Guide 04-04-08

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Production

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Les fumiers, lisiers et composts doivent être épandus de façon à ne pas polluer l’environnement ni perdre leur valeur fertilisante. Les risques environnementaux associés à l’épandage des fumiers et compost dans un champs sont les suivants :

  • Percolation de contaminants vers la nappe phréatique;
  • Ruissellement de contaminants à la surface du sol;
  • Enrichissement excessif des sols avec l’utilisation de doses trop élevées.

Choix des parcelles à amender

Le choix des parcelles à amender doit être fait en fonction de la rotation et des légumes cultivés suite à l’épandage ainsi qu’en fonction des restrictions réglementaires.

Choix des parcelles en fonction des légumes et de la rotation

Typiquement dans les fermes de légumes diversifiés, on regroupe pour les calculs de fertilisation les légumes de même famille qui ont des exigences similaires. Ensuite, l'épandage d'une fertilisation de fond (compost ou fumier) se fait sur certaines parcelles seulement, normalement celles qui sont cultivées en légumes exigeants (voire chapitre sur la rotation). Le choix d'amender chaque parcelle s'inscrit donc dans le plan de rotation des cultures et doit respecter le cadre réglementaire afin d'éviter la pollution.

Si la quantité d’azote disponible dans l’amendement utilisé est élevée, il est important de cultiver un légume exigeant suite à l’application (grosses crucifères, maïs sucré, solanacées, cucurbitacées…). Certains légumes ont besoin d’azote tôt en saison et en quantité importante (par ex. brocoli, épinard, maïs sucré)  alors que d’autres ont besoin d’une minéralisation graduelle durant toute la saison (par ex. solanacées, cucurbitacées, choux d’hiver, choux de Bruxelles). Dans le premier cas un fumier ou un compost à faible C/N,  appliqué en fin d’été avant un engrais vert, peut être intéressant. Dans le 2ème cas, un compost qui minéralise de façon régulière durant tout l’été peut être plus approprié et peut être appliqué au printemps ou comme le précédent.

Les différents besoins sont souvent gérés en mélangeant des fertilisants organiques ayant différentes vitesses de minéralisation, d’autant plus que l’on ne peut habituellement pas fertiliser uniquement avec des fumiers et des composts car ils apportent trop de phosphore (voir le chapitre Fertilisation).

Aspects réglementaires

Lors du choix des parcelles à amender, il est important de respecter les distances des puits et des cours d’eau prescrit dans le REA (Règlement sur les exploitations agricoles). On y cite à l'article 30 :   

" L’épandage de matières fertilisantes est interdit dans les milieux suivants :

  1. le littoral d’un lac ou d’un cours d’eau, ou un milieu humide ainsi qu’à l’intérieur d’une bande de 3 m de ceux-ci;
  2. un fossé et à l’intérieur d’une bande de 1 m de ce fossé.

L’épandage des déjections animales doit être fait de manière à ce que les déjections n’atteignent pas les milieux énumérés au premier alinéa."

Par ailleurs, le RPEP (Règlement sur le prélèvement des eaux et leur protection) stipule que la distance à respecter pour les puits varie selon la catégorie de puits et est d’un minimum de 30 m.

Période d’application

Lors du choix de période d’application, il faudra principalement chercher à synchroniser les besoins des plantes et la libération de l’azote des engrais.  Les applications peuvent être faites durant la saison de croissance (printemps, été) ou en post-récolte, avant de semer un engrais vert, pour les cultures de l’année suivante. L’épandage doit être fait sur un sol non gelé et non enneigé. De plus, il n’est permis d’épandre des matières fertilisantes qu’entre le 1er avril et le 1er octobre. (REA, art. 31). L’épandage après le 1er octobre est toutefois possible avec certaines restrictions (section suivante).

Périodes d’application à privilégier pour les fumiers, lisiers et composts

Pour des raisons sanitaires, les normes en agriculture biologique stipulent que les fumiers et lisiers doivent être appliqués au moins 90 jours avant la récolte des cultures qui ne sont pas en contact avec le sol (ex.: tomates, choux, haricots) et au moins 120 jours avant récolte pour celles qui le sont (ex.: carottes, betteraves, céleri-rave). Par conséquent, ils doivent  presque toujours être appliqués l’année précédente, sauf pour les légumes ayant une longue saison de croissance (choux de Bruxelles, pommes de terre tardives, courges d’hiver, etc.). Il n’y a pas de telles restrictions pour les composts conformes aux normes biologiques.

Sur le plan agronomique, la période d’application optimale est fonction du type d’amendement et du rapport C/N (Tableau 14). Plus le rapport C/N d’un amendement est élevé, plus il faut de temps pour qu’il se décompose et libère l’azote qu’il contient et plus l’application doit se faire longtemps avant l’établissement de la culture prévue. Lorsque le rapport C/N est supérieur à 20, et parfois même 15, le processus de décomposition du fumier ou du compost dans le sol peut immobiliser l’azote (dans ce cas, l’amendement absorbe de l’azote du sol pour baisser son rapport C/N). Plus le rapport C/N est faible, plus l’azote est rapidement disponible. Cette règle fonctionne la plupart du temps, mais il peut y avoir des exceptions, en particulier avec les composts.

D’autres facteurs sont à considérer pour le choix de la période d’épandage:

  • Risque de compaction: au printemps, la surface du sol s’assèche en premier mais le sous-sol peut rester humide plus longtemps. Les risques de compaction sous la couche travaillée dus à la circulation de la machinerie lourde sont très élevés. Au contraire en été et à l’automne, le sol en profondeur est habituellement assez sec ce qui diminue les risques, sauf les étés pluvieux;
  • Texture du sol: le lessivage  peut être plus important en sol sableux. Les épandages au printemps ou en été sont alors à privilégier, ou en fin d’été avant un engrais vert;

L’incorporation en surface doit être faite le plus rapidement possible dans le cas des fumiers, lisiers et composts jeunes. Idéalement moins de 24 heures après l’épandage pour réduire les pertes d’azote par volatilisation et éviter le ruissellement. (c.f. section 12.7.4)

Tableau 14. Périodes d’application à privilégier en fonction du rapport C/N

RapportC/N Fumiers Composts
Élevé

(> 20)

Milieu à fin de l’été avec un engrais vert.

Pour les applications effectuées tard à l’automne ou au printemps, il faut rajouter une source d’azote disponible rapidement au printemps. En effet, le fumier ou le compost  immobilise d’abord l’azote du sol pour se décomposer avant de libérer l’azote qu’il contient lui-même.

Les composts à rapport C/N très élevés, au-dessus de 25-30, devraient être évités car ils peuvent causer une faim d’azote, bloquant l’azote nécessaire à la nutrition des cultures. Ceci est aussi vrai pour l’incorporation des divers autres matériaux riches en carbone (voir le chapitre sur le compostage).

Moyen (15-20)

Par Ex. certains fumiers de bovin

Fin de l’été avant un engrais vert.

À l’automne, application de petites doses, car il y a des risques de pertes d’azote et, par conséquent, un risque environnemental.

Application souvent impossible au printemps à cause des délais prescrits par les normes biologiques.

Idéal : fin d’été avant un engrais vert (début août).

À l’automne, application de petites doses, car il y a un risque de pertes d’azote et, par conséquent, un risque environnemental. Ce risque est toutefois plus faible qu’avec le fumier. Semer un engrais vert diminue les risques de pertes.

Application au printemps pour les cultures implantées tardivement. Prévoir un peu de temps pour minéralisation de l’azote du compost.

Faible

(< 15)

Par ex.: la plupart des fumiers de volailles, lisiers en général

Fin de l’été avec un engrais vert.

Application de printemps souvent impossible à cause des délais prescrits par les normes biologiques.

Fin de l’été avec un engrais vert (début août).

Printemps .

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L’épandage de fumier de volaille a lieu fin août et est suivi d’un semis d’engrais vert d’avoine et de vesce commune. L’épandage à cette période permet d’économiser du temps au printemps en plus d’accélérer la minéralisation de l’azote au printemps, le rendant ainsi plus disponible.

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Aspect réglementaire - Épandage après le 1er octobre

Dans certaines conditions, un épandage après le 1er octobre peut être préférable, à la fois sur le plan agronomique et sur le plan environnemental. Lorsque l’exploitation est astreinte à un  PAEF, une recommandation d’un agronome est alors nécessaire (REA, art. 28) et doit être inscrite dans le PAEF. L’agronome devra suivre la ligne directrice sur les épandages post-récoltes des déjections animales afin de formuler sa recommandation. De façon générale, la ligne directrice donne une explication claire des enjeux à considérer lors d’applications après le 1er octobre. En voici un extrait:

En se basant sur la théorie pour les épandages en postrécolte, il apparaît qu’ un engrais organique à C/N ≤ 15, dont l’azote devient disponible rapidement, devrait être épandu en octobre afin de bénéficier du ralentissement de la nitrification qui cause la libération de nitrates. À l’inverse, un fumier pailleux aura avantage à être épandu plus tôt à l’automne afin d’initier la phase d’immobilisation nette de l’azote, causée par un rapport C/N plus élevé, qui risque d’interférer avec l’établissement de la culture le printemps suivant. Quant à novembre, le risque que le sol soit gelé ou enneigé, en plus de l’absence d’immobilisation, rend cette période inappropriée pour l’épandage, peu importe la matière fertilisante.

Il est important de limiter les pertes d’éléments fertilisants (nitrates, phosphore, potassium) par lessivage ou ruissellement. Selon la ligne directrice, il  est recommandé de :

  • tenir compte du rapport C/N, les risques de pertes étant plus élevées lorsque ce dernier est bas;
  • limiter les apports en sol léger (moins de 18% d’argile);
  • incorporer immédiatement les matières fertilisantes à une profondeur de 5-10 cm;
  • épandre sur un sol portant non gelé et non enneigé;
  • utiliser une dose conforme qui tient compte des besoins de la culture et des  seuils environnementaux.

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