Guide 05-02-01
Guide 05-02-01
Paillis de plastique
Les paillis de plastique en polyéthylène foncé permettent de contrôler les mauvaises herbes, de limiter l’évaporation de l’eau du sol et, souvent, d’augmenter la précocité et le rendement des cultures. Ils sont utiles pour les solanacées et les cucurbitacées qui ont besoin de chaleur. Il est toutefois nécessaire, dans la grande majorité des cas, d’avoir un système d’irrigation goutte à goutte sous le paillis. Certains producteurs utilisent aussi un paillis de plastique pour d’autres légumes.
Ces paillis de plastique comportent toutefois plusieurs désavantages. Ils sont difficiles à enlever, leur recyclage pose problème et leur production nécessite une dépense d’énergie importante. Il est parfois possible d’utiliser ces paillis une deuxième année lorsque la production est faite à petite échelle.
« Nous utilisons surtout un paillis de plastique noir avec l'irrigation goutte à goutte, principalement pour la laitue parce que, justement, il réchauffe moins le sol. C'est ainsi que nous avons résolu les problèmes occasionnels de carence en calcium, puisque la combinaison paillis de plastique et irrigation goutte à goutte assure un taux d'humidité plus uniforme. De plus, la laitue est très propre, ce qui est apprécié des partenaires.
Le même paillis est utilisé deux années de suite. La deuxième année, on le perce de nouveau pour effectuer un semis de gourganes de primeur. C'est une autre plante de climat frais. Cela nous permet de semer au début de mai, alors que nos sols ne peuvent être travaillés mécaniquement qu'à partir du 15 mai. On enlève le vieux plastique au début de juin, lorsque les plants de gourganes sont encore petits. »
Jean-François Robert, Les Jardins de St-Félicien
Couleurs de paillis
Les paillis de plastique réchauffent le sol de façon très différente selon leur couleur et le traitement qu’ils ont subi.
Le paillis de plastique transparent est celui qui réchauffe le plus le sol, car il agit à la façon d’une serre. Il est toutefois peu utilisé en agriculture biologique. Il est populaire en agriculture conventionnelle, parce que les mauvaises herbes sont plus faciles à réprimer grâce aux herbicides.
Viennent ensuite les paillis de plastique bruns ou verts photosélectifs (non opaques). Ils sont traités pour laisser passer le rayonnement solaire dans le sol. Ce sont les paillis à utiliser pour les primeurs et les plantes qui préfèrent un sol chaud comme les melons, car ils permettent un bon réchauffement du sol.
Le paillis de plastique noir arrive en dernier en ce qui concerne le réchauffement du sol. Le réchauffement se fait uniquement par conduction thermique résultant du contact du plastique avec le sol. Il n’y a donc aucun réchauffement en l’absence de soleil. Le plastique noir peut par ailleurs brûler les nouveaux transplants ou leurs tiges s’il est en contact avec ceux-ci. Il n’est pas recommandé de l’utiliser pour les mini-tunnels, car il réchauffe trop l’air; il vaut mieux utiliser des paillis de plastique bruns ou verts dans ce cas.
Les paillis de plastique verts ou bruns non photosélectifs (opaques) sont équivalents au paillis de plastique noir en termes de réchauffement du sol, mais sont préférables en période de canicule, car ils deviennent moins chauds. Certains producteurs utilisent un paillis de plastique argenté, qui est sensé repousser les pucerons. Il existe aussi d’autres couleurs moins communes (Couture, 2003).
« Nous utilisons un paillis de plastique brun photosélectif pour le poivron, le melon et le zucchini. Cela fait une grosse différence : les légumes poussent beaucoup plus vite, car le sol est plus chaud qu’avec un plastique noir ou un sol à nu. »
Monique Laroche, Le Vallon des Sources
Paillis de cellulose biodégradable
Depuis quelques années, on trouve sur le marché des paillis biodégradables fabriqués à partir d’amidon de maïs (exemple : Biotelo). Ces paillis sont autorisés en production biologique pour autant qu’ils ne soient pas issus de maïs OGM. La vitesse de décomposition dépendent de l’épaisseur du paillis. Cette dernière varie de 12 µm (0,5 mil) à 20 µm (0,8 mil). Une épaisseur de 12 µm est recommandée pour les cultures ayant un cycle court (exemple : laitue) ou qui recouvrent bien le paillis (exemples : courgettes, concombres), 20 µm pour les cultures qui ne le recouvrent que partiellement (exemples : tomates, piments). La vitesse de décomposition peut aussi varier d’une ferme à l’autre et selon les précipitations. Ils sont moins résistants aux déchirures et sont plus chers que les paillis de plastique en polyéthylène. Leur pose est par ailleurs plus délicate. Ils permettent par contre une grande économie de temps à l’automne, car il n’est pas nécessaire de les enlever. Ils sont aussi bien moins polluants que le polyéthylène, et il n’y a pas de coût relié à leur élimination. La résistance au déchirement et Avec ce type de paillis, le fumier ou le compost doivent être incorporés au sol plutôt que laissés en surface, cela afin d’éviter une dégradation trop rapide du paillis. On doit aussi faire attention aux mottes dures à la surface du sol qui peuvent déchirer le paillis lorsqu’il est mis sous tension durant la pose.
« Nous n’utilisons le paillis biodégradable que pour les courges. Pour les melons, sa vitesse de décomposition pose un problème : les melons viennent en contact avec le sol avant leur récolte et se font attaquer par les vers, les mille-pattes et les vers fils de fer venant du sol. Ce type de paillis se dégrade aussi trop vite pour les cultures qui restent tard au champ telles les solanacées. Toutefois, nous avons seulement essayé le plastique de 12 microns. De plus, cela laisse trop de résidus à mon goût. Je n'aime pas avoir les petites miettes de plastique qui partent au vent. »
Frédéric Duhamel, Les Jardins de Tessa
« Le paillis biodégradable se décompose bien, mais il est fragile à la pose. On l'utilise seulement pour les courges et les melons à cause de sa vitesse de décomposition. Dans les cultures qui sont en place plus longtemps (exemples : tomates, poivrons, aubergines), on ne se risque pas à l’utiliser et on emploie plutôt un paillis en plastique standard. »
Johanne Lebeuf, La Terre Ferme
Pose des paillis
Poser un paillis de plastique manuellement est ardu. Il vaut mieux louer une dérouleuse à cet effet, même pour de petites superficies (Figure 1), chez un fournisseur de paillis de plastique ou un agriculteur qui en possède un. Le sol doit être bien préparé et meuble lors de la pose du paillis. Celui-ci doit être bien tendu et bien enterré de chaque coté pour ne pas être arraché par le vent (Figure 2). Le paillis doit être en contact avec le sol sur toute la surface de la planche pour assurer une bonne transmission de la chaleur.
Figure 1. Dérouleuse de plastique
Fichier:Media/image2.jpeg | Fichier:Media/image3.jpeg |
Figure 2. Paillis de plastique vert posé et bien tendu sur une butte
Paillis végétaux
L’utilisation de paillis faits avec des matériaux organiques (paille, bois raméal,fragmenté etc.) est difficilement envisageable sur de grandes superficies horticoles, surtout en raison des volumes et de la main-d’œuvre requis. Cette méthode est toutefois utilisée en culture de petits fruits (exemples : la paille pour les fraises et le bran de scie pour les bleuets) et dans des cas particuliers. En Europe, il existe des matériaux de paillage en granules à base de cellulose, et même des formules liquides qui sont autorisés en agriculture biologique, mais ces matières ne sont pas encore disponibles au Canada.
Les paillis végétaux, comme leur équivalent en plastique, permettent de conserver l’humidité du sol et de freiner la croissance des mauvaises herbes. Quand il s’agit de matériaux clairs comme de la paille, ils réfléchissent la lumière et peuvent augmenter la photosynthèse. Leur utilisation comporte toutefois plusieurs désavantages :
- en restant humides, ils peuvent favoriser l’apparition de limaces, surtout en sol lourd;
- une épaisseur d’au moins 10 cm est requise pour éviter que les mauvaises herbes ne passent au travers; le paillis ne permettant pas le sarclage, la lutte contre les mauvaises herbes deviendrait difficile;
- ils peuvent immobiliser l’azote, d’où l’importance de ne pas les incorporer au sol, sauf en fin de saison;
- ils gardent le sol plus frais, ce qui peut ralentir la croissance des légumes qui aiment la chaleur;
- ils agissent comme un isolant, empêchant la chaleur du sol de réchauffer l’air juste au-dessus, ce qui augmente les risques de gel au printemps et à l’automne.
Certains producteurs mettent de la paille entre les buttes qui, elles, sont recouvertes d’un paillis de plastique. Il doit y avoir au moins 10 cm de paille pour lutter efficacement contre les mauvaises herbes (Figure 3).
Figure 3. Buttes et entre-rang recouverts respectivement d’un paillis de plastique et Fichier:Media/image4.jpeg
d’un paillis de paille de 15 cm d’épaisseur
« Comme matériau de paillage, nous récoltons du foin avant la formation de graines, vers le début de juin avec une fourragère. Peu de temps après la transplantation, nous appliquons ce paillis manuellement dans les fines herbes, les courges, les tomates et entre les rangs de paillis de plastique. Cela permet de diminuer la pression exercée par les mauvaises herbes et de garder les fines herbes et les courges propres. Nous avons aussi noté qu’en utilisant un tel paillis, nous n’avons pas de rouille dans le persil, ce qui était toujours le cas lorsque nous ne mettions pas de paillis. »
Michel Massuard, Le Vallon des Sources
Figure 4. Paillis de foin dans les fines herbes à la ferme Le Vallon des Sources