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Oeuvre originale : Weill, A. et J. Duval. (2009). Guide de gestion globale de la ferme maraîchère biologique et diversifiée. Équiterre.
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Poivrons de serre
La culture du poivron en serre n'est pas la plus simple à réussir. Sa croissance est lente, les récoltes vont souvent par vagues et le risque d'une épidémie de puceron est important. Il peut donc être difficile de transposer l'expérience de la production de la tomate ou du concombre de serre vers la culture des poivrons.
La plupart des consommateurs connaissent les gros poivrons carrés. Les rouges, les jaunes et les orangés sont également très populaires. Mais selon le type de mise en marché, les poivrons italiens (corne de taureau), comme par exemple le cultivar Carmen, trouveront preneurs.
Calendrier de production et travail quotidien
Il faut compter un délai de 5 mois et demi entre le semis et la récolte du poivron. Pour une mise en marché prévue le 1er juin, le semis devra être réalisé à la mi-janvier, ce qui peut occasionner des coûts importants de chauffage si la production est importante et nécessite beaucoup de plants.
La levée devrait prendre 3 à 4 jours si une température de 25-26 °C est maintenue. Pendant les deux prochaines semaines après les semis, prévoir une température 24 h de 23 °C. Une fois les premières vraies feuilles apparues, il sera temps de repiquer les plants dans des pots de 10 cm (4 po). Suite au repiquage, on vise une température de jour de 21-23 °C et de nuit à 20 °C. Après le repiquage, l'espacement final sur les tables devrait être d'environ 18 plants/m2. Un bon stade pour transplanter les poivrons est lorsque la première fleur émerge (environ 2 mois après les semis).
Pour bâtir de beaux plants vigoureux qui donneront des fruits d'un calibre intéressant, il faut tailler les premières fleurs. Le poivron à une croissance dichotomique, c'est à dire que la tête (le point de croissance) se divise en 2 fourches égales. Cette fourche apparaîtra autour du stade 6 à 8 feuilles et on y retrouvera une fleur. Pour les poivrons en serre, il est donc souhaitable de tailler la 1ère fleur. Ensuite, on taillera les fleurs de chaque côté des 2 têtes conservées, jusqu'au 2e ou 3e nœuds après la première fourche. Ce qui signifie qu'il faut tailler les 5 premières fleurs, de part et d'autre du plant.
Pour la conduite de la culture, l'une des clé de la réussite est de conserver un maximum de feuilles sur le plant. Aux 14 jours, il faudra tailler la tête des ramifications non désirées, en conservant les feuilles en dessous (plutôt que de venir couper la ramification jusqu'à la tige, comme pour la tomate). Cette opération est longue et demande beaucoup de minutie.
Si les plants sont tuteurés, il est possible d'enrouler les cordes autour des tiges aux deux semaines. Puisque les plants sont plus ligneux que le concombre ou la tomate, son port est plus facilement maintenu. Une autre technique consiste à faire des haies avec les plants et donc à passer une ficelle à l'horizontal en la fixant à des poteaux d'acier plantés aux 2 mètres. Une nouvelle ficelle devrait être installée aux 14 jours, à environ 30cm de distance de la précédente.
Densité de plantation
À partir d'un plant de poivron, il est possible de conduire la culture sur plusieurs tiges. Le nombre de tiges devrait tenir compte du système de palissage ou de tuteurage. En serre haute, lorsque les plants sont attachés sur des cordes, il est plus simple de bâtir 2 tiges par plant. Mais lorsque la conduite est faite en haie, ce nombre peut être plus élevé. Néanmoins, pour un calcul de base, on peut utiliser une densité de 3 à 3,5 plants/m2. Avec 2 tiges, on obtiendra une densité de 6 à 7 tiges/m2 .
Récolte et conservation
Lorsque la charge en fruit est trop forte, le plant avortera des fleurs, raison pour laquelle cette culture produit par vague. Pour stabiliser un peu la culture, il est souhaitable d'enlever quelques fleurs et de retirer les fruits mal formés ou ayant des symptômes de pourriture apicale.
Pour la récolte des fruits de couleur, on doit viser au moins 80% de la coloration complète. Il s'agit d'un fruit climactérique, comme la tomate, qui dégage de l'éthylène et qui continuera de mûrir suite à sa récolte. Pour les poivrons verts, le stade de maturité est lorsque le calibre est atteint et avant que la couleur n'est commencée à se développer.
On doit couper le pédoncule à l'aide d'un outils bien tranchant. Cette coupe doit être fait aussi proche que possible de la tige pour permettre une bonne cicatrisation et éviter l'entrée de maladies. Au conditionnement, les fruits sont classés pas calibre et par la couler. La température de conservation est d'environ 7 à 8 °C.
Autres considérations
Pour en apprendre plus sur la culture du poivron en serre, 2 bons guides québécois sont disponibles sur le site du CRAAQ : Guimond et coll., 2019 ainsi que Turcotte, 2008).
Laitues de serre
Au Québec, après la tomate et le concombre, la laitue vient au 3e rang des principales production en serre. Ce sont surtout des cultures produites en hydroponie, mais il est tout de même possible de faire de la laitue en contenants ou en plein sol, en respectant les normes de l'agriculture biologique. Il s'agit d'un légume très apprécié de la clientèle, surtout pendant la belle saison. Il est possible de cultiver différentes variétés de laitue en serre : frisée, romaine, Boston, mesclun, etc. Le choix doit se faire en fonction de la mise en marché établie. À cet effet, la vente de mesclun en cultivant les variétés Salanova est très populaire.
Calendrier de production et travail quotidien
Il peut prendre de 6 à 12 semaines entre le semis et la récolte pour produire une laitue. Cette grande variation dépend du cultivar choisi, de la luminosité, du climat et du stade de récolte souhaité. Il est donc possible de faire différents cycles de production au courant de la saison.
On peut semer la laitue en multicellule 128 ou 72. La levée sera bonne entre 18 et 20 °C avec 80 % d'humidité relative. Si on utilise des multicellules 128, il faudra transplanter la laitue après 2 semaines, au stade 3 à 4 feuilles. Avec des 72, on peut attendre après 3 semaines, ce qui correspond au stade 4 à 5 feuilles. L'astuce reste de les transplanter lorsque les feuilles se touchent dans les caissettes.
En plein sol, l'utilisation de couvre-sol de pépinière (paillis de plastique tissé) est une bonne option pour éviter le désherbage et garder les feuilles aussi propres que possible. Il est possible de percer des trous en visant une densité variant de 20 plants/m2 (préférable pour les Bostons) et de 30 plants/m2 pour les laitues frisées ou le mesclun (Boudache, M., 2020). Les densités trop fortes pour la laitue Boston risquent de causer des problèmes d'oïdium (blanc). Les Bostons et les romaines sont également sensibles à la brûlure de la marge, causée par une carence en calcium. Pendant la production, il est souhaitable de viser une température de jour entre 18 à 19 °C par temps gris et de 20 à 22 °C par beau temps. Les nuits peuvent être entre 14 et 18 °C.
Récolte et conservation
On doit récolter la laitue lorsqu'elle atteint le stade désirée. Le standard pour les laitues individuelles est d'environ 250g. Pour le mesclun, il y a la possibilité de faire des récoltes multiples à environ 2 semaines d'intervalles. Comme la plupart des légumes il es préférable de la récolter le matin. Pour le mesclun, la plupart des fermes optent pour un pré-lavage suivi d'un essorage. Suite à la récolte, la laitue risque de se détériorer rapidement si elle n'est pas entreposée entre 2 et 4 °C avec une humidité relative élevée entre 80 et 90 %.
Aubergines de serre
L'aubergine est probablement la mal aimée des légumes de serre, surtout des enfants. Contrairement aux tomates, concombres et poivrons, elle nécessite une cuisson, ce qui l'empêche d'être utilisé comme légume frais et encore mois sous format collation. Cette réalité fait en sorte que sa mise en marché est variable d'une région à l'autre. Il est aussi possible de cultiver des cultivars de différentes formes (oblongue, ronde, etc.) et couleurs (blanche, noire, striée, etc.). Mais pour un marché moins captif, la mauve en forme de poire, sa forme classique, facilitera sa vente.Peu de références existent pour estimer son rendement, mais selon Couture (2021), on peut espérer récolter 60% du rendement de la tomate. Les aubergines attirent beaucoup d’insectes et d’acariens nuisibles. Les plants doivent être inspectés régulièrement. Il est aussi possible de s'en servir comme plante trappe.
L'aubergine est sans doute la culture qui réagit le plus aux effets du greffage. Ainsi, il est impressionnant de voir la différence de croissance entre un plant greffé et un plant non-greffé. Un plant greffé est beaucoup plus vigoureux et les rendements peuvent être améliorés d'au moins 25-30%. En contrepartie, le greffage de l'aubergine est un peu plus difficile que celui de la tomate. Pour recevoir les greffons d'aubergine, on utilise un porte-greffe de tomate. Pour l'aubergine italienne, il faut semer le greffon au moins 4 jours avant le porte-greffe alors que pour l'aubergine asiatique, cela peut aller jusqu'à 8 jours. Dans tous les cas, il faut faire vos propres essais de greffage avant le jour J car, vos conditions de propagation peuvent influer sur le calendrier.
Calendrier de production, Climat et travail quotidien
Tout comme la tomate, il faut environ 4 mois entre le semis et la première récolte d'aubergine. Ainsi, pour espérer une mise en marché le 1er juin, les semis devront être effectués le 1er février.
Les températures de germination optimales sont de 25 à 27 °C et la levée prend environ une semaine. Le repiquage, en pot de 10 cm (4 po) devrait avoir lieu 14 jours après les semis. À ce stade, une température de 20 à 23 °C le jour et de 19 à 21 °C la nuit aidera à maintenir un bon début de croissance (OMAFRA, 2010). Tout comme la tomate, on vise à produire des plants trapus, aussi large que haut, il faut donc espacer les plants sur les tables à raison de 15 plants/m² afin d'éviter l'étiolement.
La transplantation dans la serre aura lieu 2 mois après les semis. À ce moment, les plants auront environ 25 à 30 cm de hauteur. La densité de plantation sera de 2,7 plants/m². Par la suite, la culture sera conduite sur 2 ou 3 têtes, ce qui donnera une densité finale de 5,4 à 8,1 têtes/m² . Si les plants sont tuteurés en "V", dont une tête est attaché à gauche et l'autre à droite, une conduite sur 2 têtes et plus simple à mettre en place. Suite à la transplantation, les consignes climatiques seront de 24 °C jour et nuit, pendant une bonne semaine ou deux, afin de laisser le temps aux plants de bâtir une bonne vigueur. À ce stade, on peut tailler la première fleur afin de favoriser le développement végétatif du plant.
Pendant la période de production, la température diurne devrait être de 22-24 °C et de 19-20 °C pendant la nuit. L'aubergine peut très bien être implantée dans une section principalement cultivé en tomates. Il arrive aussi qu'elle soit dans une serre de concombre où un système de brumisation est installé, ce qui permettra de réduire la pression de tétranyque. Dans les deux cas, le climat doit convenir au besoin de la culture qui est la plus importante sur le plan économique de l'entreprise.
L'aubergine peut être tuteuré en enroulant les plants autour de la corde, sans utiliser de "clips", car son port est plus rigide que la tomate. L'astuce est de toujours enrouler les plants dans le sens des aiguilles d'une montre afin d'éviter les erreurs et de devoir s'adapter d'un plant à l'autre, ou d'un employé `l'autre. Les vieilles feuilles jaunes et malades à la base des plants doivent être enlevées. Cette opération peut être réalisée aux 14 jours. Pour bâtir des fruits de bon calibre, il faut observer la sortie des fleurs. Si la fleur est grosse et simple, on l'a conserve, mais si elle est double ou petite, on la taille. On peut conserver les fleurs qui émergent sur l'axe principal, mais pour l'aubergine, on doit aussi bâtir une charge en fruit sur les ramifications (les gourmands). En serre spécialisée, on gardera jusqu'à deux fleurs/gourmand, et on viendra ensuite tailler le point de croissance après la fleur, tout en gardant un maximum de feuille. Si l'aubergine n'est pas notre principale culture, on peut maintenir un seul fruit/gourmand, ce sera plus simple à gérer. Quatre à cinq semaines avant la fin de la récolte, on devrait étêter les plants afin de laisser le temps au derniers fruits de grossir, tout en ralentissant la charge de travail.
L'irrigation et la fertilisation de cette culture peuvent être également basées sur la tomate de serre. Pour la phytoprotection, le dépistage et une méthode de lutte préventive sont de mise afin d'éviter les épidémies de maladies et d'insectes.
Récolte et conservation
L'aubergine est prête à être récoltée lorsque le fruit atteint le calibre souhaité. Depuis quelques années, les petits calibres sont plus facile à vendre que les gros. À ce stade, l'aubergine aura un aspect lustré, ce qui est attrayant pour la clientèle. À maturité, les fruits deviendront mats et ne grossiront plus. Il faut donc les cueillir pour ne pas nuire à l'équilibre des plants. On peut récolter 2 à 3 fois par semaine, idéalement le matin. On doit couper le pédoncule aussi proche de la tige que possible, afin de réduire les risques de maladies. Une fois la récolte complétée, il faut transporter les fruits à la salle de conditionnement et éviter de les laisser au soleil. Les fruits se conserveront bien à des températures entre 12 et 15 °C. À moins d'une infestation de pucerons ou d'aleurodes, il n'est pas nécessaire de laver les fruits.