Répression des maladies
Guide 06-02-02
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Principes de base et approche préventive
Les maladies sont nombreuses et l’utilisation d’un document comportant des photos et une description des différentes maladies est indispensable pour les identifier avec exactitude. Pour les novices, l’avis d’un expert est souhaitable, car il est parfois difficile de distinguer les problèmes. Certains symptômes peuvent être confondus avec des désordres physiologiques (carence, stress hydrique, etc.).
Les maladies sont provoquées soit par des champignons (mycoses), soit par des bactéries (bactérioses) et, occasionnellement, par des virus (viroses). Le risque de répandre la maladie dans tout le champ lors des interventions est beaucoup plus élevé dans le cas de bactérioses.
Les principales méthodes de prévention des maladies sont les suivantes :
- permettre la meilleure aération possible des légumes afin qu’ils s’assèchent rapidement. Il faut orienter les rangs parallèlement aux vents dominants (si les rangs sont perpendiculaires, le premier rang bloque le vent et les autres ne sont pas ventilés);
- éviter de semer les légumes à une densité élevée afin de permettre une bonne aération;
- enfouir les résidus de cultures, car ils peuvent être une source de contamination;
- dans certains cas, détruire les plants malades ou la partie des plants malades (il faut connaître la maladie pour savoir si cette méthode est efficace);
- toujours intervenir dans les champs en conditions sèches. Ne pas circuler dans le champ lorsque les plants sont humides et ne pas circuler d’une zone infestée vers une zone saine;
- suivre l’évolution des conditions climatiques afin d’évaluer l’importance des risques (ils sont beaucoup plus élevés lorsque la saison est pluvieuse);
- organiser une rotation qui prévoit un intervalle de trois ou quatre ans entre deux cultures sensibles à la même maladie. Cet intervalle est fonction du type de maladie;
- lors du tuteurage ou de la taille des plants de tomates (ou d’autres légumes, s’il y a lieu), désinfecter régulièrement le matériel (sécateurs, gants) afin de ne pas propager les maladies. On peut utiliser de l’alcool pour désinfecter;
- s’assurer de conditions de croissance optimale, sinon les plants sont facilement attaqués;
- assurer un bon contrôle des mauvaises herbes, car ces dernières contribuent à maintenir des conditions humides dans l’environnement des plants;
- irriguer le matin pour permettre aux plants de s’assécher pendant la journée. L’irrigation goutte à goutte permet de garder les plants plus secs qu’avec l’irrigation par aspersion;
- s’assurer d’utiliser des semences exemptes de pathogènes. Certaines semences peuvent être traitées à l’eau chaude (voir la section Le traitement des semences à l’eau chaude).
Les principales maladies et leur répression
Malgré toutes les mesures préventives, certaines maladies apparaissent presque chaque année. Les maladies fréquemment observées sur les fermes biologiques du Québec sont indiquées dans les tableaux 1 à 4, accompagnées de renseignements sur leur mode de propagation, les moyens de prévention et les produits de lutte. Cette liste n’est toutefois pas exhaustive. Les produits mentionnés sont homologués, à moins d’indication contraire, et le nom commercial est indiqué entre parenthèses sauf pour le cuivre. Le choix de variétés résistantes est à privilégier comme méthode de lutte (vérifier les catalogues de semences). Les références citées permettent d’accéder à des documents qui traitent des maladies en question sur Internet.
Tableau 1. Maladies des alliacées les plus courantes en production biologique au Québec (M : mycose)
Maladies des alliacées (voir Chaput, 1995) | Propagation | Méthodes préventives particulièrement importantes | Produits phytosanitaires ayant une certaine efficacité |
---|---|---|---|
Botrytis (M) | Sol, résidus d’alliacées |
|
Bacillus subtilis (Serenade) |
Alternaria (tâche pourpre) (M) | Résidus d’alliacées |
|
Cuivre (non homologué pour lutter contre cette maladie) |
Mildiou (M) | Oignons qui repoussent au printemps, plantes-hôtes, résidus d’alliacées |
|
Cuivre, Bacillus subtilis (Serenade). |
Fusariose (M) | Sol |
|
Biofongicide dans le terreau (voir le chapitre Produits phytosanitaires, lutte biologique et pulvérisation) |
Tableau 2. Maladies des crucifères les plus courantes en production biologique au Québec (M : mycose, B : bactériose)
Maladies des crucifères (voir Wukash et Hunter, 1990) | Propagation | Méthodes préventives particulièrement importantes | Produit phytosanitaire ayant une certaine efficacité |
---|---|---|---|
Chou-fleur Alternaria (M) | Semences, sol, résidus de crucifères |
|
Cuivre, Bacillus subtilis (Serenade, Rhapsody) |
Nervation noire (B) | Semences, sol, résidus de crucifères |
|
Pas de traitement possible |
Brocoli Pourriture molle (B) |
Sol |
|
Pas de traitement possible |
Tableau 3. Maladies des cucurbitacées les plus courantes en production biologique au Québec (M : Mycose, B : bactériose)
Maladies des cucurbitacées | Propagation | Méthodes préventives particulièrement importantes | Produits phytosanitaires ayant une certaine efficacité |
---|---|---|---|
Oïdium (blanc) (M) |
|
Bicarbonate de potassium (Milstop), Bacillus subtilis (Serenade, Rhapsody), bicarbonate de soude (non homologué), soufre, cuivre | |
Tache angulaire (B) | Semences infectées |
|
Cuivre |
Flétrissement bactérien (B) | Par la chrysomèle rayée du concombre uniquement |
|
Lutte impossible à partir du moment où la bactérie affecte le feuillage |
Tableau 4. Maladies des solanacées les plus courantes en production biologique au Québec
Maladies des solanacées | Propagation | Méthodes préventives particulièrement importantes | Produits phytosanitaires ayant une certaine efficacité |
---|---|---|---|
Tomates Septoriose, souvent en association avec l’alternariose | Sol et résidus de tomates |
|
Cuivre, Bacillus subtilis (Serenade) (homologué contre Alternaria seulement) |
Tomates Maladies bactériennes (voir Lacroix, 2004; Villeneuve, 2004) : chancre bactérien, tache bactérienne (aussi appelée gale bactérienne) et moucheture bactérienne
Tache bactérienne (aussi appelée gale bactérienne) et moucheture bactérienne |
Semences, sol et résidus de tomates |
|
Cuivre, Bacillus subtilis (Serenade, Rhapsody) (homologués pour la lutte contre la tache bactérienne et la moucheture bactéreinne seulement) |
Pomme de terre Mildiou |
Pomme de terre de semence, résidus et repousses de pomme de terre |
|
Cuivre |
Le traitement des semences à l’eau chaude
Les bactéries sont souvent transmises par des semences infectées. Plus le pathogène est en contact tôt avec la plante, plus grave sera l’attaque. La désinfection des semences à l’eau chaude est donc une mesure importante pour limiter un certain nombre de maladies, en particulier les maladies bactériennes. Un tel traitement pouvant affecter le taux de germination, il est recommandé de traiter un petit échantillon et d’en tester la germination avant de procéder pour l’ensemble des semences à traiter. Attention ! Certaines compagnies traitent leurs semences à l’eau chaude. Un deuxième traitement diminuant beaucoup le taux de germination, il faut vérifier si un traitement a déjà été fait. Le traitement à l’eau chaude des semences est suggéré pour les aubergines, les tomates, les piments, les carottes, les épinards, les céleris et certaines crucifères. Attention ! Les semences de chou-fleur sont fragiles et le traitement doit être fait avec beaucoup de précaution. Les semences de cucurbitacées ne doivent jamais être traitées à l’eau chaude.
Les étapes de traitement sont les suivantes :
- placer les semences dans un tissu de type « coton à fromage ». Pour permettre à la chaleur de bien pénétrer, les graines ne doivent pas être serrées;
- préchauffer les semences pendant 10 minutes dans une eau à 37 °C;
- mettre les semences dans l’eau chaude à la température indiquée au tableau 5. Un thermos peut être utilisé à cette fin. La durée et la température du traitement recommandées doivent être rigoureusement respectées. La capacité de germination des semences peut être affectée à une température plus élevée, tandis que les pathogènes peuvent ne pas être détruits à une température plus basse;
- après le traitement, refroidir immédiatement les semences dans l’eau froide pendant 5 minutes;
- une fois le traitement terminé, étaler les semences afin de les faire sécher (ne pas les laisser « cuire ») sous le chaud soleil de la serre);
- semer dans la même semaine afin de limiter l’impact du traitement sur la germination.
Pour plus de détails, plusieurs articles peuvent être consultés (Miller et al.; Villeneuve, 2009).
Tableau 5. Température et durée du traitement à l’eau chaude pour différentes semences
Espèce | Température | Durée |
---|---|---|
Chou de Bruxelles, chou, aubergine, tomate, épinard | 50 °C | 25 min. |
Brocoli, chou-fleur, chou kale, chou-rave, navet, rutabaga, carotte | 50 °C | 20 min. |
Poivron | 51 °C | 30 min. |
Laitue, céleri, céleri-rave | 47 °C | 30 min. |
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