source :''' Magnan (2020); S’il y a un astérisque (*), la source est : CRAAQ | '''Source :''' [https://www.craaq.qc.ca/documents/files/MDGAT024_MDDELCC_simpl/Doc_complet_Final_depot.pdf Magnan (2020)]; S’il y a un astérisque (*), la source est : [https://www.craaq.qc.ca/Publications-du-CRAAQ/guide-de-reference-en-fertilisation-2e-edition/p/PSOL0101 Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec (CRAAQ) (2013)]. | ||
</small> | </small> | ||
</div> | </div> | ||
</div> | </div> | ||
Tableau 2. | <div class="p-2"> | ||
{| class=" | '''Tableau 2.''' Caractéristiques de différents types de lisiers et fumiers semi-liquides | ||
|Type de lisier | {| class="table table-bordered table-responsive table-sm" | ||
! rowspan="2" | Type de lisier | |||
! Matière sèche | |||
! N | |||
! P<sub>2</sub>O<sub>5</sub> | |||
! K<sub>2</sub>O | |||
! NH<sub>4</sub><sup>+</sup> | |||
| | ! C/N | ||
|- | |||
! % | |||
! kg/t | |||
! kg/t | |||
! kg/t | |||
! % | |||
! | |||
|- | |- | ||
|Bovins laitiers - lisier | |Bovins laitiers - lisier | ||
Ligne 139 : | Ligne 138 : | ||
|3,4* | |3,4* | ||
|- | |- | ||
|Volaille | |Volaille - lisier de poule pondeuse | ||
|11,1 | |11,1 | ||
|10,7 | |10,7 | ||
Ligne 147 : | Ligne 146 : | ||
|3 | |3 | ||
|- | |- | ||
|Volaille | |Volaille - fientes de poules pondeuses (< de 50 % de MS) | ||
|29,4 | |29,4 | ||
|17,1 | |17,1 | ||
Ligne 155 : | Ligne 154 : | ||
|5,2 | |5,2 | ||
|- | |- | ||
|Volaille | |Volaille - fientes de poules pondeuses (≥ de 50 % de MS) | ||
|67,9 | |67,9 | ||
|39,6 | |39,6 | ||
Ligne 163 : | Ligne 162 : | ||
|5,2 | |5,2 | ||
|} | |} | ||
Source : Magnan (2020) ; | <div class="notes"><small> | ||
'''Source :''' [https://www.craaq.qc.ca/documents/files/MDGAT024_MDDELCC_simpl/Doc_complet_Final_depot.pdf Magnan (2020)]; S’il y a un astérisque (*), la source est : [https://www.craaq.qc.ca/Publications-du-CRAAQ/guide-de-reference-en-fertilisation-2e-edition/p/PSOL0101 CRAAQ (2013)] | |||
</small> | |||
</div> | |||
</div> | |||
Plusieurs éléments ressortent de ces tableaux : | Plusieurs éléments ressortent de ces tableaux : | ||
* Le fumier solide de volaille est à peu près cinq ou six fois plus riche que le fumier solide de bovins, surtout parce qu’il est moins humide; | * Le fumier solide de volaille est à peu près cinq ou six fois plus riche que le fumier solide de bovins, surtout parce qu’il est moins humide; | ||
* La fraction ammoniacale ( | * La fraction ammoniacale (NH<sub>4</sub><sup>+</sup>) est très élevée dans les lisiers de porcs, de volailles et de bovins. Comme il s’agit de la fraction minérale de l’azote, cet azote est rapidement disponible pour les plantes. Lorsque ce type de déjection est épandu à l’automne sans engrais vert, cette fraction (50 à 70 % de l’azote total) est en grande partie perdue dans l’environnement par lessivage ou volatilisation. Une telle pratique est peu recommandable et est encadrée par la réglementation (la section ''[[Guide 04-04-08|Épandage des fumiers, lisiers et composts et aspects réglementaires]]''). | ||
Les valeurs de calcium et de magnésium sont rarement utilisées dans la planification de la fertilisation avec fumiers, lisiers et composts. | Les valeurs de calcium et de magnésium sont rarement utilisées dans la planification de la fertilisation avec fumiers, lisiers et composts. | ||
=== Teneur en éléments mineurs === | === Teneur en éléments mineurs === | ||
Un document réalisé en Montérégie regroupant les analyses de fumier de plus de 2000 échantillons fournit de l’information détaillée sur les analyses médianes en éléments majeurs et mineurs des principaux types de fumiers et lisiers (St-Pierre et Rivest, 2005). Un résumé des valeurs pour les éléments mineurs est donné dans le | Un document réalisé en Montérégie regroupant les analyses de fumier de plus de 2000 échantillons fournit de l’information détaillée sur les analyses médianes en éléments majeurs et mineurs des principaux types de fumiers et lisiers ([[Guide 04-04-R|St-Pierre et Rivest, 2005]]). Un résumé des valeurs pour les éléments mineurs est donné dans le tableau 3. | ||
Même si une carence identifiée en élément mineur requiert un apport additionnel d’oligoélément (voir | Même si une carence identifiée en élément mineur requiert un apport additionnel d’oligoélément (voir la section ''[[Guide 04-06-04|Les besoins des légumes]]''), l’utilisation de fumiers, lisiers et compost permet de limiter le risque de carence. | ||
Les carences les plus fréquentes en sol minéral sont le bore (Bo), le manganèse (Mn), le zinc (Zn) et le molybdène (Mo, non analysé ci-dessous). Le cuivre (Cu) est à surveiller uniquement en sol organique. Le fer (Fe) et l’aluminium (Al) ne sont en général pas pris en compte car les sols en contiennent beaucoup. | Les carences les plus fréquentes en sol minéral sont le bore (Bo), le manganèse (Mn), le zinc (Zn) et le molybdène (Mo, non analysé ci-dessous). Le cuivre (Cu) est à surveiller uniquement en sol organique. Le fer (Fe) et l’aluminium (Al) ne sont en général pas pris en compte car les sols en contiennent beaucoup. | ||
Un excès de sodium (Na) peut entraîner des problèmes de salinité dans les terreaux ou en serre mais pas en sol cultivé en champ. | Un excès de sodium (Na) peut entraîner des problèmes de salinité dans les terreaux ou en serre, mais pas en sol cultivé en champ au Québec. | ||
Pour fin de comparaison, les apports de ces fumiers pour une dose d’application moyenne et les prélèvements (kg/ha) de quelques cultures sont aussi indiqués ( | Pour fin de comparaison, les apports de ces fumiers pour une dose d’application moyenne et les prélèvements (kg/ha) de quelques cultures sont aussi indiqués (Tableaux 4 et 5). | ||
Tableau 3. Teneur d’éléments mineurs d’engrais de ferme (valeur médiane | <div class="p-2"> | ||
{| class=" | '''Tableau 3.''' Teneur d’éléments mineurs d’engrais de ferme (valeur médiane) | ||
| | {| class="table table-bordered table-responsive table-sm" | ||
! colspan="2" | | |||
! Bore | |||
! Manganèse | |||
! Zinc | |||
! Cuivre | |||
|- | |- | ||
! Engrais de ferme | |||
! Matière sèche (%) | |||
! colspan="4" |ppm | |||
|ppm | |||
|- | |- | ||
|Base humide | ! colspan="6" |Base humide | ||
|- | |- | ||
|Bovin laitier - fumier | |Bovin laitier - fumier | ||
Ligne 234 : | Ligne 229 : | ||
|26 | |26 | ||
|- | |- | ||
! colspan="6" |Base sèche | |||
|Base sèche | |||
|- | |- | ||
|Bovin laitier - fumier | |Bovin laitier - fumier | ||
Ligne 276 : | Ligne 259 : | ||
|765 | |765 | ||
|- | |- | ||
|Porc engraissement - lisier IRDA (Seydoux et al., 2006) | |Porc engraissement - lisier IRDA (Seydoux ''et al.'', 2006) | ||
|100 | |100 | ||
| | | | ||
Ligne 283 : | Ligne 266 : | ||
|800 | |800 | ||
|} | |} | ||
Tableau 4. Calcul de l’apport en éléments mineurs | <div class="notes"><small> | ||
{| class=" | '''Source :''' [[Guide 04-04-R|Rivest et St-Pierre (2005)]] cité par [https://www.agrireseau.net/agriculturebiologique/documents/Elements%20mineurs%20FINAL2.pdf Estevez (2006)] | ||
|Engrais de ferme | </small> | ||
</div> | |||
</div> | |||
<div class="p-2"> | |||
'''Tableau 4.''' Calcul de l’apport en éléments mineurs de différents fumiers ou lisier pour des doses d’application standard | |||
{| class="table table-bordered table-responsive table-sm" | |||
! rowspan="2" | Engrais de ferme | |||
! Dose | |||
! Bore | |||
! Manganèse | |||
! Zinc | |||
! Cuivre | |||
|- | |- | ||
! t/ha | |||
! colspan="4" |kg/ha | |||
|- | |- | ||
|Bovin laitier - fumier | |Bovin laitier - fumier | ||
Ligne 324 : | Ligne 313 : | ||
|1,3 | |1,3 | ||
|} | |} | ||
<div class="notes"><small> | |||
{| class=" | '''Source :''' [[Guide 04-04-R|Rivest et St-Pierre (2005)]] cité par [https://www.agrireseau.net/agriculturebiologique/documents/Elements%20mineurs%20FINAL2.pdf Estevez (2006)] | ||
|Culture | </small> | ||
</div> | |||
</div> | |||
<div class="p-2"> | |||
'''Tableau 5.''' Prélèvement de quelques cultures en éléments mineurs<sup>1</sup> | |||
{| class="table table-bordered table-responsive table-sm" | |||
! rowspan="2" | Culture | |||
! Rendement | |||
! Bore | |||
! Manganèse | |||
! Zinc | |||
! Cuivre | |||
|- | |- | ||
! t/ha | |||
! colspan="4" |kg/ha | |||
|- | |- | ||
|Avoine | |Avoine | ||
Ligne 358 : | Ligne 353 : | ||
|0,16 | |0,16 | ||
|} | |} | ||
1 | <div class="notes"><small> | ||
'''Notes'''<br> | |||
<sup>1</sup> Des valeurs pour les légumes n'ont pu être trouvées. Le document de [https://www.agrireseau.net/documents/104052/nouvelle-methode-d_interpretation-des-besoins-en-oligoelements-des-cultures-maraicheres-au-quebec?a=1&r=Nouvelle+m%C3%A9thode+d%E2%80%99interpr%C3%A9tation+des+besoins+en+oligo%C3%A9l%C3%A9ments+des+cultures+mara%C3%AEch%C3%A8res+du+Qu%C3%A9bec Quinche et Parent (2021)] apporte toutefois des précisions sur les teneurs souhaitées dans les tissus foliaires de certains légumes en fonction de leur stade de développement. | |||
'''Source :''' [[Guide 04-04-R|Rivest et St-Pierre (2005)]] cité par [https://www.agrireseau.net/agriculturebiologique/documents/Elements%20mineurs%20FINAL2.pdf Estevez (2006)] | |||
</small> | |||
</div> | |||
</div> | |||
Il est à noter que des apports élevés de fumiers, lisiers et composts tendent à augmenter les niveaux de zinc et de manganèse. À cause d’ajouts importants dans les rations, l’usage répété de lisier de porcs apporte des quantités de cuivre élevées qui peuvent mener à un déséquilibre des sols. | Il est à noter que des apports élevés de fumiers, lisiers et composts tendent à augmenter les niveaux de zinc et de manganèse. À cause d’ajouts importants dans les rations, l’usage répété de lisier de porcs apporte des quantités de cuivre élevées qui peuvent mener à un déséquilibre des sols. | ||
== Principales caractéristiques des composts == | == Principales caractéristiques des composts == | ||
Les composts peuvent être d’origine animale ou végétale. Actuellement, il y a très peu de données sur les composts végétaux. Pour cette raison seuls les composts comportant des matières animales sont détaillés ci-dessous. Ces derniers peuvent être fabriqués à la ferme ou achetés. Quant aux lombricomposts, très peu d’information fiable est disponible. L’alimentation des lombrics influençant grandement la richesse des produits, les lombricomposts issus de déjections bovines auraient les valeurs fertilisantes les plus élevées (Das et al., 2014). | Les composts peuvent être d’origine animale ou végétale. Actuellement, il y a très peu de données sur les composts végétaux. Pour cette raison seuls les composts comportant des matières animales sont détaillés ci-dessous. Ces derniers peuvent être fabriqués à la ferme ou achetés. Quant aux lombricomposts, très peu d’information fiable est disponible. L’alimentation des lombrics influençant grandement la richesse des produits, les lombricomposts issus de déjections bovines auraient les valeurs fertilisantes les plus élevées ([https://doi.org/10.1007/s10661-014-4046-5 Das ''et al.'', 2014]). | ||
=== Compost d’origine animale fabriqué à la ferme === | === Compost d’origine animale fabriqué à la ferme === | ||
La qualité du compost dépend à la fois du matériel utilisé (ratio C/N et taux d’humidité) mais aussi de la gestion du compostage (nombre de retournements, température et durée) | La qualité du compost dépend à la fois des caractéristiques du matériel utilisé (ratio C/N et taux d’humidité), mais aussi de la gestion du compostage (nombre de retournements, température atteinte et durée) ainsi que du mode de stockage (protection ou non de l'andain par rapport au lessivage). | ||
Un ratio C/N de départ faible ou un nombre de retournement élevé entraînent des pertes en azote par volatilisation élevées. L’absence de couverture de l’amas entraîne des pertes importantes de potassium et d’azote par lessivage. Le phosphore est peu affecté par la gestion et se conserve bien. | Un ratio C/N de départ faible ou un nombre de retournement élevé entraînent des pertes en azote par volatilisation élevées. L’absence de couverture de l’amas entraîne des pertes importantes de potassium et d’azote par lessivage. Le phosphore est peu affecté par la gestion et se conserve bien. | ||
Ainsi, l’analyse du compost peut être très variable. Elle varie d’une ferme à l’autre mais aussi d'un amas à l'autre sur la même ferme (Tableau 6). | Ainsi, l’analyse du compost peut être très variable. Elle varie d’une ferme à l’autre, mais aussi d'un amas à l'autre sur la même ferme (Tableau 6). | ||
Il n’y a pas d’analyse moyenne de compost basée sur un grand nombre d'échantillons comme pour les fumiers. Quelques données sont toutefois présentées au tableau | Il n’y a pas d’analyse moyenne de compost basée sur un grand nombre d'échantillons comme pour les fumiers. Quelques données sont toutefois présentées au tableau 6. Elles proviennent d’une étude réalisée au Québec sur 29 composts commerciaux et fermiers faits à partir de fumiers. Les résultats d’analyse de deux autres composts produits avec rapport C/N de départ supérieur à 25 et une humidité adéquate sont aussi indiqués. | ||
Tableau 6. Composition de différents types de composts fait à partir de fumiers | <div class="p-2"> | ||
{| class=" | '''Tableau 6.''' Composition de différents types de composts fait à partir de fumiers | ||
{| class="table table-bordered table-responsive table-sm" | |||
! rowspan="2" |Type de compost | |||
! N | |||
! P<sub>2</sub>O<sub>5</sub> | |||
! K<sub>2</sub>O | |||
|- | |- | ||
! colspan="3" |kg/t (base humide) | |||
|- | |- | ||
|Composts mûrs (composts de fumier de bovins et composts commerciaux essentiellement) | |Composts mûrs (composts de fumier de bovins et composts commerciaux essentiellement) | ||
Ligne 388 : | Ligne 390 : | ||
|10,1 | |10,1 | ||
|4,1 | |4,1 | ||
|- | |- | ||
|Composts immatures (composts de fumier de bovins essentiellement) | |Composts immatures (composts de fumier de bovins essentiellement) | ||
Ligne 400 : | Ligne 401 : | ||
|7,1 | |7,1 | ||
|- | |- | ||
|Composts de fumier de bovins laitiers pailleux sous géotextile<sup> | |Composts de fumier de bovins laitiers pailleux sous géotextile, andain no.1<sup>a</sup> | ||
|8,4 | |8,4 | ||
|6,3 | |6,3 | ||
|12 | |12 | ||
|- | |- | ||
|Composts de fumier de bovins laitiers pailleux sous géotextile<sup> | |Composts de fumier de bovins laitiers pailleux sous géotextile, andain no.2<sup>a</sup> | ||
|9,1 | |9,1 | ||
|8 | |8 | ||
|14 | |14 | ||
|} | |} | ||
<sup> | <div class="notes"><small> | ||
'''Notes'''<br> | |||
<p style="line-height:1.1rem;"><sup>a</sup> Un géotextile qui ne laisse pas passer l’eau mais qui laisse sortir les gaz doit être utilisé pour couvrir les andains sinon de l’azote et du potassium sont lessivés (Jobin, 1992, communication personnelle). On en observe l’effet dans les deux composts de bas de tableau.</p> | |||
</small> | |||
</div> | |||
</div> | |||
Plusieurs éléments ressortent des analyses des trois premiers types de composts : | Plusieurs éléments ressortent des analyses des trois premiers types de composts : | ||
Ligne 422 : | Ligne 427 : | ||
=== Composts commerciaux === | === Composts commerciaux === | ||
Les composts commerciaux sont souvent fabriqués à partir de fumier auquel des matériaux riches en carbone ont été ajoutés pour augmenter le ratio C/N de départ. Il peut s’agir de mousse de tourbe, de bran de scie, de ripe, de copeaux de bois et, beaucoup plus rarement, de paille. Les valeurs en N, P<sub>2</sub>O<sub>5</sub> et K<sub>2</sub>O sont données dans le | Les composts commerciaux sont souvent fabriqués à partir de fumier auquel des matériaux riches en carbone ont été ajoutés pour augmenter le ratio C/N de départ. Il peut s’agir de mousse de tourbe, de bran de scie, de ripe, de copeaux de bois et, beaucoup plus rarement, de paille. Les valeurs en N, P<sub>2</sub>O<sub>5</sub> et K<sub>2</sub>O sont données dans le tableau 7. | ||
Attention! Comme mentionné précédemment, pour les composts commerciaux, le fabricant fournit habituellement les valeurs N - P<sub>2</sub>O<sub>5</sub> - K<sub>2</sub>O en pourcentage sur une base sèche. Comme les quantités de compost appliquées au champ sont en général évaluées sur une base humide, il faut convertir la valeur du compost donnée en base sèche en une valeur en base humide (voir la sous-section ''[[Guide 04-04-04#Lecture d’un rapport d’analyse des fumiers, lisiers et composts|Lecture d’un rapport d’analyse des fumiers, lisiers et composts]]''). | |||
Tableau | <div class="p-2"> | ||
{| class=" | '''Tableau 7.''' Composition de différents types de composts commerciaux (selon les données des produits sur le marché en 2022) | ||
{| class="table table-bordered table-responsive table-sm" | |||
! rowspan="2" |Type de compost | |||
! N | |||
! P<sub>2</sub>O<sub>5</sub> | |||
! K<sub>2</sub>O | |||
! Humidité maximale | |||
|- | |- | ||
! colspan="3" |% (base sèche) | |||
! % | |||
|- | |- | ||
|Divers composts de tourbe (parfois avec écorce) avec fumier composté, et/ou | |Divers composts de tourbe (parfois avec écorce) avec fumier composté, et/ou farine de crevettes ou crustacées | ||
farine de crevettes ou crustacées | |||
|1-2 | |1-2 | ||
|0 | |0,7-2 | ||
|0 | |0,6-1 | ||
|55 | |55 | ||
|- | |- | ||
|Compost d’écorce et crabe | |Compost d’écorce et crabe | ||
|0 | |0,6 | ||
|1 | |1,8<sup>a</sup> | ||
|0 | |0,13 | ||
|55 | |55 | ||
|} | |} | ||
<div class="notes"><small> | |||
'''Notes'''<br> | |||
<sup>a</sup> Attention : Apport de phosphore élevé; à considérer pour les sols pauvres en phosphore principalement | |||
</small> | |||
</div> | |||
</div> | |||
== Variabilité des analyses des fumiers, lisiers et composts == | == Variabilité des analyses des fumiers, lisiers et composts == | ||
Il est recommandé de faire analyser les fumiers, lisiers et composts utilisés sur la ferme de façon systématique car ils peuvent varier grandement. Dans le tableau | Il est recommandé de faire analyser les fumiers, lisiers et composts utilisés sur la ferme de façon systématique car ils peuvent varier grandement. Dans le tableau 8, on constate les différences importantes qu’il peut y avoir entre deux fumiers provenant de la même espèce animale. | ||
Tableau | <div class="p-2"> | ||
{| class=" | '''Tableau 8.''' Exemples de variabilité entre des fumiers provenant de la même espèce animale (rapports d’analyses de plusieurs fermes) | ||
|Type de fumier ou lisier | {| class="table table-bordered table-responsive table-sm" | ||
! rowspan="2" | Type de fumier ou lisier | |||
! Matière sèche | |||
! Densité | |||
! N | |||
! P<sub>2</sub>O<sub>5</sub> | |||
! K<sub>2</sub>O | |||
! NH<sub>4</sub><sup>+</sup> | |||
| | ! C/N | ||
|- | |||
! % | |||
! t/m<sup>3</sup> | |||
! kg/t | |||
! kg/t | |||
! kg/t | |||
! % | |||
! | |||
|- | |- | ||
! colspan="8" |Fumier de bovin laitier | |||
|- | |- | ||
|Ferme 1 | |Ferme 1 | ||
|32 | |32 | ||
|0 | |0,57 | ||
|4,6 | |4,6 | ||
|1,8 | |1,8 | ||
|5 | |5,2 | ||
|0 | |0,2 | ||
|33 | |33 | ||
|- | |- | ||
|Ferme 2 | |Ferme 2 | ||
|24 | |24 | ||
|0 | |0,64 | ||
|5,1 | |5,1 | ||
|2,2 | |2,2 | ||
|3 | |3,3 | ||
|2 | |2,1 | ||
|21 | |21 | ||
|- | |- | ||
|Ferme 3 | |Ferme 3 | ||
|44 | |44 | ||
|0 | |0,49 | ||
|11,2 | |11,2 | ||
|4 | |4,7 | ||
|14,6 | |14,6 | ||
|0 | |0,4 | ||
|17 | |17 | ||
|- | |- | ||
Ligne 512 : | Ligne 518 : | ||
|ND | |ND | ||
|3 | |3 | ||
|1 | |1,6 | ||
|0 | |0,47 | ||
|0 | |0,13 | ||
|27 | |27 | ||
|- | |- | ||
|Ferme 5 | |Ferme 5 | ||
|56 | |56 | ||
|0 | |0,43 | ||
|17,9 | |17,9 | ||
|9,4 | |9,4 | ||
|27,6 | |27,6 | ||
|0 | |0,18 | ||
|10 | |10 | ||
|- | |- | ||
! colspan="8" |Fumier de volaille (poulet à griller) | |||
|- | |- | ||
|Ferme 1 | |Ferme 1 | ||
|74 | |74 | ||
|0 | |0,37 | ||
|27 | |27 | ||
|4 | |4,4 | ||
|8 | |8,8 | ||
|2,65 | |2,65 | ||
|12 | |12 | ||
Ligne 539 : | Ligne 545 : | ||
|Ferme 2 | |Ferme 2 | ||
|65 | |65 | ||
|0 | |0,40 | ||
|18 | |18 | ||
|13,5 | |13,5 | ||
Ligne 548 : | Ligne 554 : | ||
|Ferme 3 | |Ferme 3 | ||
|77 | |77 | ||
|0 | |0,36 | ||
|28,5 | |28,5 | ||
|22,5 | |22,5 | ||
Ligne 555 : | Ligne 561 : | ||
|12 | |12 | ||
|- | |- | ||
! colspan="8" |Fumier d’ovin | |||
|- | |- | ||
|Ferme 1 | |Ferme 1 | ||
|48 | |48 | ||
|0 | |0,45 | ||
|11 | |11 | ||
|7,5 | |7,5 | ||
Ligne 568 : | Ligne 574 : | ||
|Ferme 2 | |Ferme 2 | ||
|ND | |ND | ||
|0 | |0,60 | ||
|8,6 | |8,6 | ||
|5,4 | |5,4 | ||
Ligne 575 : | Ligne 581 : | ||
|ND | |ND | ||
|- | |- | ||
! colspan="8" |Fumier de cheval | |||
|- | |- | ||
|Ferme 1 | |Ferme 1 | ||
|41 | |41 | ||
|0 | |0,51 | ||
|3 | |3 | ||
|2,2 | |2,2 | ||
|6 | |6 | ||
|0 | |0,06 | ||
|26 | |26 | ||
|} | |} | ||
</div> | |||
Tableau | Même pour les composts commerciaux, l’analyse peut varier de façon importante (Tableau 9). Une des causes de la variabilité vient du fait que les fabricants sont tenus de fournir l’analyse garantie minimale. Les composts peuvent donc être plus riches que ce qui est indiqué dans la fiche technique. | ||
( | <div class="p-2"> | ||
|Densité | '''Tableau 9.''' Exemple de variabilité entre des composts provenant de la même espèce animale et pour un compost commercial (rapports d’analyses de plusieurs fermes) | ||
{| class="table table-bordered table-responsive table-sm" | |||
! rowspan="2" | Type de fumier ou lisier | |||
! Matière sèche | |||
| | ! Densité | ||
! N | |||
! P<sub>2</sub>O<sub>5</sub> | |||
! K<sub>2</sub>O | |||
! NH<sub>4</sub><sup>+</sup> | |||
! C/N | |||
|- | |||
! % | |||
! t/m<sup>3</sup> | |||
! kg/t | |||
! kg/t | |||
! kg/t | |||
! % | |||
! | |||
|- | |- | ||
! colspan="8" |Compost de fumier de bovin laitier | |||
|- | |- | ||
|Ferme 1 | |Ferme 1 | ||
|44 | |44 | ||
|0 | |0,49 | ||
|11,2 | |11,2 | ||
|4 | |4,7 | ||
|14,6 | |14,6 | ||
|0 | |0,4 | ||
|17 | |17 | ||
|- | |- | ||
Ligne 624 : | Ligne 631 : | ||
|ND | |ND | ||
|3 | |3 | ||
|1 | |1,6 | ||
|0 | |0,47 | ||
|0 | |0,13 | ||
|27 | |27 | ||
|- | |- | ||
|Ferme 3 | |Ferme 3 | ||
|56 | |56 | ||
|0 | |0,43 | ||
|17,9 | |17,9 | ||
|9,4 | |9,4 | ||
|27,6 | |27,6 | ||
|0 | |0,18 | ||
|10 | |10 | ||
|- | |- | ||
! colspan="8" |Compost commercial à base de tourbe et fumier | |||
|- | |- | ||
|Échantillon 1 | |Échantillon 1 | ||
Ligne 664 : | Ligne 662 : | ||
|20,5 | |20,5 | ||
|15,8 | |15,8 | ||
|0 | |0,09 | ||
|12 | |12 | ||
|} | |} | ||
</div> | |||
== Lecture d’un rapport d’analyse des fumiers, lisiers et composts == | == Lecture d’un rapport d’analyse des fumiers, lisiers et composts == | ||
Ligne 672 : | Ligne 671 : | ||
=== Fumier, lisiers et composts de ferme === | === Fumier, lisiers et composts de ferme === | ||
Il est important de faire analyser les fumiers, lisiers et composts par un laboratoire accrédité (par le centre d’expertise en analyse environnementale du Québec du ministère de | Il est important de faire analyser les fumiers, lisiers et composts par un laboratoire accrédité (par le centre d’expertise en analyse environnementale du Québec du ministère de l'Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs). L’analyse standard des fumiers, lisiers et composts permet de connaître l’humidité, le contenu en matière organique, ainsi que les quantités d’azote total et ammoniacal, de phosphore sous forme de P<sub>2</sub>O<sub>5</sub> total, de potassium sous forme de K<sub>2</sub>O total, de calcium, de magnésium et des éléments mineurs. Les résultats des analyses standards provenant des laboratoires accrédités sont donnés en kg/t sur une base humide pour les éléments majeurs et en ppm (g par kg) pour les éléments mineurs. Il est aussi très important de suivre soigneusement les procédures d’échantillonnage car un prélèvement mal effectué peut donner des chiffres très différents de la réalité. | ||
L’analyse ci-dessous (Figure 1) provient d’un compost de bovin laitier qui a été fait à partir d’un fumier très pailleux. | L’analyse ci-dessous (Figure 1) provient d’un compost de bovin laitier qui a été fait à partir d’un fumier très pailleux. | ||
Ligne 679 : | Ligne 678 : | ||
Le compost de bovin laitier de la Figure 1 contient : | Le compost de bovin laitier de la Figure 1 contient : | ||
* 10,6 kg/t de N total dont une très faible quantité d’azote ammoniacal (0,12 kg/t de | * 10,6 kg/t de N total dont une très faible quantité d’azote ammoniacal (0,12 kg/t de NH<sub>4</sub><sup>+</sup>), ce qui est normal pour du fumier composté. | ||
* 9 kg/t de P<sub>2</sub>O<sub>5</sub>. | * 9 kg/t de P<sub>2</sub>O<sub>5</sub>. | ||
* 14,7 kg/t de K<sub>2</sub>O | * 14,7 kg/t de K<sub>2</sub>O | ||
Ces chiffres peuvent être comparés aux données d’analyses présentées dans la section ''Principales caractéristiques des composts''. Les teneurs en N, P<sub>2</sub>O<sub>5</sub> et K<sub>2</sub>O sont supérieures à | Ces chiffres peuvent être comparés aux données d’analyses présentées dans la sous-section ''[[Guide 04-04-04#Principales caractéristiques des composts|Principales caractéristiques des composts]]''. Les teneurs en N, P<sub>2</sub>O<sub>5</sub> et K<sub>2</sub>O sont supérieures à celles d’un fumier de bovin. C’est normal car il y a diminution de la masse volumique lors du compostage et augmentation du taux de matière sèche. Si les éléments sont bien conservés, ils sont plus concentrés. On peut aussi constater que les quantités de N et K<sub>2</sub>O sont élevées, ce qui indique une bonne gestion du compostage (peu de pertes d’azote par volatilisation et peu de pertes de potassium par lessivage). Lorsque les pertes d’azote sont élevées, le contenu en P<sub>2</sub>O<sub>5</sub> devient en général plus élevé que celui de l’azote, ce qui est désavantageux compte tenu du fait qu’on apporte souvent trop de phosphore pour pouvoir fournir assez d’azote aux cultures. Le ratio C/N de 8,8 est faible et indique que le compost est assez mature et devrait minéraliser activement. | ||
Les éléments mineurs sont aussi indiqués dans l’analyse (Figure 2) et leur niveau peut être comparé aux analyses moyennes présentées précédemment. | Les éléments mineurs sont aussi indiqués dans l’analyse (Figure 2) et leur niveau peut être comparé aux analyses moyennes présentées précédemment. | ||
{{ImageUne|Analyse Compost bovin laitier Éléments mineurs.jpg|'''Figure 2.''' Exemple d’une analyse de compost de bovin laitier – éléments mineurs}} | {{ImageUne|Analyse Compost bovin laitier Éléments mineurs.jpg|'''Figure 2.''' Exemple d’une analyse de compost de bovin laitier – éléments mineurs}} | ||
Tableau | Le calcul des éléments fertilisants apportés par des doses de 15 à 35 t/ha est donné dans le tableau 10. Il est important de comprendre que seule une partie de l’azote total apporté par cette application de compost sera disponible aux plantes l’année de l’application; on peut estimer la minéralisation à 20 ou 30 % la première année ([https://doi.org/10.21427/D71S3K Lee, 2016]) . Le reste grossira le pool d’azote de la matière organique du sol et se minéralisera au cours des années subséquentes. Les apports répétés de compost pendant plusieurs années augmentent graduellement la minéralisation de l’azote à partir des matières organiques du sol. | ||
{| class=" | |||
<div class="p-2"> | |||
'''Tableau 10.''' Apport d’une application du compost précédent à diverses doses | |||
{| class="table table-bordered table-responsive table-sm" | |||
! rowspan="2" |Élément | |||
! rowspan="2" |Résultats de l’analyse de compost | |||
! colspan="3" |Apport réel pour différents taux d’application de compost | |||
|- | |- | ||
! 15 t/ha | |||
! 25 t/ha | |||
! 35 t/ha | |||
|- | |- | ||
|Azote (N) | |Azote (N) | ||
Ligne 748 : | Ligne 749 : | ||
|30,8 kg/ha | |30,8 kg/ha | ||
|} | |} | ||
<sup>a</sup> 15 t/ha * 10,6 kg/t = 159,0 kg/ha | <div class="notes"><small> | ||
<sup>b</sup> 1 ppm = 1 kg pour 1000 000 kg = 1 kg pour 1000 t = 0,001 kg/t | '''Notes'''<br> | ||
<sup>a</sup> 15 t/ha * 10,6 kg/t = 159,0 kg/ha<br> | |||
<sup>b</sup> 1 ppm = 1 kg pour 1000 000 kg = 1 kg pour 1000 t = 0,001 kg/t<br> | |||
<sup>c</sup> 15 t/ha * (170ppm/ 1000) = 2,6 kg | <sup>c</sup> 15 t/ha * (170ppm/ 1000) = 2,6 kg | ||
</small> | |||
</div> | |||
</div> | |||
=== Composts commerciaux et conversion de l’analyse d’une base sèche à une base humide === | === Composts commerciaux et conversion de l’analyse d’une base sèche à une base humide === | ||
Ligne 758 : | Ligne 763 : | ||
Comme les valeurs sont données sur une base sèche, il faut les convertir pour les avoir sur une base humide afin de pouvoir les comparer aux fumiers, lisiers et composts de ferme et ainsi calculer les doses à appliquer en tonnes humides. | Comme les valeurs sont données sur une base sèche, il faut les convertir pour les avoir sur une base humide afin de pouvoir les comparer aux fumiers, lisiers et composts de ferme et ainsi calculer les doses à appliquer en tonnes humides. | ||
Un compost ayant une analyse en pourcentage de 1,5 - 1,0 - 2,0 est utilisé dans cet exemple (Tableau | Un compost ayant une analyse en pourcentage de 1,5 - 1,0 - 2,0 est utilisé dans cet exemple (Tableau 11). Le taux d’humidité, obtenu du fournisseur, est de 55 %. | ||
<div class="p-2"> | |||
Tableau | '''Tableau 11.''' Conversion des valeurs N - P<sub>2</sub>O<sub>5</sub> - K<sub>2</sub>O exprimées en pourcentage sur une base sèche en valeurs exprimées sur une base humide en kg/t pour un compost commercial | ||
{| class=" | {| class="table table-bordered table-responsive table-sm" | ||
! | |||
! N | |||
! P<sub>2</sub>O<sub>5</sub> | |||
! K<sub>2</sub>O | |||
|- | |- | ||
|Analyse fournie par le fabricant (pourcentage, base sèche) | |Analyse fournie par le fabricant (pourcentage, base sèche) | ||
Ligne 772 : | Ligne 778 : | ||
|1,0 % | |1,0 % | ||
|2 % | |2 % | ||
|- | |- | ||
|Conversion de % à kg/t | |Conversion de % à kg/t | ||
Ligne 778 : | Ligne 783 : | ||
|1,0 % * 10 = 10 kg/t | |1,0 % * 10 = 10 kg/t | ||
|2 % * 10 = 20 kg/t | |2 % * 10 = 20 kg/t | ||
|- | |- | ||
|Conversion de base sèche à base humide (45 % de matière sèche, 55 % d’humidité) | |Conversion de base sèche à base humide (45 % de matière sèche, 55 % d’humidité) | ||
|15 kg/t * 45 % = | |15 kg/t * 45 % = 6,75 kg/t | ||
|10 kg/t * 45 % = 4,5 kg/t | |||
6,75 kg/t | |20 kg/t * 45 % = 9 kg/t | ||
|10 kg/t * 45 % = | |||
4,5 kg/t | |||
|20 kg/t * 45 % = | |||
9 kg/t | |||
|} | |} | ||
</div> | |||
=== Conversion entre P et P<sub>2</sub>O<sub>5</sub> et K et K<sub>2</sub>O === | === Conversion entre P et P<sub>2</sub>O<sub>5</sub> et K et K<sub>2</sub>O === | ||
Ligne 797 : | Ligne 795 : | ||
* P (kg) * 2,29 = P<sub>2</sub>O<sub>5</sub> (kg) | * P (kg) * 2,29 = P<sub>2</sub>O<sub>5</sub> (kg) | ||
* K (kg) * 1,2 = K<sub>2</sub>O (kg) | * K (kg) * 1,2 = K<sub>2</sub>O (kg) | ||
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{{NavigationBas Opérations}} | {{NavigationBas Opérations}} |
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Le contenu qui suit est issu de :
Oeuvre originale : Weill, A. et Duval, J. (2009). Guide de gestion globale de la ferme maraîchère biologique et diversifiée. Équiterre.
Révision : Weill, A., Legault, G., Bergeron, E., Méthé, A., La France, D., St-Arnaud, R., Roy, J., Khanna, R. et Gagné, G. (2022).
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Les fumiers et composts sont souvent utilisés comme fertilisants en plus de servir à amender le sol. Les lisiers sont peu utilisés en maraîchage biologique. Pour cette raison, les informations présentées sur le lisier sont moins détaillées. Pour maintenir une certification biologique, la norme biologique canadienne concernant les fumiers, lisiers et composts doit être respectée.
Principales caractéristiques des fumiers et lisiers
Les déjections animales peuvent être sous forme solide (fumier), semi-liquide ou liquide (lisier). C’est le mode de gestion dans les bâtiments (avec ou sans ajout de paille ou de ripe) et le mode d’entreposage qui déterminent la consistance.
En maraîchage, ce sont surtout les fumiers qui sont utilisés. Ils proviennent principalement des élevages de bovins laitiers ou de boucheries, d’ovins et de volailles, et de chevaux. Ils permettent d’enrichir le sol en matière organique grâce à leur contenu en paille, copeau de bois ou ripe. Toutefois, même s’ils sont sous forme solide, leur rapport C/N est souvent trop faible (en général entre 7 et 15) pour les composter sans ajouter des matières carbonées au mélange (voir le chapitre Le compostage à la ferme).
Les lisiers et les effluents semi-liquides proviennent souvent des élevages porcins ou bovins et même parfois des élevages de volaille. Ils sont peu utilisés en maraîchage, d’autant plus qu’il est recommandé de les appliquer au printemps pour minimiser les pertes, ce qui est incompatible avec les délais de 90 ou 120 jours avant la récolte qui sont exigés pour la certification biologique.
Teneurs en éléments majeurs
Les fumiers de ruminants et de chevaux contiennent une proportion de phosphore par rapport à l’azote et au potassium plus faible que les fumiers de granivores. Cette caractéristique est à considérer si on veut limiter l’apport de phosphore et apporter le plus possible de potassium. Toutefois, les fumiers de ruminants contiennent des graines de mauvaises herbes, ce qui est moins le cas avec les fumiers de granivores, notamment pour les volailles disposant d’un gésier.
Des valeurs moyennes d’analyse pour les fumiers les plus utilisés en maraîchage sont données dans le tableau 1. Les valeurs moyennes des lisiers sont présentées dans le tableau 2. Pour plus de données, il est possible de consulter le guide Valeurs références pour les volumes et les concentrations d’éléments fertilisants dans les effluents d'élevage (Magnan, 2020).
Il est cependant illusoire de vouloir prendre des décisions de fertilisation sur la base de valeurs moyennes parce que les fumiers qu’on obtient sont très variables et diffèrent habituellement substantiellement des valeurs moyennes. Avant de prendre une décision de fertilisation il faut donc caractériser les fumiers au moyen de mesures et d’analyses appropriées.
Tableau 1. Teneur en éléments majeurs de différents types de fumiers
Type de fumier | Matière sèche | N | P2O5 | K2O | NH4+ | C/N |
---|---|---|---|---|---|---|
% | kg/t | kg/t | kg/t | % | ||
Bovins laitiers | 21,2 | 5,7 | 3,6 | 5,3 | 23* | 15* |
Bovins de boucherie - engraissement ou finition** | 27 | 5 à 8,55 | 2,71 à 4,74 | 4,06 à 5,95 | ||
Élevage vache-veau | 26,2 | 4,8 | 2,4 | 4,92 | ||
Ovins - brebis et agneau | 25 | 11,6 | 5,48 | 16 | 7-14 | |
Ovin - agneau | 25 | 22,2 à 24 | 7,6 à 9 | 12,0 à 16,7 | ||
Volaille - fumier de poulet | 74,4 | 27,8 | 23,1 | 18 | 38* | 11,5* |
Volaille - fumier de poule pondeuse | 82,5 | 27,6 | 34,3 | 21 | 9,4 | 5-9,7 |
Notes
**Variable selon la période d’élevage
Source : Magnan (2020); S’il y a un astérisque (*), la source est : Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec (CRAAQ) (2013).
Tableau 2. Caractéristiques de différents types de lisiers et fumiers semi-liquides
Type de lisier | Matière sèche | N | P2O5 | K2O | NH4+ | C/N |
---|---|---|---|---|---|---|
% | kg/t | kg/t | kg/t | % | ||
Bovins laitiers - lisier | 7,2 | 3,1 | 1,5 | 3,4 | 54* | 10* |
Porcs - engraissement, lisier | 2,7 à 4,9 | 2,9 à 4,5 | 1,5 à 2,3 | 1,6 à 2,9 | 69* | 3,4* |
Volaille - lisier de poule pondeuse | 11,1 | 10,7 | 7,1 | 5,1 | 73 | 3 |
Volaille - fientes de poules pondeuses (< de 50 % de MS) | 29,4 | 17,1 | 16,6 | 9,3 | 59 | 5,2 |
Volaille - fientes de poules pondeuses (≥ de 50 % de MS) | 67,9 | 39,6 | 38,2 | 21,6 | 16 | 5,2 |
Source : Magnan (2020); S’il y a un astérisque (*), la source est : CRAAQ (2013)
Plusieurs éléments ressortent de ces tableaux :
- Le fumier solide de volaille est à peu près cinq ou six fois plus riche que le fumier solide de bovins, surtout parce qu’il est moins humide;
- La fraction ammoniacale (NH4+) est très élevée dans les lisiers de porcs, de volailles et de bovins. Comme il s’agit de la fraction minérale de l’azote, cet azote est rapidement disponible pour les plantes. Lorsque ce type de déjection est épandu à l’automne sans engrais vert, cette fraction (50 à 70 % de l’azote total) est en grande partie perdue dans l’environnement par lessivage ou volatilisation. Une telle pratique est peu recommandable et est encadrée par la réglementation (la section Épandage des fumiers, lisiers et composts et aspects réglementaires).
Les valeurs de calcium et de magnésium sont rarement utilisées dans la planification de la fertilisation avec fumiers, lisiers et composts.
Teneur en éléments mineurs
Un document réalisé en Montérégie regroupant les analyses de fumier de plus de 2000 échantillons fournit de l’information détaillée sur les analyses médianes en éléments majeurs et mineurs des principaux types de fumiers et lisiers (St-Pierre et Rivest, 2005). Un résumé des valeurs pour les éléments mineurs est donné dans le tableau 3.
Même si une carence identifiée en élément mineur requiert un apport additionnel d’oligoélément (voir la section Les besoins des légumes), l’utilisation de fumiers, lisiers et compost permet de limiter le risque de carence.
Les carences les plus fréquentes en sol minéral sont le bore (Bo), le manganèse (Mn), le zinc (Zn) et le molybdène (Mo, non analysé ci-dessous). Le cuivre (Cu) est à surveiller uniquement en sol organique. Le fer (Fe) et l’aluminium (Al) ne sont en général pas pris en compte car les sols en contiennent beaucoup.
Un excès de sodium (Na) peut entraîner des problèmes de salinité dans les terreaux ou en serre, mais pas en sol cultivé en champ au Québec.
Pour fin de comparaison, les apports de ces fumiers pour une dose d’application moyenne et les prélèvements (kg/ha) de quelques cultures sont aussi indiqués (Tableaux 4 et 5).
Tableau 3. Teneur d’éléments mineurs d’engrais de ferme (valeur médiane)
Bore | Manganèse | Zinc | Cuivre | ||
---|---|---|---|---|---|
Engrais de ferme | Matière sèche (%) | ppm | |||
Base humide | |||||
Bovin laitier - fumier | 17 | 4,4 | 21,5 | 24,2 | 4,8 |
Bovin laitier - lisier | 9 | 3,2 | 13,2 | 16 | 4 |
Poulet - fumier | 57 | 18 | 193 | 224 | 55 |
Porc engraissement - lisier | 3,4 | 3 | 18 | 47 | 26 |
Base sèche | |||||
Bovin laitier - fumier | 100 | 26 | 126 | 142 | 28 |
Bovin laitier - lisier | 100 | 36 | 147 | 178 | 44 |
Poulet - fumier | 100 | 32 | 339 | 393 | 96 |
Porc engraissement - lisier | 100 | 88 | 529 | 1382 | 765 |
Porc engraissement - lisier IRDA (Seydoux et al., 2006) | 100 | 512 | 1438 | 800 |
Source : Rivest et St-Pierre (2005) cité par Estevez (2006)
Tableau 4. Calcul de l’apport en éléments mineurs de différents fumiers ou lisier pour des doses d’application standard
Engrais de ferme | Dose | Bore | Manganèse | Zinc | Cuivre |
---|---|---|---|---|---|
t/ha | kg/ha | ||||
Bovin laitier - fumier | 30 | 0,132 | 0,645 | 0,726 | 0,144 |
Bovin laitier - lisier | 50 | 0,16 | 0,66 | 0,8 | 0,2 |
Poulet - fumier | 10 | 0,18 | 1,93 | 2,24 | 0,55 |
Porc engraissement - lisier | 50 | 0,15 | 0,9 | 2,35 | 1,3 |
Source : Rivest et St-Pierre (2005) cité par Estevez (2006)
Tableau 5. Prélèvement de quelques cultures en éléments mineurs1
Culture | Rendement | Bore | Manganèse | Zinc | Cuivre |
---|---|---|---|---|---|
t/ha | kg/ha | ||||
Avoine | 3,6 | 0,08 | 0,56 | 0,27 | 0,08 |
Maïs | 11,2 | 0,19 | 1,35 | 0,57 | 0,15 |
Soya | 4 | 0,25 | 0,84 | 0,34 | 0,16 |
Notes
1 Des valeurs pour les légumes n'ont pu être trouvées. Le document de Quinche et Parent (2021) apporte toutefois des précisions sur les teneurs souhaitées dans les tissus foliaires de certains légumes en fonction de leur stade de développement.
Source : Rivest et St-Pierre (2005) cité par Estevez (2006)
Il est à noter que des apports élevés de fumiers, lisiers et composts tendent à augmenter les niveaux de zinc et de manganèse. À cause d’ajouts importants dans les rations, l’usage répété de lisier de porcs apporte des quantités de cuivre élevées qui peuvent mener à un déséquilibre des sols.
Principales caractéristiques des composts
Les composts peuvent être d’origine animale ou végétale. Actuellement, il y a très peu de données sur les composts végétaux. Pour cette raison seuls les composts comportant des matières animales sont détaillés ci-dessous. Ces derniers peuvent être fabriqués à la ferme ou achetés. Quant aux lombricomposts, très peu d’information fiable est disponible. L’alimentation des lombrics influençant grandement la richesse des produits, les lombricomposts issus de déjections bovines auraient les valeurs fertilisantes les plus élevées (Das et al., 2014).
Compost d’origine animale fabriqué à la ferme
La qualité du compost dépend à la fois des caractéristiques du matériel utilisé (ratio C/N et taux d’humidité), mais aussi de la gestion du compostage (nombre de retournements, température atteinte et durée) ainsi que du mode de stockage (protection ou non de l'andain par rapport au lessivage).
Un ratio C/N de départ faible ou un nombre de retournement élevé entraînent des pertes en azote par volatilisation élevées. L’absence de couverture de l’amas entraîne des pertes importantes de potassium et d’azote par lessivage. Le phosphore est peu affecté par la gestion et se conserve bien.
Ainsi, l’analyse du compost peut être très variable. Elle varie d’une ferme à l’autre, mais aussi d'un amas à l'autre sur la même ferme (Tableau 6).
Il n’y a pas d’analyse moyenne de compost basée sur un grand nombre d'échantillons comme pour les fumiers. Quelques données sont toutefois présentées au tableau 6. Elles proviennent d’une étude réalisée au Québec sur 29 composts commerciaux et fermiers faits à partir de fumiers. Les résultats d’analyse de deux autres composts produits avec rapport C/N de départ supérieur à 25 et une humidité adéquate sont aussi indiqués.
Tableau 6. Composition de différents types de composts fait à partir de fumiers
Type de compost | N | P2O5 | K2O |
---|---|---|---|
kg/t (base humide) | |||
Composts mûrs (composts de fumier de bovins et composts commerciaux essentiellement) | 5,8 | 10,1 | 4,1 |
Composts immatures (composts de fumier de bovins essentiellement) | 7,6 | 9,1 | 5,4 |
Composts de fumier de volaille | 14,1 | 25,7 | 7,1 |
Composts de fumier de bovins laitiers pailleux sous géotextile, andain no.1a | 8,4 | 6,3 | 12 |
Composts de fumier de bovins laitiers pailleux sous géotextile, andain no.2a | 9,1 | 8 | 14 |
Notes
a Un géotextile qui ne laisse pas passer l’eau mais qui laisse sortir les gaz doit être utilisé pour couvrir les andains sinon de l’azote et du potassium sont lessivés (Jobin, 1992, communication personnelle). On en observe l’effet dans les deux composts de bas de tableau.
Plusieurs éléments ressortent des analyses des trois premiers types de composts :
- La teneur en phosphore est très élevée;
- La teneur en azote après compostage est plus faible que la teneur en phosphore. Cela résulte de pertes importantes d’azote durant le compostage, probablement engendrées par des conditions de compostage inadéquates (ratio C/N de départ trop faible, volatilisation);
- La teneur en phosphore des composts est plus élevée que celle des fumiers. En réalité, la quantité totale de phosphore n’a pas augmenté; c’est plutôt la masse de fumier qui diminue d’environ 40 à 50 % durant le compostage, menant à une plus grande concentration du P2O5.
Pour les deux composts produits avec un apport de paille élevé et une humidité adéquate, on peut constater que l’azote est beaucoup mieux conservé car ce dernier reste proportionnellement plus élevé que le phosphore.
Composts commerciaux
Les composts commerciaux sont souvent fabriqués à partir de fumier auquel des matériaux riches en carbone ont été ajoutés pour augmenter le ratio C/N de départ. Il peut s’agir de mousse de tourbe, de bran de scie, de ripe, de copeaux de bois et, beaucoup plus rarement, de paille. Les valeurs en N, P2O5 et K2O sont données dans le tableau 7.
Attention! Comme mentionné précédemment, pour les composts commerciaux, le fabricant fournit habituellement les valeurs N - P2O5 - K2O en pourcentage sur une base sèche. Comme les quantités de compost appliquées au champ sont en général évaluées sur une base humide, il faut convertir la valeur du compost donnée en base sèche en une valeur en base humide (voir la sous-section Lecture d’un rapport d’analyse des fumiers, lisiers et composts).
Tableau 7. Composition de différents types de composts commerciaux (selon les données des produits sur le marché en 2022)
Type de compost | N | P2O5 | K2O | Humidité maximale |
---|---|---|---|---|
% (base sèche) | % | |||
Divers composts de tourbe (parfois avec écorce) avec fumier composté, et/ou farine de crevettes ou crustacées | 1-2 | 0,7-2 | 0,6-1 | 55 |
Compost d’écorce et crabe | 0,6 | 1,8a | 0,13 | 55 |
Notes
a Attention : Apport de phosphore élevé; à considérer pour les sols pauvres en phosphore principalement
Variabilité des analyses des fumiers, lisiers et composts
Il est recommandé de faire analyser les fumiers, lisiers et composts utilisés sur la ferme de façon systématique car ils peuvent varier grandement. Dans le tableau 8, on constate les différences importantes qu’il peut y avoir entre deux fumiers provenant de la même espèce animale.
Tableau 8. Exemples de variabilité entre des fumiers provenant de la même espèce animale (rapports d’analyses de plusieurs fermes)
Type de fumier ou lisier | Matière sèche | Densité | N | P2O5 | K2O | NH4+ | C/N |
---|---|---|---|---|---|---|---|
% | t/m3 | kg/t | kg/t | kg/t | % | ||
Fumier de bovin laitier | |||||||
Ferme 1 | 32 | 0,57 | 4,6 | 1,8 | 5,2 | 0,2 | 33 |
Ferme 2 | 24 | 0,64 | 5,1 | 2,2 | 3,3 | 2,1 | 21 |
Ferme 3 | 44 | 0,49 | 11,2 | 4,7 | 14,6 | 0,4 | 17 |
Ferme 4 | 23 | ND | 3 | 1,6 | 0,47 | 0,13 | 27 |
Ferme 5 | 56 | 0,43 | 17,9 | 9,4 | 27,6 | 0,18 | 10 |
Fumier de volaille (poulet à griller) | |||||||
Ferme 1 | 74 | 0,37 | 27 | 4,4 | 8,8 | 2,65 | 12 |
Ferme 2 | 65 | 0,40 | 18 | 13,5 | 16,5 | 6,5 | 16 |
Ferme 3 | 77 | 0,36 | 28,5 | 22,5 | 14 | 4,7 | 12 |
Fumier d’ovin | |||||||
Ferme 1 | 48 | 0,45 | 11 | 7,5 | 12,3 | 3,1 | 11 |
Ferme 2 | ND | 0,60 | 8,6 | 5,4 | 13 | 1 | ND |
Fumier de cheval | |||||||
Ferme 1 | 41 | 0,51 | 3 | 2,2 | 6 | 0,06 | 26 |
Même pour les composts commerciaux, l’analyse peut varier de façon importante (Tableau 9). Une des causes de la variabilité vient du fait que les fabricants sont tenus de fournir l’analyse garantie minimale. Les composts peuvent donc être plus riches que ce qui est indiqué dans la fiche technique.
Tableau 9. Exemple de variabilité entre des composts provenant de la même espèce animale et pour un compost commercial (rapports d’analyses de plusieurs fermes)
Type de fumier ou lisier | Matière sèche | Densité | N | P2O5 | K2O | NH4+ | C/N |
---|---|---|---|---|---|---|---|
% | t/m3 | kg/t | kg/t | kg/t | % | ||
Compost de fumier de bovin laitier | |||||||
Ferme 1 | 44 | 0,49 | 11,2 | 4,7 | 14,6 | 0,4 | 17 |
Ferme 2 | 23 | ND | 3 | 1,6 | 0,47 | 0,13 | 27 |
Ferme 3 | 56 | 0,43 | 17,9 | 9,4 | 27,6 | 0,18 | 10 |
Compost commercial à base de tourbe et fumier | |||||||
Échantillon 1 | 48 | 74 | 12,4 | 17,2 | 15,7 | 0,56 | 14 |
Échantillon 2 | 61 | 37 | 16,5 | 20,5 | 15,8 | 0,09 | 12 |
Lecture d’un rapport d’analyse des fumiers, lisiers et composts
Les rapports d’analyse présentent une information assez complète sur les quantités totales de macro-éléments et micro-éléments (oligo-éléments) contenus dans les fumiers, lisiers et composts.
Fumier, lisiers et composts de ferme
Il est important de faire analyser les fumiers, lisiers et composts par un laboratoire accrédité (par le centre d’expertise en analyse environnementale du Québec du ministère de l'Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs). L’analyse standard des fumiers, lisiers et composts permet de connaître l’humidité, le contenu en matière organique, ainsi que les quantités d’azote total et ammoniacal, de phosphore sous forme de P2O5 total, de potassium sous forme de K2O total, de calcium, de magnésium et des éléments mineurs. Les résultats des analyses standards provenant des laboratoires accrédités sont donnés en kg/t sur une base humide pour les éléments majeurs et en ppm (g par kg) pour les éléments mineurs. Il est aussi très important de suivre soigneusement les procédures d’échantillonnage car un prélèvement mal effectué peut donner des chiffres très différents de la réalité.
L’analyse ci-dessous (Figure 1) provient d’un compost de bovin laitier qui a été fait à partir d’un fumier très pailleux.
Le compost de bovin laitier de la Figure 1 contient :
- 10,6 kg/t de N total dont une très faible quantité d’azote ammoniacal (0,12 kg/t de NH4+), ce qui est normal pour du fumier composté.
- 9 kg/t de P2O5.
- 14,7 kg/t de K2O
Ces chiffres peuvent être comparés aux données d’analyses présentées dans la sous-section Principales caractéristiques des composts. Les teneurs en N, P2O5 et K2O sont supérieures à celles d’un fumier de bovin. C’est normal car il y a diminution de la masse volumique lors du compostage et augmentation du taux de matière sèche. Si les éléments sont bien conservés, ils sont plus concentrés. On peut aussi constater que les quantités de N et K2O sont élevées, ce qui indique une bonne gestion du compostage (peu de pertes d’azote par volatilisation et peu de pertes de potassium par lessivage). Lorsque les pertes d’azote sont élevées, le contenu en P2O5 devient en général plus élevé que celui de l’azote, ce qui est désavantageux compte tenu du fait qu’on apporte souvent trop de phosphore pour pouvoir fournir assez d’azote aux cultures. Le ratio C/N de 8,8 est faible et indique que le compost est assez mature et devrait minéraliser activement.
Les éléments mineurs sont aussi indiqués dans l’analyse (Figure 2) et leur niveau peut être comparé aux analyses moyennes présentées précédemment.
Le calcul des éléments fertilisants apportés par des doses de 15 à 35 t/ha est donné dans le tableau 10. Il est important de comprendre que seule une partie de l’azote total apporté par cette application de compost sera disponible aux plantes l’année de l’application; on peut estimer la minéralisation à 20 ou 30 % la première année (Lee, 2016) . Le reste grossira le pool d’azote de la matière organique du sol et se minéralisera au cours des années subséquentes. Les apports répétés de compost pendant plusieurs années augmentent graduellement la minéralisation de l’azote à partir des matières organiques du sol.
Tableau 10. Apport d’une application du compost précédent à diverses doses
Élément | Résultats de l’analyse de compost | Apport réel pour différents taux d’application de compost | ||
---|---|---|---|---|
15 t/ha | 25 t/ha | 35 t/ha | ||
Azote (N) | 10,6 kg/t | 159,0 kg/haa | 265,0 kg/ha | 371,0 kg/ha |
Phosphore (P2O5) | 9 kg/t | 135,0 kg/ha | 225,0 kg/ha | 315,0 kg/ha |
Potassium (K2O) | 14,7 kg/t | 220,5 kg/ha | 367,5 kg/ha | 514,5 kg/ha |
Calcium (Ca) | 25,8 kg/t | 387,0 kg/ha | 645,0 kg/ha | 903,0 kg/ha |
Magnésium (Mg) | 3,6 kg/t | 54,0 kg/ha | 90,0 kg/ha | 126,0 kg/ha |
Manganèse (Mn) | 170 ppma | 2,6 kg/hac | 4,3 kg/ha | 6,0 kg/ha |
Zinc (Zn) | 154 ppm | 2,3 kg/ha | 3,9 kg/ha | 5,4 kg/ha |
Sodium (Na) | 879 ppm | 13,2 kg/ha | 22,0 kg/ha | 30,8 kg/ha |
Notes
a 15 t/ha * 10,6 kg/t = 159,0 kg/ha
b 1 ppm = 1 kg pour 1000 000 kg = 1 kg pour 1000 t = 0,001 kg/t
c 15 t/ha * (170ppm/ 1000) = 2,6 kg
Composts commerciaux et conversion de l’analyse d’une base sèche à une base humide
Les analyses fournies avec les composts commerciaux permettent en général de connaître l’humidité du compost (si elle n’est pas fournie, il faut communiquer avec le fournisseur), l’azote total, le P2O5 et le K2O en pourcentage sur une base sèche. Il s’agit d’une analyse minimale garantie. Les valeurs réelles sur base humide seront donc alors moins élevées.
Comme les valeurs sont données sur une base sèche, il faut les convertir pour les avoir sur une base humide afin de pouvoir les comparer aux fumiers, lisiers et composts de ferme et ainsi calculer les doses à appliquer en tonnes humides.
Un compost ayant une analyse en pourcentage de 1,5 - 1,0 - 2,0 est utilisé dans cet exemple (Tableau 11). Le taux d’humidité, obtenu du fournisseur, est de 55 %.
Tableau 11. Conversion des valeurs N - P2O5 - K2O exprimées en pourcentage sur une base sèche en valeurs exprimées sur une base humide en kg/t pour un compost commercial
N | P2O5 | K2O | |
---|---|---|---|
Analyse fournie par le fabricant (pourcentage, base sèche) | 1,5 % | 1,0 % | 2 % |
Conversion de % à kg/t | 1,5 % * 10 = 15 kg/t | 1,0 % * 10 = 10 kg/t | 2 % * 10 = 20 kg/t |
Conversion de base sèche à base humide (45 % de matière sèche, 55 % d’humidité) | 15 kg/t * 45 % = 6,75 kg/t | 10 kg/t * 45 % = 4,5 kg/t | 20 kg/t * 45 % = 9 kg/t |
Conversion entre P et P2O5 et K et K2O
Les analyses de fumiers, lisier ou compost sont normalement données sous forme de quantités de P2O5 ou de K2O. Cependant les analyses de tissus végétaux, notamment pour les engrais verts, sont données sous forme de P et K. Il est possible de convertir les quantités de P et K en P2O5 et de K2O en utilisant les équations suivantes :
- P (kg) * 2,29 = P2O5 (kg)
- K (kg) * 1,2 = K2O (kg)
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