Notions de base : amendements, fertilisants et formes d’azote, de phosphore et de potassium
Le contenu qui suit est issu de :
Oeuvre originale : Weill, A. et Duval, J. (2009). Guide de gestion globale de la ferme maraîchère biologique et diversifiée. Équiterre.
Révision : Weill, A., Legault, G., Bergeron, E., Méthé, A., La France, D., St-Arnaud, R., Roy, J., Khanna, R. et Gagné, G. (2022).
Pour contribuer, vous pouvez commenter (en bas de page) ou démarrer une discussion sur le sujet (bouton « … » en haut à droite). Pour modifier le contenu, veuillez contacter les auteur·rices ou écrire à l’équipe du WM. Pour suivre l'évolution de cette page, sélectionnez l'option à cet effet dans le menu "...".
L’effet des fumiers, lisiers et composts sur les sols et les cultures dépend non seulement de leur composition, mais aussi de la forme des éléments fertilisants qu’ils contiennent.
Amendement ou fertilisant?
Un amendement organique est un matériel organique (fumier, compost animal ou végétal, résidu végétal) qui améliore les propriétés physiques, biologiques et chimiques du sol.
Les fumiers et les composts sont d’abord des amendements de sol; ils améliorent la structure, augmentent l’activité biologique et contribuent à maintenir l’humus du sol. Ils jouent aussi un rôle de fertilisant en apportant des nutriments comme l’azote, le phosphore et le potassium.
Un fertilisant apporte des nutriments au sol sans nécessairement en améliorer les propriétés. Les lisiers, des fumiers gérés sous forme liquide avec des quantités de litière plutôt faibles, apportent moins de carbone au sol que les fumiers et composts, et sont plutôt considérés comme des fertilisants.
Formes d’azote, phosphore et potassium
Les éléments fertilisants des fumiers, lisiers et composts peuvent être sous forme minérale ou organique. La forme prédominante dépend principalement du type d’élément, mais aussi des animaux dont ils proviennent et des méthodes utilisées à la ferme d’origine.
Azote (N) et rapport C/N
L’azote des fumiers, lisiers et composts est présent sous forme organique (intégré dans la structure des cellules) et sous forme minérale. La forme minérale est disponible assez rapidement pour les plantes, tandis que la fraction organique doit être d’abord minéralisée, même si on reconnaît aujourd’hui que les plantes peuvent assimiler certaines fractions de N organique. Il y a deux formes principales d’azote minéral absorbé par les cultures : la forme ammoniacale (NH4+) et la forme nitrate (NO3). Dans le sol, la forme ammoniacale, grâce à l’activité des bactéries nitrificatrices et de diverses archées, se transforme rapidement en nitrates, la forme préférentielle absorbée par les plantes. Ce processus demande de l’oxygène et, par conséquent, un sol bien aéré et non compacté. En l’absence d’air, les nitrates peuvent être transformés en composés volatils qui sont perdus dans l’atmosphère sous forme de diazote (N2), de monoxyde d’azote (NO) ou de protoxyde d’azote (N20), un GES ayant un pouvoir de réchauffement 300 fois plus élevé que le CO2. Ce processus est appelé dénitrification. La capacité d’un fumier ou d’un compost à nourrir les plantes est donc fortement liée à l’état du sol. Pour plus d'informations sur les différentes formes d’azote et les pertes environnementales qui y sont reliées, voir le document Azote : Optimiser la gestion pour limiter les pertes dans son système (Chambre d'agriculture Meurthe-et-Moselle, 2021).
Les fumiers et lisiers contiennent de l’azote minéral, principalement sous forme ammoniacale, et de l’azote organique, alors que les composts contiennent en grande majorité de l’azote organique. Si les fumiers et lisiers ne sont pas incorporés rapidement après leur épandage, une partie de la fraction ammoniacale se perd dans l’atmosphère par volatilisation de l’ammoniac gazeux (NH3).
La vitesse de minéralisation de l'azote organique des fumiers, lisiers et composts, c'est-à-dire la vitesse à laquelle l'azote sous forme organique devient disponible pour les plantes, varie selon leur composition et dépend notamment du rapport carbone/azote (C/N). Le rapport C/N est le rapport entre la quantité de carbone et la quantité d’azote contenues dans l’amendement. Cette donnée permet habituellement, mais pas toujours, d’estimer approximativement la rapidité de minéralisation de l’azote des fumiers, lisiers et composts. Un rapport C/N élevé, supérieur à 15, signifie qu'il y a peu d'azote rapidement disponible. Un rapport C/N très élevé peut causer des carences de N dans les cultures. Par exemple, la paille a un rapport C/N allant de 60 à 100, les lisiers varient de 3 à 12 selon l’espèce et le mode de gestion, et les fumiers ont un C/N allant de 7 à 15 sauf dans les cas d’élevage sur litière abondante ou d’utilisation de matières ligneuses comme dans certains élevages des chevaux. Comme la minéralisation de l’azote est effectuée par des microorganismes vivant dans des conditions de sol aéré et équilibré, il est très important d’assurer des conditions de pH, de structure et de drainage adéquates pour que le cycle de l’azote fonctionne bien.
Phosphore (P)
Le phosphore des fumiers, lisiers et composts est surtout présent sous forme organique. De 65 à 100 % du phosphore des fumiers devient disponible aux plantes durant la saison de croissance (CRAAQ, 2013). De nouveau l’activité biologique joue un rôle prédominant dans ce cycle et il faudra assurer des conditions de sol appropriées pour son bon fonctionnement sinon les pourcentages de disponibilités peuvent être fortement diminués.
Potassium (K)
Le potassium se retrouve sous forme minérale dans les fumiers, lisiers et composts, et il est disponible immédiatement pour les plantes. De 80 à 100 % du potassium devient disponible aux plantes durant la saison de croissance (CRAAQ, 2013).
Aucun mot clé.
