Guide 01-01-03
Guide 01-01-03
Plan d’affaires et capacité d’autofinancement
Les institutions financières, La Financière agricole du Québec (FADQ), Financement agricole Canada (FAC) ou tout autre organisme prêteur exigent un plan d’affaires lors de toute demande de prêt agricole. La préparation d’un plan d’affaires est de toute façon un excellent moyen pour l’entrepreneur de mettre en place ses idées relativement au projet et de réaliser quels sont ses atouts et ses faiblesses.
Un plan d’affaires comporte typiquement les informations et éléments suivants :
- la page titre;
- le sommaire;
- la table des matières;
- le projet d'entreprise;
- l'entreprise;
- la direction;
- le produit;
- le marché;
- la taille du marché;
- la concurrence;
- le plan commercial;
- les prévisions de ventes;
- les sources d'information sur le marché;
- le développement de produit;
- la production;
- le coût du produit;
- le bénéfice brut;
- les besoins financiers;
- les états financiers;
- les prévisions de trésorerie.
Plusieurs ressources sont disponibles pour aider l’entrepreneur à rédiger son plan d’affaires. En voici quelques exemples :
- Le Guide de rédaction d'un plan d'affaires pour le démarrage d'une entreprise agricole (Gouvernement du Québec, 2020);
- Le site Agro-Démarrage;
- Les Conseillers en relève et en établissement du MAPAQ.
D’autre part, la formation en gestion et technologies d’entreprise agricole (GTEA) se termine par la préparation du dossier d’établissement et la rédaction du plan d’affaires.
Il est facile de surestimer les revenus que générera l’entreprise. Quelle sera la capacité réelle d’autofinancement du projet ? L’entrepreneur a-t-il des économies personnelles à consacrer au projet ? Connaît-t-il une ou des personnes prêtes à l’appuyer ? Toutes ces questions lui seront posées s’il veut emprunter de l’argent.
Le grand avantage de la formule des fermes en ASC est la possibilité d’obtenir une partie des revenus de ventes avant même que la production soit en cours. Ceci permet à plusieurs fermes de ne pas utiliser leur marge de crédit en début de saison. L’envers de la médaille est que s’il y a un problème de production, il faut quand même livrer les paniers, ce qui peut impliquer l’achat de produits d’autres fermes ou le remboursement des parts des partenaires. Seuls les aléas climatiques graves justifient de ne pas remplir les paniers, pas les erreurs de gestion; on a tendance à oublier cette réalité.
Certaines fermes arrivent à aller chercher des fonds de façon très originale, par exemple au moyen d’une fiducie foncière. Certaines fermes en ASC ont des projets spéciaux (exemple : implantation d’un verger) pour lesquels les producteurs demandent une contribution volontaire à leurs partenaires.
« En 2007 et 2008, en plus de leur achat de panier, nous avons sollicité nos partenaires pour l’achat d’arbres fruitiers (des poiriers principalement), ce qui nous permet de valoriser une partie de la terre qui est plus rocailleuse. »
Infrastructure et équipement de base en période de démarrage et évolution
La question de l’équipement de base à se procurer et de l’infrastructure requise lors du démarrage d’une entreprise est fondamentale. Idéalement, lors du démarrage, il faut prévoir l’évolution de l’entreprise et ainsi planifier les investissements. Voici quelques ressources pour ce faire :
- Références technico-économiques en maraîchage diversifié : Budgets d'opération et investissements (CETAB+, 2021);
- Fiche synthèse - Culture maraîchère biologique diversifiée (CRAAQ, 2018);
- Guide technico-économique de démarrage de l’entreprise maraîchère commercialisant selon la formule de l’agriculture soutenue par la communauté : Résultats d’une enquête réalisée en 2008 auprès des entreprises (MAPAQ, 2013).
Par ailleurs, des exemples de possibilités sont décrites ci-après pour deux cas typiques : une ferme très peu ou pas mécanisée et une ferme mécanisée. À noter que les données remontent à 2008.
Cas 1 : Ferme très peu ou pas mécanisée
Avec une excellente gestion, il est possible, dans le cas de l’ASC, de produire manuellement jusqu’à 100 paniers environ. Chaque opération doit être réfléchie et bien calculée afin d’être le plus efficace possible, tant sur le plan de la main-d’œuvre que sur le plan des rendements. En effet, il faut désherber la plus petite superficie possible et donc avoir les plus grands rendements possible dans le moins d’espace possible. Un système manuel intensif peut permettre d’obtenir un revenu à l’hectare beaucoup plus élevé qu’un système mécanisé. Par contre, il oblige à garder l’entreprise assez petite et souvent à aller chercher un revenu complémentaire à l’extérieur de la ferme pendant l’hiver.
Il ne faut toutefois pas commencer avec plus de 50 paniers, car il s’agit d’un système pour lequel une mise au point très poussée doit être effectuée afin d’obtenir un bon niveau de performance.
Le tableau 1 présente les investissements nécessaires pour démarrer une entreprise d’une cinquantaine de paniers selon les propriétaires de la ferme Les Jardins de la Grelinette. Les coûts d’acquisition de la terre et des bâtiments ne sont pas inclus.
Tableau 1. Matériel et investissements requis pour démarrer une entreprise d’environ 50 paniers selon l’expérience de la ferme Les Jardins de la Grelinette
Éléments | Coût en 2008 ($)1 |
---|---|
Infrastructure | |
Serre commerciale de 120 ² (pour les transplants de 60 paniers et des tomates) | 3 500 |
Équipement de chauffage efficace (pour la serre) | 1 000 |
Chambre froide | 4 000 |
Local pour la préparation des paniers | Variable selon les infrastructures en place |
Système d’irrigation de base | 1 000 |
Clôture électrique | 500 |
Outils et équipements | |
Rotoculteur commercial | 3 500 |
Équipement de semis : multicellules, plateaux, arrosoirs, etc. | 400 |
Semoir | 300 |
Pulvérisateur | 125 |
Équipement de désherbage | 250 |
Râteaux, pelles, bêches, brouette | 400 |
Agrotextile et arceaux | 500 |
Paniers de récolte, balance | 300 |
Remorque (avec véhicule de tous les jours) | 2 000 |
Total | 17 775 |
Notes
- Coûts approximatifs à actualiser auprès des fournisseurs.
Pour une production de 25 paniers, la ferme Le Vallon des Sources recommande les acquisitions indiquées au tableau 2.
Tableau 2. Infrastructure et équipement recommandés par la ferme Le Vallon des Sources
Infrastructure | Outils et équipement |
---|---|
Serre chauffée de 15 à 20 ² | Rotoculteur commercial |
Tunnel de 30 à 40 ² | Système d’irrigation de base |
Chambre froide | Équipement de semis : multicellules, plateaux, arrosoirs, etc. |
Local pour la préparation des paniers (0,5 à 1 ²/panier) | Équipement de désherbage |
Bac de lavage | Semoir |
Pulvérisateur | |
Râteaux, pelles, bêches, brouette | |
Agrotextile et arceaux | |
Paniers de récolte, balance | |
Véhicule pour la livraison des légumes |
Cas 2 : Ferme mécanisée
Dans la plupart des cas, pour produire de 50 à 100 paniers, on peut commencer à mécaniser l’entreprise. Ce sont principalement les coûts de main-d’œuvre qui amènent une entreprise à passer à un système mécanisé. Un·e employé·e qui travaille 6 mois par année au taux de 12 $ l’heure sur une ferme coûte environ 11 000 $. Il faut comparer un tel coût avec celui de la machinerie. Il faut toutefois être capable de bien acheter et avoir un minimum de compétences en mécanique. Un autre facteur qui amène à la mécanisation est la qualité de vie. Épandre manuellement de 50 à 100 tonnes de compost est ardu, surtout quand on n’est plus très jeune !
« Il faut mécaniser rapidement et c’est ce que nous aurions dû faire. Dès qu’on gère du compost, il faut un tracteur, un chargeur et un épandeur. La gestion du compost à la main est trop difficile. Nous avons aussi transplanté longtemps à la main. Notre qualité de vie s’est nettement améliorée lorsque nous avons acheté un transplanteur. Les outils usagés ne sont pas très chers, mais il faut savoir bien acheter. »
Les outils de base nécessaires à la mécanisation sont présentés au tableau 3.
Tableau 3. Équipement de base nécessaire à la mécanisation
Équipement à acquérir dans un premier temps | Équipement à acquérir par la suite |
---|---|
Tracteur, 50 HP environ | Semoirs Planet Junior ou semoirs de précision |
Outils de travail du sol :
|
Transplanteur |
Outils de désherbage (en plus des outils manuels) :
|
Pulvérisateur porté par le tracteur |
Épandeur, chargeur sur le tracteur | Petit tracteur |
Remorques | |
Citerne d’eau pour arrosage immédiatement après transplantation |
Le tableau 4 présente les acquisitions qui étaient prévues par la ferme Le Vallon des Sources avec l’objectif d’atteindre une production d’environ 300 paniers.
Tableau 4. Plan d’acquisition des infrastructures et du matériel par la ferme Le Vallon des Sources
Coût de l'investissement ($) | |||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|
2001 | 2002 | 2003 | 2004 | 2005 | 2006 | 2007 | |
Infrastructures | |||||||
Fond de terre (105 acres) | Achat | ||||||
Bâtiments | Achat | ||||||
Résidence | Achat | ||||||
Grange (76 x 22 pi) | Achat | ||||||
Remise (45 x 22 pi) | Achat | ||||||
Salle de conditionnement | 4 000 | ||||||
Chambre froide | 6 000 | ||||||
Serres | 6 000 | 2 000 | 6 000 | ||||
Atelier | 20 000 | ||||||
Machinerie | |||||||
Tracteur avec chargeur (50 HP) | 9 500 | ||||||
Tracteur 4 x 4 avec chargeur | 7 000 | 8 500 | |||||
Tracteur de maraîchage | 2 800 | ||||||
Sarcleur | 1 000 | 300 | 200 | ||||
Rotoculteur (6 pi) | 2 500 | ||||||
Épandeur à fumier | 500 | ||||||
Charrue | 300 | 300 | |||||
Vibroculteur (10 pi) | 800 | ||||||
Semoir à céréale | 100 | ||||||
Semoir Planet Junior 3 unités | 1 200 | ||||||
Pulvérisateur | 600 | ||||||
Planteur 1 rang | 100 | ||||||
Planteur 2 rangs | 2 100 | ||||||
Arracheuse de pommes de terre | 500 | ||||||
Remorque | 250 | ||||||
Herse à disque | 1 200 | ||||||
Semoir à maïs | 400 | ||||||
Treuil | 2 000 | ||||||
Autre machinerie | 1 200 | ||||||
Équipement | |||||||
Scie mécanique | 700 | ||||||
Débroussailleuse | 250 | ||||||
Tondeuse à gazon | 250 | ||||||
Rotoculteur 24 po | 400 | ||||||
Poste à souder, torches etc. | 1 000 | ||||||
Outils de jardinage | 500 | 500 | |||||
Irrigation goutte-à-goutte | 2 200 | ||||||
Irrigation aspersion | 4 700 | 2 000 | 5 000 | 3 000 | |||
Clôture électrique | 300 | ||||||
Autres équipements | 500 | 2 000 | |||||
Camion de livraison | 3 850 | 4 500 | 13 000 | ||||
Étangs d'irrigation, drainage, défrichage | 1 300 | 1 000 | 8 000 | 2 000 | 2 000 | ||
Animaux | 950 | ||||||
Investissement pour l'année | 30 200 | 24 350 | 14 100 | 21 000 | 32 600 | 25 000 |
Intrants nécessaires
Les intrants nécessaires incluent tout ce qui n’est pas équipement ou infrastructure durables :
- intrants de fertilisation : composts, fumiers, engrais minéraux, oligo-éléments, chaux, engrais organiques (farine de plumes, fumier en granules), etc.
- intrants de culture : semences, terreaux, produits de protection des cultures, attaches, paillis plastique, irrigation goutte-à-goutte.
- carburants : essence, diesel, huiles, huile de chauffage pour serre, etc.
Les quantités d’intrants requises sont évidemment variables selon les entreprises. Le tableau 5 donne une idée de ce qu’il faut prévoir pour 50 paniers.
Tableau 5. Intrants à prévoir pour la production de 50 paniers
Intrants | Quantité | Coût approximatif ($) |
---|---|---|
Fumier | 60 tonnes | 700 |
Fumier de volaille granulé | 500 kg | 175 |
SulPoMag | 300 kg | 300 |
Chaux | 500 kg | 20 |
Terreau bio | 800 litres (vrac) | 200 |
Semences | Légumes + engrais vert | 800 |
Paillis biodégradables1 | 1 rouleau (pour 5 ans) | 185 |
Bâche de protection | 1 rouleau | 260 |
Tuyaux goutte-à-goutte | 1 rouleau (pour 5 ans) | 200 |
Produits phytosanitaires | Entrust, Bt, Cuivre | 320 |
Diesel (pour 1 tracteur) | 300 litres | 240 |
Essence (pour rotoculteur et pompe) | 50 litres | 50 |
Huile à chauffage (pour serre) | 500 litres | 400 |
Broches pour mini-tunnels et autres | 2 paquets (pour 5 ans) | 175 |
Emballages divers | 200 | |
Total | 4 225 |
Notes
- S’assurer de leur conformité avec les normes de certification biologique.