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Guide amélioration génétique-Étape 3
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La clé est d’imaginer une nouvelle variété. On appelle la variété idéale un idéotype. Songez à un trait que vous avez observé dans des cultures et imaginez de nouvelles combinaisons que vous pourriez créer à partir de variétés compatibles sur le plan génétique. Vous pourriez par exemple sélectionner une variété de bok choy à feuilles dentelées en croisant du mizuna, qui a une feuille découpée, avec du bok choy. (Il s’agit d’un croisement facile à faire, puisque les deux légumes appartiennent à la même espèce : ''Brassica rapa''.) Des interactions génétiques, comme la liaison de gènes (des gènes près les uns des autres sur un chromosome et par conséquent  inséparables), rendent certaines combinaisons impossibles. Cependant, vous pouvez toujours tenter le coup, car un heureux hasard pourrait se produire.
La clé est d’imaginer une nouvelle variété. On appelle la variété idéale un idéotype. Songez à un trait que vous avez observé dans des cultures et imaginez de nouvelles combinaisons que vous pourriez créer à partir de variétés compatibles sur le plan génétique. Vous pourriez par exemple sélectionner une variété de bok choy à feuilles dentelées en croisant du mizuna, qui a une feuille découpée, avec du bok choy. (Il s’agit d’un croisement facile à faire, puisque les deux légumes appartiennent à la même espèce : ''Brassica rapa''.) Des interactions génétiques, comme la liaison de gènes (des gènes près les uns des autres sur un chromosome et par conséquent  inséparables), rendent certaines combinaisons impossibles. Cependant, vous pouvez toujours tenter le coup, car un heureux hasard pourrait se produire.


 
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'''Tableau 1.''' Certains traits héréditaires et comment ils se manifestent dans les légumes que l’on trouve couramment au jardin
'''Tableau 1.''' Certains traits héréditaires et comment ils se manifestent dans les légumes les plus communs au champ
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<br>Deux gènes avec un certain nombre de variations contrôlent la couleur des feuilles de laitue. Des hybrides dont un parent est vert et l’autre rouge auront des descendants rouges. Source : International Seed Saving Institute, Seed Saving Instructions
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Version du 2022-12-14 à 06:34:39

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Le contenu qui suit est issu de :

Oeuvre originale : Rowen, W. et Connolly, B. (2011). Breeding Organic Vegetables : A Step-by-Step Guide for Growers. Elyzabeth Dyck, NOFA-NY.

Traduction : Lanctôt, J. (2022). Guide pour les fermes biologiques sur l’amélioration génétique des plantes maraîchères. L’initiative de la famille Bauta sur la sécurité des semences au Canada, un programme de Sème L’avenir.

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L’amélioration des cultures est à la fois un art et une science. Il est bon de connaître les bases de la génétique lorsque vous commencez un projet de sélection ou d’amélioration, mais il est tout aussi important d’avoir un bon sens de l’observation, un esprit créatif et une idée claire de ce que vous voulez.

Comme le dit Brett Grohsgal : « Les agricultrices et agriculteurs n’ont pas besoin de beaucoup de temps ou d’une équipe de spécialistes en sélection pour avoir un avantage concurrentiel. »[1] Il est en effet possible d’obtenir des avantages mesurables en peu de temps.

La clé du succès : Être réaliste

Parmi les objectifs réalistes, on trouve la résistance aux maladies, plusieurs aspects de l’adaptation régionale, un meilleur rendement et une sélection pour des caractéristiques esthétiques, comme la couleur, la forme, la taille et le goût. Comme l’explique Brett Grohsgal : « Lorsque nous améliorons nos cultures, nous nous concentrons habituellement sur les caractéristiques déjà présentes dans certains des plants de ces cultures. Il n’est donc pas réaliste de viser des objectifs inatteignables, comme une tolérance complète au gel dans la tomate ou le melon d’eau, puisque cela ne fait pas partie de l’héritage génétique de ces cultures. »[1] Tenez compte du potentiel qu’offrent les plants et servez-vous de leurs forces.

Pas besoin d’avoir recours à des procédures élaborées pour obtenir une nouvelle variété ou une variété améliorée. Il est possible d’atteindre plusieurs des objectifs d’amélioration des cultures en sélectionnant et en épurant rigoureusement (rogueing). On appelle ceci « se débarrasser des plants indésirables », ou la sélection négative. Néanmoins, comme nous l’avons déjà mentionné, suivre certains principes génétiques de base aide à fixer un objectif réaliste et à comprendre le processus pour l’atteindre. Reportez-vous à l’encadré1 pour un aperçu de quelques principes génétiques de base.

Sélectionner pour l'agriculture biologique

Coffman et Smith expliquent qu’au moment de sélectionner à des fins de résilience et de durabilité, le but doit être d’adapter un cultivar à un environnement et non de se fier aux intrants comme l’irrigation, la fertilisation et les pesticides pour modifier l’environnement afin qu’il convienne aux plants.[2] Nous voulons des plants qui vont travailler fort. Les objectifs de sélection visent généralement à renforcer la tolérance des plants à certains stress, par exemple les maladies, les insectes nuisibles, les mauvaises herbes, la sécheresse, la chaleur, le froid ou des sols variables. Tous ces facteurs représentent souvent des défis. Une plus grande tolérance implique généralement un nombre complexe de gènes et de caractéristiques. Vous allez avoir besoin de plusieurs années pour atteindre votre objectif, mais vous pourrez voir des améliorations mesurables après seulement une ou deux saisons.

Sélectionner pour une résistance durable aux maladies et aux insectes nuisibles

La première étape lorsque vous faites une sélection pour la résistance ou la tolérance aux maladies consiste à apprendre à connaître les maladies qui nuisent à vos cultures. La deuxième étape est de comprendre comment les plants résistent à ces maladies. Vous n’avez pas besoin de vous contenter de plants malades ou de vous fier à des intrants pour vous débarrasser des pathogènes. Tous les plants sauvages, ainsi que la plupart des plants cultivés possèdent un certain niveau de résistance aux stress causés par les maladies. Il existe deux types de résistance aux maladies : monogénique/verticale et polygénique/horizontale.

La résistance monogénique ou verticale

On utilise parfois le terme monogénique lorsqu’il est question de résistance verticale, car la résistance découle d’un ou de quelques gènes. Elle est « spécifique aux races », ce qui veut dire que le plant résiste très bien à une ou plusieurs races de pathogène, mais pas du tout à d'autres. C’est tout ou rien. Les plants ne présenteront aucun signe d’infection ou, dans le cas inverse, ils seront fortement infectés. Quelques variétés qui ont été sélectionnées en vue d’une résistance monogénique sont utilisées commercialement depuis des années et leur résistance n’a pas disparu. Toutefois, le pathogène finit habituellement par faire concurrence à ce genre de résistance, car il se sert de la mutation pour produire de nouvelles races auxquelles les plants seront sensibles. C’est pour cette raison, et parce que cela requiert d’assembler et d’analyser de grandes collections de germoplasme, que la sélection pour une résistance verticale ne fait généralement pas partie des objectifs de sélection.

La résistance polygénique ou horizontale

Lorsqu’il s’agit de résistance horizontale, un plant possède plusieurs gènes qui entrent en interaction pour le défendre contre une maladie. Le niveau de résistance horizontale des individus de n’importe quelle variété varie grandement. Les individus les plus résistants n’afficheront aucun ou peu de signes de maladie, tandis que les plants plus sensibles pourront être moyennement ou gravement touchés. On qualifie parfois la résistance horizontale de résistance durable, puisque contrairement à la résistance verticale, il est difficile pour un pathogène d’en venir à bout. C’est pourquoi ce type de résistance en régie biologique est préférable.

Vous pouvez atteindre une résistance horizontale en cinq à huit générations si vous cultivez un grand nombre de plants. Raoul Robinson recommande de croiser plusieurs variétés et de sélectionner à partir de 10 000 individus![3] C’est un nombre plus petit que vous ne pourriez le penser lorsqu’il est question de céréales, de verdures asiatiques ou de légumineuses comme les pois ou les lentilles. Le Dr Robinson commence par démarrer des semis dans des plateaux (plusieurs douzaines de plateaux standard 10 × 20 peuvent contenir 10 000 semis dans la plupart des cultures). Il inocule ensuite les semis avec des spores fongiques. Seuls les individus qui affichent le meilleur niveau de résistance seront transplantés au champ. Cela permet de gagner beaucoup d’espace. Les individus résistants pourront alors se croiser et le cycle d’inoculation se poursuivra jusqu’à ce qu’un niveau de résistance acceptable soit atteint. Il est à noter que la résistance horizontale peut permettre d’effectuer une sélection pour plusieurs maladies à la fois.

Les pépinières de maladies

Les pépinières de maladies représentent une autre approche pour développer une résistance aux maladies. Elles permettent de mettre à l’épreuve d’excellents plants et peuvent faire peur à n’importe quel agriculteur ou agricultrice d’expérience. Dans ces lots, vous brisez toutes les règles que vous avez apprises pour éviter les maladies. Par exemple, vous ne pratiquez aucune rotation de cultures pour que les populations d’insectes, de champignons, de bactéries et de virus augmentent. Vous devez bien sûr veiller à ce que ces lots soient isolés de votre production commerciale de la même culture, ou de celle de votre voisin. L’idée est de mettre les plants à l’essai dans les pires conditions possibles et de les soumettre à de nombreuses pressions sélectives. Les plants robustes qui survivront après quelques générations de sélection offriront assurément un bon rendement dans des systèmes biologiques bien gérés.

Il est vrai que beaucoup de plants ne survivront pas, mais ceux qui s'accrochent malgré tous les défis constitueront votre base génétique. Brett Grohsgal nous rappelle de « chérir les survivants ».[1] Dans chaque génération, les plants qui survivront seront plus forts face à la maladie, jusqu’à ce que vous atteigniez une résistance durable.

Sélectionner pour une adaptation régionale

Dans la région du Nord-Est, on cherche généralement des variétés qui produisent hâtivement des feuilles et des fruits. En croisant des variétés à maturité précoce, ou en effectuant simplement des sélections à partir d’une telle variété, vous pourrez adapter toutes vos cultures à la région. Les plants s’adaptent constamment aux conditions locales grâce à la sélection naturelle. Vous pouvez leur prêter main-forte dans ce domaine et en effectuant une sélection rigoureuse. Vous pourriez être le premier dans votre région à avoir des tomates ou des melons mûrs!

L’adaptation régionale pour une maturité précoce est possible en augmentant la tolérance de la variété à des sols froids ou d’autres contraintes environnementales, ou encore, en diminuant le temps nécessaire pour que les plants produisent une récolte. Dans le premier cas, il vous faudra des pressions adéquates. Vous pourriez par exemple planter deux semaines avant la date recommandée et sélectionner pour des semences capables de germer dans des conditions plus froides et humides.

Sélectionner pour la rentabilité et la productivité

Sélectionner pour le rendement et la productivité peut s’avérer un objectif complexe. Toutefois, n’importe quelle variété adaptée aux conditions locales de votre ferme sera plus productive et rentable. Il vous faudra peut-être plusieurs générations avant de voir une différence significative, mais une saison de sélection rigoureuse peut suffire pour que vos cultures soient plus productives.

Vous réussirez aussi peut-être à sélectionner une variété unique sur le marché, ce qui vous procurera un avantage concurrentiel. Vous pourriez par exemple être la seule personne à vendre des produits en début et en fin de saison si vous sélectionnez de la verdurette résistante au froid. Des plants adaptés à votre région pourront également réduire votre charge de travail, puisqu’ils auront besoin de moins de soins. Ils réduiront aussi vos coûts, car vous n’aurez pas besoin de pesticides, de tunnels chenilles ou d’engrais supplémentaires.

Sélectionner pour la couleur, la forme, la taille et le goût

Vous pouvez essayer de produire des hybrides ou des croisements qui donneront des résultats intéressants sur le plan de la qualité du fruit, comme sa forme et sa couleur. N’avez-vous pas toujours rêvé d’être celui ou celle au marché qui a le mélange de laitue le plus attrayant ou les tomates avec la couleur la plus originale? Les variétés patrimoniales affichent souvent une belle diversité, ce qui vous donnera une bonne palette à partir de laquelle travailler. Vous pouvez faire des sélections pour certaines habitudes de croissance, une forme de feuille, une forme de fruit ou une couleur. Vous trouverez au tableau 1 des exemples du potentiel de variation dans les traits héréditaires de plusieurs cultures. Il s’agit d’un schéma simple d’amélioration des cultures qui peut vous permettre d’obtenir des résultats en seulement quelques saisons.

C’est ainsi qu’est née la grande diversité des variétés patrimoniales disponibles aujourd’hui. Comme le souligne Fowler et Mooney : « Le processus de domestication végétale de 12 000 ans a produit une explosion de couleurs et a donné lieu à une prolifération d’usages pour les plants. »[4] Tout au long de l’histoire de l’agriculture, les semences de ces plants savoureux, vigoureux et inhabituels ont été sélectionnées et partagées.

Frank Morton, de Wild Garden Seeds, s’est servi de la sélection pour obtenir des couleurs et des combinaisons audacieuses de laitue et de salade. En plus de profiter de croisements au hasard, il a sélectionné à partir de populations variables de variétés patrimoniales qui affichaient des pigmentations plus belles et prononcées. Il a passé plusieurs saisons à sélectionner la laitue Forellenschluss pour obtenir des taches rouges plus vives et aussi améliorer d’autres caractéristiques, comme la résistance aux maladies et à la brûlure de la pointe. Il offre aujourd’hui des dizaines de variétés, dont une appelée Flashy Trout Back.

La clé est d’imaginer une nouvelle variété. On appelle la variété idéale un idéotype. Songez à un trait que vous avez observé dans des cultures et imaginez de nouvelles combinaisons que vous pourriez créer à partir de variétés compatibles sur le plan génétique. Vous pourriez par exemple sélectionner une variété de bok choy à feuilles dentelées en croisant du mizuna, qui a une feuille découpée, avec du bok choy. (Il s’agit d’un croisement facile à faire, puisque les deux légumes appartiennent à la même espèce : Brassica rapa.) Des interactions génétiques, comme la liaison de gènes (des gènes près les uns des autres sur un chromosome et par conséquent  inséparables), rendent certaines combinaisons impossibles. Cependant, vous pouvez toujours tenter le coup, car un heureux hasard pourrait se produire.

Tableau 1. Certains traits héréditaires et comment ils se manifestent dans les légumes les plus communs au champ

Légume Trait dominant (D) ou récessif (R)
Haricot
Grimpant D
Nain R
Sans fil R
Semences colorées D
Semences blanches R
Gousses et fleurs mauves D
Brocoli
Pousses latérales D
Grimpant D
Carotte
Racine blanche D
Racine colorée R
Maïs (sucré et de grande culture)
Saveur douce (semences ridées) R
Grains colorés D
Grains blancs R
Grains cornés (D par rapport aux  grains sucrés) D
Grains sucrés (faible en fécule) R
Laitue1
Feuille rouge D
Feuille verte R
Feuille de chêne R
Romaine D
Résistance à la montée en graines R
Semences blanches R
Semences noires D
Oignon
Bulbe blanc D
Bulbe rouge R
Bulbe jaune R
Pois
Grimpant D
Nain R
Semences rondes D
Semences ridées R
Gousses sans fil R
Gousses pois mange-tout (plates) R
Gousses pois snap (pleines) D
Poivron
Saveur piquante D
Saveur douce R
Tomate
Indéterminée D
Déterminée R
Feuille normale D
Feuille de pomme de terre R
Épaules vertes D
Fruits rouge-orange D
Fruits roses R
Fruits mauves R
Fruits blancs R
Fruits jaunes R

Notes
Deux gènes avec un certain nombre de variations contrôlent la couleur des feuilles de laitue. Des hybrides dont un parent est vert et l’autre rouge auront des descendants rouges. Source : International Seed Saving Institute, Seed Saving Instructions


  1. 1,0 1,1 et 1,2 Grohsgal, B. (2002, août). Saving seed makes sense. Growing for Market, 11, 1.
  2. Coffman, W.R. et Smith, M.E. (1991). Roles of public, industry, and international research center breeding programs in developing germplasm for sustainable agriculture. Dans D.A. Sleper, T.C. Barker et P.J. Bramel-Cox (dir.), Plant Breeding and Sustainable Agriculture : Considerations for Objectives and Methods, (Pub. no. 18). CSSA Special. CSSA, Madison, WI, pp.1-9.
  3. Robinson, R. (2004). Breeding for durable resistance. Dans C.R. Lawn (dir.), Restoring Our Seed : Ecological Seed Production and Crop Improvement by and for Organic Farmers. Restoring Our Seed Project. Aussi accessible en ligne.
  4. Fowler, C. et Mooney, P.R. (1990). Shattering: Food, Politics, and the Loss of Genetic Diversity. University of Arizona Press.

Une réalisation de

Centre d'expertise et de transfert en agriculture biologique et de proximité
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