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Gestion


Le contenu qui suit est issu de :

Weill, A. et J. Duval. (2009). Guide de gestion globale de la ferme maraîchère biologique et diversifiée. Équiterre.

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Choix et aménagement du site

Le choix d’un site de production peut se faire en fonction de plusieurs critères : proximité des marchés, valeur agricole du site, climat, sol, etc. En maraîchage diversifié, ce choix devrait se faire d’abord en fonction du marché visé. Le trajet entre la ferme et le ou les lieux de vente doit être effectué plusieurs fois ! De plus, il est pertinent d’essayer de réduire la consommation de carburant pour réduire l’empreinte écologique de la ferme.

Pour l’ASC et les marchés publics, la proximité d’un centre urbain important est une condition presque incontournable si on veut vivre de sa production. Pour la vente en kiosque à la ferme, l’existence d’une route passante ou d’un circuit touristique est un gage de succès. Pour la production maraîchère à grande échelle, la proximité des distributeurs est aussi à considérer, mais elle est un peu moins critique que pour une ferme en ASC. Une distance de plus de 100 km des principaux marchés apparaît comme une contrainte majeure à long terme, surtout dans le contexte où on parle de plus en plus de marché de proximité et d’achat local.

En ce qui concerne la valeur agricole du site, le sol maraîcher idéal est de texture moyenne à légère, relativement plat et comporte peu ou pas de pierres. Il doit être bien drainé. Malheureusement, quand on a peu de capital à investir, il faut souvent se contenter de cultiver sur un site qui n’est pas idéal en ce qui concerne les sols.

Le climat peut jouer dans la décision. Au Québec, on perd souvent un grand nombre d’unités thermiques lorsqu’on s’éloigne du fleuve Saint-Laurent ou d’un cours d’eau important.

La topographie joue aussi un rôle important. Un site en cuvette ou en bas d’une pente où l’air froid s’accumule limite grandement la production de primeurs et raccourcit indûment la saison de croissance. Une légère pente au sud est à l’inverse favorable. La direction des vents dominants est aussi à considérer. Dans la prévention des maladies, il faut viser la meilleure aération possible. Il est préférable d’avoir un site asséchant où on pourra apporter de l’eau par irrigation que d’avoir un site plus humide, mais mal aéré.

Une foule d’autres critères peuvent être considérés :

  • la disponibilité d’eau pour l’irrigation, qui peut parfois être une contrainte majeure;
  • la qualité des routes;
  • la proximité de cultures conventionnelles;
  • l’entourage, les voisins, la proximité de membres de la famille ou d’un réseau d’amis.

La pire erreur serait de ne choisir un site qu’en fonction de sa beauté. L’âme serait sans aucun doute comblée, mais le portefeuille en souffrirait si les autres critères n’étaient pas respectés ! Il est toujours possible d’améliorer la beauté d’un site en plantant des arbres, en rénovant ou construisant des bâtiments au cours des années.

Sol et fertilité

L’aménagement du site pour ce qui est de la fertilité du sol dépend de la situation de départ. On retrouve typiquement deux cas de démarrage, soit la reprise d’une terre abandonnée (ou en foin) et la reprise d’une terre en culture conventionnelle. Dans les deux cas, connaître la ou les séries de sol sur lesquelles on cultive est très utile. Des études pédologiques des régions agricoles du Québec sont disponibles sur le site Internet d'Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC) et celui de l’Institut national de recherche et de développement en agroenvironnement (IRDA). Pour plus de détails sur la gestion des sols, voir le module Sol.

En cas d’incertitude quant à la valeur agronomique d’un site, il est recommandé de faire appel aux services d’un·e agronome qui pourra évaluer le potentiel du site et établir une liste des améliorations à y apporter. Parler aux voisins avant d’acheter est également une bonne idée!

Cas 1 : Reprise d’une terre abandonnée

Une terre abandonnée, qui n’a pas reçu de produits chimiques depuis plusieurs années et qui ne coûte pas très cher, n’a pas été abandonnée pour rien ! Il s’agit souvent de sites peu propices ou peu fertiles. Il est cependant toujours possible d’améliorer un sol qui n’est pas idéal. Cela peut toutefois être très coûteux. Il faut s’armer de patience et dresser un plan pour les années à venir. Si, comme c’est souvent le cas, le sol a été négligé et est pauvre, il faut prévoir plusieurs étapes, en commençant par la parcelle qui pourra être mise en culture le plus rapidement, soit :

  • obtenir une analyse de sol;
  • s’assurer qu’il y a un bon drainage de surface;
  • installer des drains ou faire installer un système de drainage souterrain au besoin;
  • contrôler le chiendent et les autres mauvaises herbes vivaces par une jachère suivie d’un engrais vert;
  • amender le sol avec de la chaux et d’autres minéraux selon l’analyse de sol;
  • prévoir une source d’engrais organiques pour une fumure de fond.

Il est bon de prévoir un an pour remettre la parcelle en culture. Cela permet de faire une jachère pour gérer les mauvaises herbes, d’enfouir un engrais vert et d’amender le sol, ce qui redonnera vie au sol.

Parfois, une parcelle est plus fertile que les autres, mais possède des caractéristiques qui jouent contre elle : pente forte, cuvette, mauvais drainage, etc. Il faut commencer par la parcelle qui présente le maximum de caractéristiques désirables en maraîchage, soit un sol de texture moyenne, un bon drainage et une pierrosité faible ou nulle. Une végétation naturelle touffue est un indice de fertilité. En maraîchage diversifié, l’accès au champ doit être facile, même par temps humide. Il est facile de perdre une récolte parce que l’eau ne s’évacue pas assez vite et qu’on ne peut réaliser les travaux de sarclage et de récolte au moment voulu.

Cas 2 : Conversion d’une parcelle conventionnelle

Dans les cas de reprise d’une terre conventionnelle, le niveau de fertilité du sol en éléments majeurs (potassium et phosphore) est souvent déjà adéquat en raison des applications passées d’engrais minéraux. De plus, le drainage aura souvent été amélioré. Il faut tout de même commencer par une analyse de sol et une évaluation de l’efficacité du drainage.

Le principal objectif est souvent de stimuler la vie du sol et de changer la dynamique des processus biologiques. L’accent doit être mis sur la culture d’engrais vert enfouie jeune pour stimuler les bactéries du sol et sur l’application de fumiers compostés.

Le coût d’acquisition d’une terre devient de plus en plus prohibitif. La possibilité de louer une terre à moyen ou long terme pour faire du maraîchage diversifié est une possibilité à envisager, dans la mesure où le sol est bon et où le site dispose de facilités d’approvisionnement en eau pour l’irrigation, de bâtiments pour le lavage et l’emballage, etc. La location implique qu’il faut s’assurer de signer un contrat adéquat indiquant la durée, le coût de location, la superficie louée, sa localisation précise, les droits de passage s’il y a lieu, l’accès aux bâtiments et sources d’eau et tout autre élément pertinent. Une entente qui n’est que verbale n’a aucune valeur légale et protège mal advenant un problème.

Climat

On peut souvent améliorer certains aspects du climat qui prévaut sur un site en enlevant ou en ajoutant des arbres. Il faut garder en mémoire qu’il est important de favoriser le bon écoulement de l’air froid du site. Celui-ci doit aussi pouvoir se drainer vers d’autres points situés plus bas.

Si le climat est un facteur très limitant sur le site, plusieurs moyens permettent de gagner un peu de chaleur et d’allonger la saison de croissance. Parmi les plus intéressants figurent la mise en place de serres ou de grands tunnels, l’utilisation de certains paillis plastiques, de mini-tunnels et de couvertures flottantes, ou encore la confection de planches de culture surélevées.

À l’inverse, s’il s’agit d’un site très chaud (eh oui, il y en a!), il pourra être rafraîchi par l’irrigation et l’utilisation d’ombrières mobiles.

L’aménagement d’un brise-vent bien pensé peut devenir un atout important. Il faut tenir compte de plusieurs paramètres (distance, porosité, etc.) lorsqu’on érige un brise-vent, car celui a une influence sur l’accumulation de neige, l’ombrage, etc. (pour en savoir plus, voir D’Aoust, 2002).

Drainage

L’obtention d’un drainage de surface et souterrain adéquat est un incontournable en production maraîchère diversifiée. Pour plus de détails à ce sujet, voir la section L'égouttement.

Sources d’eau

Si le site sélectionné ne possède pas déjà de sources d’eau suffisantes pour l’irrigation des cultures, il faut envisager d’investir à moyen terme pour assurer l’approvisionnement en eau. Certains maraîchers biologiques sur de grandes surfaces ont su se passer d’irrigation pendant de nombreuses années. Tout dépend de la région où la ferme se situe et de la régularité des précipitations pendant l’été, en particulier en juillet et août, mois de déficit hydrique dans la plupart des régions au Québec. L’absence d’irrigation peut potentiellement réduire les rendements et affecter la qualité des récoltes (exemples : carence physiologique en calcium provoquant la pourriture apicale du poivron et de la tomate ou la brûlure des marges de la laitue).

Les options en matière de sources d’eau d’irrigation sont :

  • les cours d’eau ou étendues d’eau existants; il est à noter les barrages pour l’irrigation sont généralement interdits par le MDDEP (bien qu’ils soient tolérés en plusieurs endroits);
  • les puits artésiens;
  • un étang d’irrigation aménagé, alimenté par un puits, des sources souterraines ou des fossés ou cours d’eau.

Pour plus de détails voir le chapitre Irrigation.


Une réalisation de

Centre d'expertise et de transfert en agriculture biologique et de proximité
Coopérative pour l'agriculture de proximité écologique
L'Odyssée bio de Gigi
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