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<p class="lead"> Un des principes de base de l’agriculture biologique est de « nourrir le sol pour nourrir la plante ». C’est certainement un principe que l’on ne peut pas oublier : il est primordial que le sol soit en bon état pour que les racines des plantes se développent et explorent un volume maximal de sol. Pour cela, il faut que le sol soit bien structuré, donc bien drainé, bien chaulé, riche en matière organique et en activité biologique.</p>
 
Il est connu qu’un sol en bon état fournit, par l’entremise de la minéralisation de la matière organique, plus de la moitié de l’azote nécessaire aux plantes et la majeure partie du phosphore, même en culture conventionnelle (Tran, 1996). Dans des cultures irriguées, avec des conditions idéales de température, un taux de matière organique élevé et une bonne activité microbiologique des sols, la minéralisation peut parfois combler les besoins en azote de la culture. Toutefois, ces conditions idéales se rencontrent rarement, particulièrement dans un climat nordique comme le nôtre où la saison est courte et le démarrage de l’activité biologique souvent ralenti par le froid. Il demeure alors nécessaire d’apporter du fumier, du compost ou d’autres sources d’éléments nutritifs pour atteindre un rendement optimal. On doit donc aussi nourrir la plante, pas seulement le sol. Les sections qui suivent portent sur cet aspect de la fertilisation, soit nourrir la plante.
 
Pour fertiliser en connaissance de cause, il faut analyser les sols et connaître les besoins des légumes. Les données disponibles sur les besoins des légumes au Québec proviennent du Guide de référence en fertilisation, 2ème édition actualisée (CRAAQ, 2013) ainsi que de données plus récentes provenant d’essais réalisés par Landry et al. (2021, 2022). Le guide ainsi que les données plus récentes sont conçus pour la production conventionnelle, mais ils sont aussi valables pour la production biologique. Dans un système biologique, deux différences doivent être prises en compte lors de l’évaluation de la fertilisation à apporter aux plantes :
 
* l’azote se libère progressivement avec une fumure organique. Dans un tel système, il y a donc moins de perte par lessivage durant la saison de croissance;
* la fertilisation de base étant sous forme organique, les fumures précédentes exercent un arrière-effet (effet fertilisant pendant plus d’une année suivant l’application). Cet arrière-effet est très difficile  à chiffrer car il dépend de la texture et de l’état des sols ainsi que des pratiques culturales. Les calculs proposés sont théoriques. On peut toutefois supposer qu’il fournit de 10 à 40 kg/ha d’azote aux plantes, parfois plus.
 
Il n’est donc pas toujours nécessaire de combler tous les besoins en azote, en phosphore et en potassium indiqués dans les tableaux qui suivent. De plus, les systèmes culturaux qui intègrent des engrais verts dans la rotation devraient prendre en compte les nutriments mis en disponibilité par l’engrais vert et ajuster les apports en fertilisants en conséquence. Une méthode de calcul pour l’azote est expliquée dans le guide des cultures de couvertures (Vanasse et al. 2022). Il n’y a toutefois pas de données permettant d’évaluer les apports en phosphore et potassium disponible des engrais verts.
 
Ce sont donc l’expérience, la connaissance du sol et des amendements utilisés ainsi que l’observation des plantes qui permettent de raffiner et d’ajuster la fertilisation. Par exemple, même si les quantités d’azote apportées par le fumier ou le compost sont suffisantes selon les grilles, les plantes peuvent être carencées en azote si le sol est très compacté, car l’activité biologique est réduite et l’azote ne se minéralise pas.
 
Les grilles de référence en fertilisation présentées dans le Guide de référence en fertilisation, 2e édition actualisée  (CRAAQ, 2013) ainsi que les nouvelles grilles établies pour plusieurs légumes (Landry 2021, 2022) constituent un point de départ pour déterminer les apports. Par ailleurs, pour pouvoir utiliser ces grilles, il faut avoir en main les analyses de sol.
 
La lecture de ce chapitre est à compléter avec celle du document intitulé La fertilisation organique des cultures (Petit et Jobin, 2005). Pour mieux comprendre tous les concepts de base sur les sols, on peut se référer au document intitulé Les bases de la production végétale : le sol (Soltner, 2003).
 
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Dernière version du 2022-11-22 à 18:13:22

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